Dans ton label

Dans ton label #20 : Vietnam

À côté de majors qui occupent une large partie du terrain, les labels indépendants se démènent pour faire vivre des projets à taille humaine, bien souvent à contre-sens de tout objectif commercial et lucratif. À la tête de ces projets, on retrouve des guerriers multi-fonctions aux méthodes et profils divers et variés. Aujourd’hui, on part à la rencontre du label Vietnam fondé par Stéphane Régy, aujourd’hui directeur du magazine Society et Franck Annese, saint patron de “l’empire autonome SO”. Et pour un empire, quel empire : formé à l’origine par un groupe d’amis étudiants, de Sofa est né SoPress qui chapeaute désormais de nombreuses parutions; Society donc, mais aussi SoGood, SoFilm, SoFoot ou encore Tsugi. Mais alors, que diable vient faire un label ici?

Et bien, si le catalogue de Vietnam s’incline volontiers en faveur de la pop dans ses déclinaisons les plus diverses, le label s’attelle à mettre en avant des projets folk, alternatifs, répondant surtout à un idéal artisanal, souvent décalé, parfois funambulesque comme H-Burns, Pharaon de Winter ou encore 51 Black Super. Tenu toujours par Franck Annese et son acolyte Julien Gaulier (que l’on trouve notamment au sein du duo Hey Hey My My), Vietnam a récemment fait paraître d’éminents albums comme celui de Pablo Alfaya et celui de J.E Sunde et s’apprête à nous en mettre plein la vue (ou les oreilles, à vous de décider) dans les mois à suivre avec les nouveaux albums de Chevalrex prévu pour le 22 janvier et celui de Kcidy au printemps prochain.
 

Pouvez-vous vous présenter ?

Julien Gaulier : Vietnam est le label musique du groupe SoPress, créé par Franck et j’y travaille depuis 2 ans désormais.

Franck Annese : Voilà, Vietnam a été créé au sein de SoPress il y a 6 ou 7 ans je crois et Julien m’a rejoint il y a deux ans. On se connaissait depuis longtemps, j’avais produit un clip pour Hey Hey My My, le groupe de Julien, on a toujours eu des goûts cousins musicalement et on a la même idée du rôle d’un label.
 

Pourquoi et comment avoir choisi ce nom de label ?

J.G : Je crois que ça a à voir avec le restaurant dans lequel a été décidé de créer le label ? Un restaurant vietnamien donc!

F.A : Exact, je déjeunais avec Stéphane Régy qui dirige aujourd’hui Society dans ce restaurant quand on a décidé de monter un label et il y avait écrit “Vietnam” sur la nappe car c’était un restaurant vietnamien. Le nom du label était trouvé.
 

Que défendez-vous sur votre label ?

J.G : Des artistes indépendants, des voix et des musiques singulières, on est plutôt orientés sur la musique alternative/indie mais aussi la chanson française, on n’a pas de chapelle !

F.A : On défend avant tout la musique qu’on aime. Si ça nous plaît on fonce, si ça ne nous plaît pas, on passe. Il n’y a pas de critères objectifs, c’est de la pure subjectivité.

Quels morceaux résument au mieux la politique de votre label ? (trois au choix)

J.G : KCIDY, “Les Gens Heureux Dansent” / J.E Sunde, “Risk” / Chevalrex, “Monarchie”.


 
F.A : Difficile à dire, mais pour moi, ça serait : J.E Sunde “I don’t care to dance” / H-Burns “Black dog” / Olivier Marguerit “En chute libre”.


 

Votre plus gros succès jusqu’ici ?

F.A et J.G : L’album Night Move de H-Burns.
 

Quelle est votre journée type ?

J.G : Il n’y en a pas vraiment, tout dépend si on est en phase de production ou de promotion pour nos artistes et leurs albums, mais bien évidemment ces derniers temps ça se passe beaucoup sur ordi (et par échange de mails notamment).

F.A : En ce moment c’est un peu décousu… moi je passe d’un sujet à un autre en permanence parce qu’en dehors du label il y a la gestion de la boite, la production de films, de pubs, et les magazines que nous éditons, donc il y a toujours dix mille trucs à faire.
 

Indépendant, underground, DIY : même bateau ou pas ? Ça veut encore dire quelque chose pour vous ?

J.G : En termes d’artistes et de styles musicaux c’est vrai que ça n’a plus trop de sens, en revanche pour ce qui est des structures de label oui ça a encore une signification. Nous sommes un label indépendant, nous ne sommes rattachés à aucune Major par exemple.
Nos choix artistiques ne sont pas guidés par la tendance (sinon on ne ferait que de l’electro et de la musique urbaine 🙂

F.A : Indépendant et underground, oui, puisque nous produisons des artistes sur les seuls critères subjectifs et artistiques, sans logique économique réelle, souvent. DIY, pas tant que ça dans le sens où on essaie de donner les moyens à nos artistes de faire les meilleurs disques possibles. On n’est pas du tout de l’école : “enregistrez dans votre chambre, et on sortira le disque”…
 

Comment signer sur votre label ? Vous acceptez les pots-de-vin ?

J.G : On n’accepte pas les pots-de-vin, on essaye d’écouter tout ce qu’on reçoit et si on a un coup de cœur alors on en discute tout d’abord avec l’artiste concerné. C’est ce qui s’est passé pour KCIDY par exemple. Après il faut savoir qu’on reçoit beaucoup de choses qui nous plaisent,
mais on n’a pas toujours la place pour tout sortir !

F.A : Si un artiste propose un pot-de-vin, c’est pas du tout bon signe : ça veut dire qu’il n’a pas besoin de nous, déjà. Ou alors cela veut dire qu’il trempe dans le narcotrafic et que tôt ou tard on devra débourser des sommes folles en cures de désintoxication, et on n’a pas du tout de postes budgétaires pour ça, pour l’instant.
 

Le futur de la musique, c’est quoi, quand et où ?

J.G : Je crois que ce serait présomptueux de tenter de le savoir, en revanche on sait quel est le futur du label avec les sorties à venir : J.E. Sunde, Chevalrex, KCIDY, Pharaon de Winter entre autres !

F.A : Le futur est une idée ancienne, non ?
 

Un artiste (vivant ou non) ou un album que vous auriez aimé sortir ?

J.G : Surfer Rosa des Pixies.

F.A : Vivadixiesubmarinetransmissionplot de Sparklehorse.
 

Votre dernière/prochaine sortie ?

J.G : L’album 9 Songs About Love de J.E. Sunde qui est vraiment un album incroyablement beau et addictif et qui justifie l’existence d’un tel label, on le fait pour (faire) découvrir des artistes comme lui.

F.A : Sur cet album, il y a “I don’t care to dance”, qui est une des plus belles chansons du monde.
 

Retrouvez le label Vietnam ici.

Le nouvel album de J.E Sunde est disponible ici et le nouvel album de Chevalrex paraîtra le 22 janvier prochain.