Deux Boules Vanille : "Le plus important, c’est la notion physique de notre musique"
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Deux Boules Vanille : “Le plus important, c’est la notion physique de notre musique”

Déjà remarqués avec leur premier album Tutti Frutti (SK Records, 2015), les membres du duo Deux Boules Vanille sillonnent actuellement les routes de France et d’Europe pour présenter leur deuxième opus, Planète Gougou sorti en début d’année. Toujours sur un ton décalé, les deux complices pilotent à partir de leurs batteries des synthés analogiques qu’ils ont fabriqué eux-mêmes et déclenchent une musique répétitive qui enflamme les sens et l’esprit ; un mélange acid-house et techno loin de laisser indifférent.

A l’occasion de leur prochain passage sur la capitale au Théâtre de Vanves pour le Switch Festival (event), nous avons interviewé Loup Gangloff et Frédéric Mancini pour découvrir leur univers singulier.
 

Le Bombardier : Quel est le parcours qui vous a mené à fonder Deux Boules Vanille et comment vous en êtes arrivés à ce dispositif ?

Fred : J’ai joué dans différents groupes avec lesquels j’ai sorti quelques disques, on n’a pas beaucoup tourné. J’avais une pratique de plasticien mais la musique a désormais pris le dessus.

Loup : J’ai aussi une formation artistique aux Beaux Arts mais j’ai toujours fait pas mal de musique à côté. Avant dans un projet punk/rock quand j’étais plus jeune, qui m’a pris pas mal de temps. On a commencé notre collaboration avec Fred en faisant de l’art et on a débuté ce projet en 2011.

Fred : On s’est rencontrés lorsqu’on avait 18 ans, on est amis de longue date. Loup était venu jouer dans quelques uns de mes groupes. On s’est dit que ça serait bien de réussir à se rencontrer sur nos instruments, c’est à dire nos batteries. À l’époque, je jouais dans un duo avec un bassiste pour lequel je fabriquais des pédales d’effets. J’ai commencé à m’intéresser à l’électronique et à construire des circuits. J’ai construit un premier synthétiseur que j’ai relié avec un capteur sur ma caisse claire.

En discutant avec Loup, on a eu l’idée de fabriquer plein de ces petits synthétiseurs et d’en faire une espèce de xylophone électronique avec des percussions. Ça a pris différentes versions avant d’arriver au dispositif actuel.

 

Vous citez le travail d’André Duracell parmi vos influences, est-ce que vous en avez d’autres?

Loup : On a cité Duracell qui est davantage une influence par rapport à l’intention et à ce qu’il proposait. Musicalement, on va chercher dans plein d’endroits, notamment du côté des percussions mélodiques.
 

Lorsque je vous ai découverts j’ai pensé à Zombie Zombie, même si ce n’est pas forcément le même trip.

Loup : Alors oui, ça revient souvent, c’est marrant parce qu’on ne les a jamais vraiment écoutés. On a rencontré Etienne Jaumet sur un concert et on a joué avec Zombie Zombie assez récemment. Et en réécoutant effectivement on partage pas mal de choses. En tout cas ça nous fait plaisir d’être comparés à d’autres groupes français.
 

Comment parvenez-vous à composer avec ce dispositif?

Fred : C’est de l’expérimentation. On joue ensemble sans vraiment savoir où ça va, on essaie des choses. Lorsqu’un moment chouette se passe, on essaie de voir ce qui a été joué et de le retrouver, pareil pour les textures et les rythmes qui fonctionnent. À partir de cette base on crée l’architecture de nos morceaux.

Loup : Avec le synthétiseur relié à la batterie, il n’y a pas de possibilité de presets, c’est à dire qu’on est toujours en train de chercher les sons et de reproduire plus ou moins les mêmes types de texture selon les morceaux. Le fait de rechercher quelque chose qui nous plaît va nous amener ailleurs. C’est un processus d’écriture assez propice aux surprises.

Fred : En acceptant ça, sans penser que c’est un problème ou une contrainte, ça permet effectivement de se laisser aller vers d’autres couleurs et d’autres ambiances.

Loup : L’idée est de réussir à connaître de plus en plus nos instruments, la batterie et les synthétiseurs mais aussi l’un et l’autre, tout en gardant la possibilité de se surprendre mutuellement. Ça n’a pas de fin.
 


 

On connaît la genèse de votre nom Deux Boules Vanille (à lire ici), comment on se retrouve avec des titres de morceaux comme “Grigoune et Ratagoinfre”?

Fred : On était dans le camion, sûrement bien fatigués. On imaginait deux petites sorcières et on avait imaginé ces prénoms-là. C’est ce qui nous a inspiré la pochette de l’album.

Loup : La recherche des titres des morceaux est parfois un casse-tête mais la plupart du temps ça vient finalement un peu comme la composition. On cherche des trucs et on s’arrête là où ça nous fait le plus rire ou quand c’est trop exagéré. On essaie de se laisser une marge de manœuvre avec beaucoup d’humour et je pense que c’est aussi ce qu’on essaie de retranscrire dans notre musique.
 

Quand on parle de Deux Boules Vanille on revient surtout sur la forme, qu’en est-il du fond?

Fred : Ce qui nous paraît le plus important c’est le processus de création et l’idée de mettre en danger.

Loup : La prise de risque en tout cas ça c’est sûr que ça nous tient à cœur. S’il y a un fond je pense qu’il se situe dans la fragilité du processus et du jeu. On a pris la décision de ne pas composer des tubes pop qui seront toujours montrés de la même manière et dont le but est de ressembler à l’enregistrement.

Quand on travaille sur nos albums, c’est une aventure étrange dans la mesure où chaque fois qu’on enregistre quelque chose, on sait que ça ne sera qu’une seule des versions possibles de ce qu’il peut se passer. S’il y a un message, il est sur cet aspect protéiforme de la musique. Ce qui nous intéresse, c’est d’avancer. On ne veut pas figer les choses.

Fred : Ce qu’on essaie de faire dans le groupe c’est aussi ce qu’on trouve intéressant dans la musique dans l’art en général.

Loup : Le plus important, c’est la notion physique de notre musique. Il y a un question/réponse permanent entre Fred et moi et aussi entre les batteries et les synthétiseurs qui sont toujours perfectibles. C’est l’une des choses qui nous intéresse beaucoup : ce que le corps peut produire comme musique, d’où notre attachement à la batterie et aux percussions en général. L’idée de produire quelque chose qui aura un effet sur le corps des gens et sur le nôtre nous touche.
 

Un morceau préféré sur Planète Gougou?

Fred : Non on les déteste tous !

Loup : Je ne crois pas.

Fred : Mon préféré est un morceau qu’on ne le joue pas en live. Du coup je l’entends très peu et c’est le seul qui me paraît un peu mystérieux, c’est “Planète Gougou”.
 

Parce que trop compliqué à adapter sur scène?

Fred : C’est un morceau plus contemplatif que les autres et comme on va plutôt vers la danse en live, on a décidé de ne pas le jouer. On a pensé à l’amener dans le set un jour mais on ne l’a pas encore fait.

Loup : “Mister Goodmix” est aux antipodes de notre musique, c’est le morceau d’ouverture de l’album. On l’a beaucoup travaillé et on continue à le travailler, c’est le final de nos concerts. À l’inverse de “Planète Gougou”, c’est un morceau qui commence à prendre une belle forme maintenant. Je suis content de réécouter la version de l’album parce qu’il a complètement changé.
 

Si l’on vous confisquait vos batteries, vous vous dirigeriez vers quel instrument?

Fred : Je me dirigerai vers la station de police !

Loup : Elle est compliquée cette question.

Fred : On a le droit de taper sur des violons?

Loup : Peut-être que je ferai du saxophone, juste pour le style. Mais je jouerai comme un pied !
 

Votre programme pour les prochains mois?

Loup : On a quelques dates jusqu’à fin juillet et à la rentrée aussi.

Fred : Cet été on va se remettre à composer, on a de nouvelles idées pour enregistrer de nouveau.
 

Le Bombardier te fait gagner des places pour le concert de Deux Boules Vanille ce samedi 19 mai au Théâtre de Vanves dans le cadre du Switch Festival. Pour participer, rien de plus simple :

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– Bonne chance! Fin du concours le 19 mai à minuit et annonce des gagnants par mail dans la journée.

 

Planète Gougou est disponible via Kythibong

Deux Boules Vanille en concert :

19/05 : VANVES – festival switch
25/05 : BOURGES – festival l’odyssée – halle au blé
02/06 : DE – LEIPZIG – noise fest claws of saurtopia – zoro
29/06 : CHERBOURG – festival les art’zimutés
07/07 : ILE DE GROIX – festival microclimax
14/07 : METTRAY – festival intergalactic
20/07 : CH – LUGANO – busker festival
28/07 : CH – LEYSIN – festival hautes fréquences
10/08 : SAINT SAUVEUR EN PUISAYE – festival les nuits de saint sauveur
01/12 : PARIS – la gaité lyrique – marathon!