\u00c0 c\u00f4t\u00e9 de majors qui occupent une large partie du terrain, les labels ind\u00e9pendants se d\u00e9m\u00e8nent pour faire vivre des projets \u00e0 taille humaine, bien souvent \u00e0 contre-sens de tout objectif commercial et lucratif. \u00c0 la t\u00eate de ces projets, on retrouve des guerriers multi-fonctions aux m\u00e9thodes et profils divers et vari\u00e9s. Aujourd\u2019hui, on part \u00e0 la d\u00e9couverte du label parisien In Silico<\/a><\/strong>, temple \u00e0 huit mains de chansons \u00e9motives et po\u00e9tiques.<\/em>
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On est in silico, comme inscrit dans le titre ci-dessus. Et dans le civil, on s\u2019appelle Thibault, Hadrien, Jean et Xavier. On est avant tout potes depuis un long moment, certains se connaissent depuis l\u2019enfance. En gros, notre activit\u00e9 se concentre autour de la musique, mais on ne se fixe pas trop de fronti\u00e8res, certains d\u2019entre nous bossent dans le num\u00e9rique , d’autres dans la vid\u00e9o, d\u2019autres dans l\u2019\u00e9criture, et on compte se servir un peu de tous ces trucs l\u00e0 pour la suite.
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Au d\u00e9part on avait un nom qui nous plaisait mais qui \u00e9tait vraiment assez sombre et qui allait finir par nous enfermer dans notre propre clich\u00e9. On aime bien la radicalit\u00e9 mais l\u00e0 c\u2019\u00e9tait vraiment trop. En buvant des bi\u00e8res chez l\u2019un de nous un soir, on est tomb\u00e9 sur le nom d\u2019in silico : c\u2019est un truc informatique qui signifie \u00ab\u00e0 l\u2019int\u00e9rieur de l\u2019ordinateur \u00bb, en latin. Et c\u2019est aussi une technique utilis\u00e9e en m\u00e9decine. Comme on a un petit c\u00f4t\u00e9 asocial, qu\u2019on est beaucoup derri\u00e8re nos \u00e9crans (comme tout le monde) et qu\u2019on aime bien la musique qui soigne les plaies, \u00e7a nous allait plut\u00f4t bien.
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Des projets \u00e0 la fois pop et exigeants. On \u00e9coute \u00e9norm\u00e9ment de choses diff\u00e9rentes, mais ce qui nous int\u00e9resse c\u2019est d\u2019entendre des choses sinc\u00e8res, assez brutes et sensibles mais qui peuvent plaire aux gens qui ne sont pas sp\u00e9cialement des nerds de la musique. Accessoirement, c\u2019est clich\u00e9 mais on est avant tout passionn\u00e9s par la beaut\u00e9.
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Super compliqu\u00e9 comme question ! Du coup d\u00e9sol\u00e9s on va resquiller un peu mais on va prendre quatre sorties, dont deux ne sont pas encore parues : le disque de Fiasco<\/a><\/strong>, Duel<\/em>, qu\u2019on a sorti en mars dernier, l’EP d’Heliums<\/strong> qui arrive tr\u00e8s vite et les albums de Waterwalls<\/strong> et Uneima<\/strong>, qui sont tous les deux tr\u00e8s beaux, dans un style diff\u00e9rent.
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Duel<\/em>, de Fiasco<\/strong> a plut\u00f4t bien march\u00e9 et c\u2019est un peu une fiert\u00e9 vu qu\u2019on a fait \u00e7a seuls, sans l\u2019appui d\u2019aucune structure ni de personne. Mine de rien c\u2019est assez rare, m\u00eame chez les ind\u00e9pendants, de sortir des choses sans distributeurs ni attach\u00e9s de presse etc.
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Alors \u00e7a d\u00e9pend de chacun. Certains ont des CDI \u00e0 c\u00f4t\u00e9 donc ils se l\u00e8vent, vont au travail, voient leur copine ou sortent le soir. Pour d\u2019autres c\u2019est beaucoup plus bord\u00e9lique haha. Mais en tant que label \u00e7a se r\u00e9sume, en gros, \u00e0 \u00e9couter \/ faire de la musique, envoyer des mails, passer des coups de t\u00e9l\u00e9phone, boire des caf\u00e9s avec des gens pour organiser quelques trucs, faire des r\u00e9unions autour de quelques bi\u00e8res, et aller en concert ou en soir\u00e9e ensemble.
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Ca veut tout et rien dire. Beaucoup de labels qui sont d\u00e9finis ou se d\u00e9finissent comme ind\u00e9pendants ont en fait des structures et\/ou des subventions derri\u00e8re eux, donc on n\u2019est pas certain que \u00e7a ait beaucoup de sens de se d\u00e9finir comme tels dans ce cas l\u00e0. C\u2019est chouette et n\u00e9cessaire de recevoir 6000 euros d\u2019aide du minist\u00e8re pour la conception d\u2019un disque, mais est-ce que c\u2019est vraiment honn\u00eate de se d\u00e9finir comme ind\u00e9pendant dans ces cas l\u00e0 ? Nous on a maintenant un distributeur derri\u00e8re, qui nous aide un peu, on n\u2019a pas de subventions (mais si \u00e7a arrivait on ne cracherait pas dessus par souci d\u2019\u00e9conomie) et on a un vrai cot\u00e9 DIY vu qu\u2019on fait nos cassettes seuls du d\u00e9but jusqu\u2019\u00e0 la fin. Donc on est dans une sorte d’entre deux, comme beaucoup.<\/p>\n
Apr\u00e8s \u00e7a ne reste que des mots et au vu de l\u2019\u00e9tat des finances du milieu de la musique, en dehors des grosses maisons de disques, tout le monde a besoin de sous. Du coup c\u2019est en un sens normal de prendre ce qu\u2019il y a \u00e0 prendre, ce ne sont pas nos comptes en banque qui vont nous faire dire le contraire. En revanche il y a de vrais labels ind\u00e9s comme Hidden Bay Records, ou des \u00e9diteurs comme Ac\u00e9die 58, qu\u2019on connait un peu et qui font tout tous seuls ; et on tient d\u2019ailleurs \u00e0 saluer leur super boulot. Concernant l’underground, c\u2019est juste une question de marcher ou non, et il y a plein de facteurs l\u00e0-dessus : l\u2019envie, la chance, la mode, l\u2019image, qui est pr\u00e9pond\u00e9rante aujourd\u2019hui ; et puis le talent bien s\u00fbr. On connait pas mal de choses qui restent tr\u00e8s souterraines mais qui m\u00e9riteraient mieux : c\u2019est un peu nul mais \u00e7a a aussi toujours \u00e9t\u00e9 le jeu.
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Nous faire pleurer et danser, id\u00e9alement les deux \u00e0 la fois. On ne nous a jamais propos\u00e9 de pot de vin mais que ce soit au sens figur\u00e9 ou au sens propre qui sait, en fonction de notre humeur \u00e7a peut marcher.
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Au concert des Hoorsees<\/strong>, un mec ivre est venu nous dire, \u00e0 nous et au chanteur, qu\u2019on devait inventer la musique des ann\u00e9es 2020. On a bien rigol\u00e9 mais du coup l\u00e0 on est en 2020 et on n\u2019a toujours pas compris ce que pourrait \u00eatre la musique de cette d\u00e9cennie. Ce sera peut-\u00eatre des chansons cr\u00e9\u00e9es par des intelligences artificielles mais les humains sont quand m\u00eame plus sympas que les robots, en d\u00e9pit de leurs d\u00e9fauts. Et puis c\u2019est peut \u00eatre aussi bien de s\u2019int\u00e9resser au pr\u00e9sent plut\u00f4t qu\u2019au pass\u00e9 ou au futur.
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Xavier<\/strong> : Je n\u2019ai jamais cach\u00e9 mon admiration pour ce que fait Hyacinthe<\/strong> (et le crew DFHDGB en g\u00e9n\u00e9ral d\u2019ailleurs), donc c\u2019\u00e9tait super cool de ressortir SLRA2<\/em> en cassette. A part \u00e7a si je devais en choisir un je dirais peut-\u00eatre Wu Lyf<\/strong>, PNL<\/strong> ou The Dead Mantra<\/strong>.<\/p>\n
Hadrien<\/strong> : L\u2019album Rouge<\/em> des Beatles<\/strong> (The Beatles \/ 1962-1966) est sans doute le premier album que j\u2019ai \u00e9cout\u00e9 en boucle quand j\u2019\u00e9tais petit donc je dirai celui l\u00e0. Sinon plus r\u00e9cemment probablement l\u2019album 10 000 Hertz Legend<\/em> de Air<\/strong>, que j\u2019\u00e9coute en boucle en ce moment.<\/p>\n
Jean<\/strong> : J’ai beaucoup d’affection pour la Bretagne o\u00f9 j’ai v\u00e9cu, donc je vais dire Born Idiot<\/a><\/strong> dont j’ai ador\u00e9 le premier album et Lesneu<\/strong> que je trouve incroyable. Dans un autre registre, l’album Reproductions<\/em> d’Arnaud Fleurent-Didier<\/strong> qui est un chef d\u2019\u0153uvre absolu.<\/p>\n
Les deux derni\u00e8res c\u2019\u00e9taient Anom<\/em>, de Waterwalls<\/strong>, un album a la fois beau et triste sorti sans single ni promo, et la r\u00e9\u00e9dition de Hyacinthe<\/strong>, SLRA2<\/em>, en cassette. C\u2019est un album assez violent mais tr\u00e8s pur, en un sens ; et c\u2019\u00e9tait marrant de faire \u00e7a. Et la prochaine ce sera l’EP des Heliums<\/strong>, dont on est super fiers, et d\u2019autres choses dont l’album de Uneima<\/strong>, donc, et un autre groupe qu’on a r\u00e9cemment sign\u00e9.
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