Notre bo\u00eete mail est pleine \u00e0 craquer de projets qui ne demandent qu\u2019\u00e0 \u00eatre d\u00e9couverts. Voici \u201cDans le radar\u201d, la rubrique o\u00f9 l\u2019on demande aux musiciens de se pr\u00e9senter \u00e0 partir de questions simples. Aujourd\u2019hui, c\u2019est au tour de Cyril Meysson<\/a><\/strong> de r\u00e9pondre au questionnaire du Bombardier.<\/em>
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Cyril Meysson, j’utilise maintenant mon propre nom pour mon projet solo \u00e0 la guitare. Pendant une longue p\u00e9riode o\u00f9 je me cherchais encore beaucoup, et notamment quand j’ai commenc\u00e9 \u00e0 enregistrer, je me servais de “Cyril M.” parce que je pense que \u00e7a me rassurait un peu, comme si je ne signais pas compl\u00e8tement ce que je faisais. Mais je crois \u00eatre arriv\u00e9 \u00e0 un moment o\u00f9 j’accepte un peu plus que je puisse me tromper, ou m\u00eame simplement \u00e9chouer une tentative, plut\u00f4t que d’esp\u00e9rer aligner une poign\u00e9e de disques g\u00e9niaux. Je pense que toute la mystique romantique autour du g\u00e9nie, du chef d’\u0153uvre, de l’inspiration, c’est quelque chose dont je veux me d\u00e9barrasser, d’autant plus que \u00e7a s’oppose avec l’id\u00e9e m\u00eame que je me fais de la musique exp\u00e9rimentale. \u00c0 savoir, chercher sans gage certain de r\u00e9ussite. Et de toute fa\u00e7on, je n’ai jamais \u00e9t\u00e9 tr\u00e8s bon pour les pseudonymes.
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Hinterland<\/em>, un disque issu d’un collectif artistique du m\u00eame nom que j’ai rejoint il y a quelques ann\u00e9es. Cette rencontre est partie de l’id\u00e9e d’une cr\u00e9ation de danse contemporaine o\u00f9 je devais faire la musique en live, mais qui finalement a \u00e9volu\u00e9 sur une forme beaucoup plus \u00e9clat\u00e9e et int\u00e9ressante, dans une sorte de laboratoire de recherche et de pratique bas\u00e9 sur des temps de r\u00e9sidence \u00e0 Ramdam, \u00e0 c\u00f4t\u00e9 de Lyon et qui r\u00e9unissait danse, musique, sculpture, textes, arts plastiques, vid\u00e9o… Bref, on s’amusait avec tout ce qu’on pouvait, avec chacun\u00b7e notre domaine de sp\u00e9cialit\u00e9. On se retrouvait chaque \u00e9t\u00e9 pour travailler des choses ensemble autour de th\u00e8mes communs, ou en solo selon les envies et les propositions, et notre cr\u00e9ation \u00e9tait en fait cette alchimie de choses qui prenaient place. On peut m\u00eame y inclure l’aspect de la vie en commun, de se partager les repas, de dormir sur place, de d\u00e9cider de la r\u00e9partition des t\u00e2ches, qui participait \u00e0 l’ambiance tr\u00e8s forte de ces moments.<\/p>\n
Et \u00e7a a vraiment \u00e9t\u00e9 quelque chose de beau pour moi, car \u00e7a a compl\u00e8tement d\u00e9bloqu\u00e9 mon rapport \u00e0 l’enregistrement. Tout d’un coup, je passais d’une pratique chez moi qui ne valait que ce que j’y mettais, \u00e0 une pratique sonore qui \u00e9tait l\u00e0 simplement pour accompagner (ou parfois diriger) ce qui se passait devant moi. En gros, je faisais la bande-son des jours, en essayant le plus possible de me nourrir de ce qui se passait pour d\u00e9couvrir de nouvelles id\u00e9es, et surtout, me r\u00e9p\u00e9ter le moins possible ! Et \u00e7a a r\u00e9gl\u00e9 d’un coup la question du sens de ce que je faisais, de pourquoi je le conservais. Ce qui rentre compl\u00e8tement en r\u00e9sonance avec le th\u00e8me des archives, qui a par exemple \u00e9t\u00e9 un de ceux qui ont r\u00e9uni nos pratiques.
\nLe disque est donc un montage de ces archives sonores, afin de les rendre coh\u00e9rentes sur le format du CD. Je veux dire que je suis reparti avec pas loin de 40 heures d’enregistrements, et qu’il me fallait forc\u00e9ment trier et organiser pour en conserver ce qui me semblait le plus adapt\u00e9 \u00e0 ce support !<\/p>\n
Pour la sortie \u00e0 proprement parler, j’ai ensuite \u00e9t\u00e9 aid\u00e9 le label Soleils Bleus, bas\u00e9 \u00e0 Strasbourg, pour pouvoir le sortir en physique et lui donner une existence tangible. C’est un label qui jette tout un tas de passerelles entre pratiques exp\u00e9rimentales et musiques traditionnelles, et qui le fait avec beaucoup de r\u00e9ussite, donc je suis tr\u00e8s heureux d’avoir pu l’y faire figurer.
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“Diffraction”. C’est un morceau improvis\u00e9 en solo que j’ai eu la chance d’enregistrer \u00e0 la Chapelle Saint-Jean \u00e0 Mulhouse en 2014, lors d’une tourn\u00e9e avec Lauren Rodz, Gilles Vignes et Dario Fariello o\u00f9 on changeait les formations chaque soir. \u00c7a avait \u00e9t\u00e9 mont\u00e9 pour qu’on puisse tous se rendre au Festival Bruitisme, qui en \u00e9tait alors \u00e0 sa deuxi\u00e8me \u00e9dition, avec au programme, les d\u00e9sormais traditionnelles 24h de concerts de noise en continu ! Et par \u00e9mulation (ou par d\u00e9fi) le Collectif \u00f6dl en a mont\u00e9 sa version intitul\u00e9e Cavit\u00e9 Synaptique<\/em>, qui avait lieu \u00e0 peine quelques jours plus tard cette fois dans une chapelle, lieu hautement inhabituel pour ces musiques. Maintenant que j’y pense, je ne compte plus les rencontres que j’ai faites pendant cette ann\u00e9e, au moment o\u00f9 je commen\u00e7ais \u00e0 vraiment \u00e0 d\u00e9couvrir le milieu de la musique exp\u00e9rimentale en France dans son aspect disons, le plus punk, au contraire de toute la tradition \u00e9lectro-acoustique par exemple (ce qui n’emp\u00eache \u00e9videmment pas les ponts entre ces deux milieux, \u00e9videmment).<\/p>\n
Et donc, une fois sur place, j’ai \u00e9t\u00e9 tr\u00e8s surpris de constater que, si les sons percussifs sont difficilement g\u00e9rables dans ce genre d’acoustique, c’est par contre vraiment parfait pour de la noise abstraite, le son rebondit partout, bref c’est hyper vivant et beaucoup moins agressif qu’un mur d’amplis \u00e0 moins d’un m\u00e8tre. En plus, on m’avait pr\u00eat\u00e9 un ampli monstrueux, donc toutes les conditions \u00e9taient r\u00e9unies pour pouvoir envoyer fort. Ce que je ne me suis pas priv\u00e9 de faire ! C’est m\u00eame une des rares fois o\u00f9 j’ai r\u00e9ussi \u00e0 chanter trois notes, ce que je n’ai jamais r\u00e9essay\u00e9 depuis. Il n’y avait ni mots ni micros, mais je suis content d’avoir ces quelques secondes qui tranchent avec le reste, surtout que j’\u00e9tais mort de trouille sur le moment !
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S\u00fbrement l’apparition d’un petit synth\u00e9tiseur ! Pas vraiment pour faire des m\u00e9lodies, mais ma musique ayant tendance \u00e0 beaucoup fonctionner en appui sur des sons continus, je pense que \u00e7a m’aidera beaucoup \u00e0 mieux prendre le temps de d\u00e9velopper mes sons \u00e0 la guitare, sans continuellement stresser du vide ou de la redondance. Ce sera aussi l’occasion d’enfin pouvoir f\u00eater la sortie d’Hinterland, le 30 juillet au 17 \u00e0 Saint-\u00c9tienne.
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Une petite tourn\u00e9e que j’ai faite en solo au Japon, alors que j’avais \u00e0 peine 19 ans. M\u00eame quand j’en parle maintenant, j’en viens presque \u00e0 douter que ce soit vraiment arriv\u00e9 ! \u00c7a faisait \u00e0 peine un an que je jouais en concert, surtout pour accompagner la violoniste Agathe Max qui m’a vraiment introduit au monde de la musique live de la meilleures des fa\u00e7ons possibles. Venant d’un endroit rural, et d’une famille pas forc\u00e9ment m\u00e9lomane, c’\u00e9tait un truc qui m’\u00e9tait compl\u00e8tement \u00e9tranger, ce qui fait qu’\u00e0 part un ou deux festivals, je n’avais presque jamais mis les pieds \u00e0 un concert avant de partir m’installer \u00e0 Lyon pour mes \u00e9tudes. Par contre, j’avais pass\u00e9 un nombre incalculable de nuits (au prix de quelques malaises en cours, \u00e0 cause de la fatigue accumul\u00e9e) \u00e0 t\u00e9l\u00e9charger des albums de musique exp\u00e9rimentale, notamment en provenance du Japon, justement, donc que je connaissais tr\u00e8s tr\u00e8s bien le sujet. Et un jour, je suis all\u00e9 voir un concert d’A Qui Avec Gabriel<\/strong> et de Shin’ichi Isohata<\/strong> au Sonic, qui pour moi \u00e9taient des sommit\u00e9s du milieu. Sauf que, visiblement, mon avis n’\u00e9tait pas partag\u00e9 puisqu’on s’est retrouv\u00e9s \u00e0 3 personnes dans la salle sans compter l’orga et un ami que j’avais tra\u00een\u00e9 l\u00e0… Mais le concert \u00e9tait super, et \u00e7a nous a donn\u00e9 l’occasion de discuter, ce dont je n’aurais m\u00eame pas os\u00e9 r\u00eaver. Je pense que \u00e7a les a super touch\u00e9\u00b7e\u00b7s de tomber sur quelqu’un d’\u00e0 peine 18 ans qui en savait autant sur d’autres musicien.nes de l\u00e0-bas.<\/p>\n
Ils m’ont l\u00e2ch\u00e9 en rigolant qu’il fallait que je vienne jouer au Japon, et puis finalement tout un tas de trucs se sont enclench\u00e9s pour que je me dise que j’allais vraiment le faire, notamment un disquaire de Tokyo, Deadstock Records, qui a partag\u00e9 un de mes morceaux sur Soundcloud. Je lui ai \u00e9crit pour le remercier, la conversation s’est enclench\u00e9e et finalement il m’a carr\u00e9ment propos\u00e9 de faire une interview qu’il traduirait ensuite en japonais. De mon c\u00f4t\u00e9, je n’\u00e9tais pas encore trop pris par de gros engagements ni par mes \u00e9tudes, alors j’ai trouv\u00e9 un travail de nuit horrible, j’ai \u00e9conomis\u00e9 \u00e0 fond, recontact\u00e9 A Qui<\/strong> et Shin’ichi<\/strong>, trouv\u00e9 un autre concert \u00e0 Tokyo organis\u00e9 par les d\u00e9sormais c\u00e9l\u00e8bres Kikagaku Moyo, et j’\u00e9tais parti pour une tourn\u00e9e d’une petite dizaine de jours en janvier !<\/p>\n
… et je me rends compte que je n’ai toujours pas dit un mot sur l’exp\u00e9rience que j’en ai faite l\u00e0-bas. Ce serait bien trop long. Mais je crois que de me refaire le r\u00e9cit de comment c’est arriv\u00e9 m’aide \u00e0 y croire moi aussi.
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Malheureux, sans doute. Je pr\u00e9f\u00e8re ne pas y penser. S\u00fbrement que je pourrais trouver d’autres choses sur lesquelles avoir des obsessions passag\u00e8res, mais pour le moment, la musique est une des rares choses qui me tienne vraiment constamment et qui ne se tarisse pas d’int\u00e9r\u00eat pour moi.
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J’ai parl\u00e9 d’obsessions passag\u00e8res juste avant, je fonctionne vraiment comme \u00e7a en g\u00e9n\u00e9ral. D\u00e8s que je d\u00e9couvre un truc nouveau qui me parle, je fonce la t\u00eate la premi\u00e8re pour le d\u00e9couvrir \u00e0 fond. Donc souvent, pour un titre qui va me frapper, je vais encha\u00eener plusieurs dizaines de disques li\u00e9s, d’articles, bref j’essaie vraiment de me plonger dedans et dans l’\u00e9poque, si possible. Et surtout, j’accumule des dizaines de milliers de titres sur mon ordi. Du coup, c’est tr\u00e8s tr\u00e8s rare qu’un disque puisse traverser toutes mes p\u00e9riodes qui s’encha\u00eenent parfois hyper vite. Mais si je dois penser \u00e0 un disque (parmi tant d’autres !) qui ne manque jamais de me faire kiffer, c’est le premier album de cLOUDDEAD<\/strong>, avec cette construction en patchwork hyper bancale et cette couleur sonore tr\u00e8s duveteuse.
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Les martinets qui volent au-dessus du quartier o\u00f9 je vis \u00e0 Saint-\u00c9tienne. Ils ont une sorte de cri strident qu’ils font quand ils s’amusent \u00e0 faire la course entre eux et que j’entends toute la journ\u00e9e, tous les jours o\u00f9 il fait grand soleil. Autant dire tout le temps. Mais c’est un son que j’adore.
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Ne plus bloquer des heures sur une question comme celle-ci.
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