Un mur noir sur lequel des reflets chatoyants viennent se poser. Des éclaboussures de couleurs, rouge, noir. Et cette attente interminable de ces deux êtres qui se dévorent du regard. Le titre du morceau ne ment pas : “Strong Desire”. Composé par le multi-instrumentiste et producteur libanais Daou, ce single est issu de son nouvel album Subliminal , enregistré entre 2018 et 2019, lors de sa première année de vie parisienne.
Intégralement conçu avec un set-up minimaliste, des tape-loops, des field recordings et des Ciat-Lonbarde, ce travail d’expérimentation sonore constitue pour Daou l’opportunité de questionner plus largement son rapport au temps et à l’espace, en se remémorant les années vécues à Beyrouth et à New York. Avec cette note de guitare diluée sous les effets, c’est un univers qui prend vie : le morceau comme la vidéo qui l’accompagne montent en tension, en intensité. Des gens dansent, les protagonistes se dévisagent, s’embrassent, se prennent la main. En regardant ces jambes se mouvoir dans l’obscurité de ce que l’on perçoit comme un club, les plus nostalgiques se demanderont si ces moments de symbiose collective réapparaîtront un jour, “comme avant”.
C’est toute la portée symbolique de ce clip, parvenant avec les images à instaurer son propre rythme sur ces sons vaporeux. Se conjuguant ensemble sur un temps long, “Strong Desire” est une ode, un souvenir que l’on se passe en boucle en tête dans l’espoir de ne jamais l’oublier. Ne pas oublier cette communion collective, mais surtout, cette communion à deux rendue possible par des lumières tamisées qui se déjouent de la pénombre. On lit sur leurs visages le désir, l’envie. On ressent cette montée crescendo, que l’on aime retenir, faire patienter, agacer parfois, pour ne pas la consommer de suite. Cet instant suspendu où le monde n’est plus tout à fait, cette force euphorisante qu’images et sons parviennent incontestablement à dépeindre.
Ces images ont été pensé par la réalisatrice Emilie Girault que les plus assidus auront peut-être croisée au détour d’un clip figurant sur le précédent EP de MxBG. Quant à l’album de Daou, c’est l’explosion du 4 août dernier à Beyrouth qui a précipité sa sortie : afin de soutenir les musiciens libanais dans cette épreuve, l’intégralité des bénéfices sont reversés au Beirut Musicians’ Fund, de même que les cassettes qui viennent tout juste de paraître et qui se commandent sur le Bandcamp de Daou.