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Ko Ko Mo : “On fait du rock pour le côté libre et débridé”

Photo : Jean-Marie Jagu

Kokomo. Destination exotique par excellence pour les Beach Boys en 1989, nos Ko Ko Mo à nous viennent de Nantes et leur son s’apparente davantage à une déferlante rock’n’roll qu’à une ballade pop romantique. Formé par le chanteur/guitariste Warren Mutton et par le batteur Kevin (K20) Grosmolard, le duo prouve que la formule guitare/batterie est loin d’être épuisée et qu’elle a encore de beaux jours devant elle.

Si la meilleure façon de découvrir Ko Ko Mo est de les voir sur scène pour cerner l’énergie dévastatrice qui les dévore, leur premier album Technicolor Life produit par Al Groves (Arctic Monkeys, Oasis…) résonne comme un manifeste du rock qui en a encore dans le pantalon et qui emporte tout sur son passage. Sur les dix morceaux proposés, les Nantais impressionnent par la maîtrise de leurs instruments, la finesse de leurs arrangements et leur fougue authentique.

On les a rencontrés à l’occasion de leur passage au FGO-Barbara le 30 mai dernier.
 

Je vous ai découverts à l’occasion de votre reprise de “Personal Jesus” et de votre concert aux Solidays à l’été 2017. Depuis vous n’avez cessé de tourner. Comment ça se passe pour vous?

Kevin : On a des concerts toutes les semaines. Entre un et trois, en France comme à l’étranger. Ça tourne bien, on n’a pas à se plaindre là-dessus. On commence à avoir le rythme mais on est bien contents de se reposer quand on rentre !


 

Votre album est sorti il y a plus d’un an, quel bilan en faites-vous?

Kevin : C’est un disque auto-produit, on bosse avec LMP musique qui est notre tourneur et manageur. On le distribue physiquement et numériquement. On est actuellement rendus à 5000 CD’s et là on refait des vinyles qu’on vend en fin de concerts. On a de bons retours en tous cas.

Warren : L’objet plait bien.
 

Lorsqu’on lit des articles à votre sujet, on voit beaucoup de références aux années 70. On entend pourtant bien votre côté “musique actuelle” avec même quelques arrangements électroniques.

Kevin : C’est ce qui fait la particularité de notre projet. On ne s’est pas dits qu’on allait faire de la musique moderne ou directement inspirée des 70’s. Warren a un son. J’ai un son de batterie pas forcément rock et pourtant on fait du rock tous les deux. Le côté moderne je ne sais pas vraiment ce que c’est mais c’est ce qui fait qu’on ne fait pas que du rock 70’s, ni de la pop ni de l’électronique mais un mélange. On joue juste tous les deux et ça donne ce que l’on connait.
 

Cet esprit de liberté traverse souvent votre musique.

Warren : Le fait d’être deux facilite plein de choses. C’est pratique.

On a envie de se mettre en avant parce que c’est aussi une histoire de potes à la base.

On ramène nos influences chacun de notre coté et on aime ce qui est bon à prendre dans la bonne zic, tout simplement.

Kevin : On a une grosse part d’improvisation dans Ko Ko Mo. On a des morceaux figés parce qu’on joue parfois avec des machines, parfois non. C’est ce qui fait qu’on aime toujours jouer les mêmes morceaux depuis deux ans pour certains, parce qu’il y a toujours une part d’impro. Je ne vais pas forcément toujours commencer un morceau pareil, Warren ne fait pas toujours les mêmes solos.

On se fait des frayeurs tous les deux, c’est ce qui fait qu’on se marre et c’est ce que le public ressent. Chaque concert est unique pour nous comme pour le public. On se plante sans se planter, on s’amuse.

 

Est-ce que vous avez déjà pensé à la suite?

Kevin : On est sur la préparation du deuxième album qui va rester dans la lignée de ce que l’on fait. Avec un peu plus de maturité dans l’enregistrement et dans le live. On est en pré-prod en ce moment. On compose pendant nos jours offs, pendant les voyages. C’est Warren qui ramène les bonnes parties de zic, les compos et les paroles. On met tout ça dans ma tambouille d’ordinateur puis on remet ça dans le sien, on se complète vachement et c’est parfait. Il joue mieux de la guitare que moi donc c’est plus logique qu’il s’en occupe !
Pour le moment, on tourne un peu à l’étranger et beaucoup en France jusqu’à septembre. On arrête la tournée française de septembre à début janvier parce qu’on part en Asie à la rentrée. Ensuite on pourra se poser pour faire des résidences et bosser davantage ce deuxième album.
 

Vous soutenez un rock marqué par son origine contestataire. A l’heure actuelle, la contestation se retrouve davantage dans le rap. Comment vous sentez-vous par rapport à cela?

Warren : C’est ce qui est à la mode en ce moment oui. Ce n’est pas la première question qu’on s’est posée quand on a commencé à faire du rock. On fait du rock pour le côté libre et débridé, pour l’énergie surtout. La contestation il y en a peut être un peu sur un titre, “One Evening in Paris” par exemple qui parle des attentats et encore, c’est gentil.

On n’a pas forcément envie de bassiner les gens avec de la politique, on préfère qu’ils passent un bon moment et qu’ils se rappellent de nous, c’est déjà pas mal.

Kevin : C’est vrai que notre premier album c’est du rock mais du rock avec un gros cœur parce que ce sont des histoires d’amour entre guillemets. Qu’est ce que c’est aujourd’hui le rock? Ce n’est pas forcément un état d’esprit ni une manière de voir les choses, c’est un ressenti. On revendique des choses mais en musique et pas forcément par les paroles. On a envie de tout péter parce qu’on est énervés ou contents.
 

Il y a un autre état d’esprit sur vos concerts lorsque vous tournez à l’étranger?

Warren : Ils sont peut être plus rock et plus sensibles à l’énergie scénique. Comme tous les publics il y a des différences marrantes. En Chine ils ne font pas du head banging mais plutôt la queue leu-leu comme à la kermesse, c’est un autre état d’esprit mais ça fait toujours marrer. Au Japon ils peuvent être hyper réceptifs mais rester statiques, il faut savoir comment le prendre.

Kevin : Même nous, on ne joue pas de la même manière que l’on joue en France ou au Japon. Avec un esprit différent en tout cas. On a fait un concert en Inde qui nous a vachement marqués pour plusieurs raisons. Ça nous nourrit dans notre musique par rapport à ce que les gens aiment et aiment moins. C’est sur qu’à l’étranger on est différents. Déjà on est un peu déboussolés, on ne sait pas où on atterrit, on joue avec du matos qui n’est pas le nôtre. Je me souviens d’un moment assez fort sur “Hard Time”, le moment rare où tu as des frissons et presque envie de pleurer, entre la voix de Warren et le truc un peu tambour, un peu mélodique, pas glauque mais très sombre.
 

Votre meilleur souvenir de concert?

Warren : C’est très dur ça. On vit bien les concerts de manière générale.

Kevin : On sort rarement d’un concert où on se dit “putain c’était trop bien”. Ça nous arrive peut-être deux ou trois fois dans l’année, pourtant on fait pas mal de dates. Le concert en Inde effectivement ou notre premier concert en Chine à 15h devant 40 000 personnes où on n’a rien compris, si tu veux. Sur une scène immense, on s’est sentis tout petits. On a vécu de bons moments dans des cafés aussi.

Warren : Il y a des lieux associatifs aussi où tu passes des moments plutôt de dingue qui n’arrivent pas spécialement dans des gros festivals.
 

Technicolor Life de Ko Ko Mo est disponible via LMP Musique.
 

Ko Ko Mo en concert :
24/08 : Clanx (Suisse), Clanx Festival
25/08 : Nonette, Nonette Festival
01/09 : La Chapelle-Palluau, Festival Grat’Moila
07/09 : Royat, Art’Air Festival
08/09 : Couffé, Le plus grand des petits festivals
12/09 : Vic (Espagne), Carpa Petita
21/09 : Amsterdam (Pays-Bas), Paradiso