Dans le radar

Dans le radar #45 : Catfish

Photo : Fabien Mathieux

Notre boîte mail est pleine à craquer de projets qui ne demandent qu’à être découverts. Voici “Dans le radar”, la rubrique où l’on demande aux musiciens de se présenter à partir de questions simples. Aujourd’hui, c’est au tour de Catfish de répondre au questionnaire du Bombardier.
 

On s’appelle Catfish parce que…

Nous voulions un nom qui représente deux entités différentes, mais réunis dans une même bestiole, un genre de monstre à deux têtes. Cependant, depuis un an, nous sommes trois ! Mathis nous a rejoint aux claviers, nous adorons les sons d’orgues, de vieux claviers, sur scène nous passons tout ça dans des amplis. Depuis son arrivée le son du live est devenu encore plus massif, un régal.

Catfish est aussi un mot qui évoque le blues des débuts, celui de Skip James, Blind Willie Johnson, Muddy Waters, qui nous a beaucoup influencé aux débuts du groupe. Nous nous sommes aujourd’hui un peu détachés de ces premières influences et avons le sentiment d’avoir maintenant trouvé notre son, notre patte, avec les épaules un peu moins chargées de nos références, elles ont été intégrées, digérées en quelque sorte.
Et puis pour finir, le poisson chat est un animal qui évolue dans des eaux boueuses, crasseuses, un environnement pas très lisse. C’est aussi l’idée qu’on se fait de notre musique, un son brut, rude, une mixture sonore avec un vrai parti pris.
 

Notre dernier EP est…

Morning Room, sorti en février 2019. Un EP enregistré et réalisé à la maison, pour la première fois, dans le local où nous travaillons. A l’époque Mathis n’était pas encore de la partie. Nous avions écrit les titres avec beaucoup d’arrangements de claviers, surtout des sons de farfisa et d’orgues. Pour les prises nous avons fait appel à des amis, Ben Muller aux claviers, et Antoine Passard à la batterie. C’est la première fois que nous ouvrions notre bulle très privée à d’autres, et cela s’est très bien passé. Cet EP est un peu la synthèse de notre travail jusqu’ici, nous y avons trouvé un équilibre, un genre de sérénité dans la création. Nous en sommes content et il nous donne une belle énergie et une vraie envie pour la suite !
 

Si on ne devait choisir qu’un morceau pour en parler, ce serait…

“Death Army” une marche funèbre aux confins d’un désert imaginaire, sous un soleil de plomb, qui évolue en une tempête de son et d’émotions dans nos entrailles . Nous adorons jouer ce titre. Il réunit pas mal de choses qu’on aime dans la musique, des ambiances sombres, de l’espace, des grandes reverbs, des orgues à la Nick Cave et une explosion de son, massive, frontale, avec des fuzz, une rythmique primaire, tribale et qui monte, qui monte jusqu’à épuisement. Nous travaillons beaucoup sur ce genre d’esthétique pour le prochain album.
 

À notre prochain concert il faut s’attendre à…

Il faut tout simplement s’attendre à voir des gens qui livrent leur tripes avec le plus de sincérité possible !! Nous n’utilisons aucun artifice sur scène, pas de samples, pas de séquences, c’est nous, tel que nous sommes, point barre (nous sommes un peu old-school là dessus, nous avons essayé des trucs mais cela ne nous allait pas du tout, jouer sur un click, bof…). Du coup c’est uniquement du feeling, de l’émotion pure. Quand ça va, ça va, si on est joyeux c’est comme ça, si on est d’humeur plus sombre c’est ainsi. C’est vraiment incroyable ce moment sur scène où on peut lâcher prise, expulser ce qu’il y a à expulser, mais aussi kiffer avec le public, partager un vrai truc, faire ressentir une émotion qu’on a dans le ventre. Ce n’est pas tous les soirs aussi magique, mais quand il y a l’étincelle, le feu sacré qui grandit sur scène, c’est quelque chose, rien que d’en parler ça me met les poils.
 

Notre souvenir le plus marquant en tant que musiciens…

Notre concert à Hanoï, au Monsoon Festival, fait partie de nos souvenirs les plus marquants. Cela devait être notre premier concert devant autant de monde, 12 000 personnes, la première fois que nous nous retrouvions tous les 2, sur une énorme scène, face à une marée de gens. En fait ce soir là nous devions jouer un unique titre sur cette scène, retransmis sur la chaîne de télévision numéro 1 du pays (le concert complet était le lendemain, au même endroit, devant un peu moins de personnes, 10 000 environ.). C’était hallucinant, tout ce monde, les équipes de télé (c’était notre première!!), le décompte, le sponsor (une marque de pilule pour mincir, si j’ai bien compris, les premiers rang avait tous ce même t-shirt violet avec la marque dessus), le speech du speaker où la seule chose que tu comprends c’est le nom de ton groupe, hurlé à la fin du discours…
La réaction du publique a été incroyable, nous sommes ressortis de ces quelques minutes sur scène complètement chamboulés, excités, genre “c’était quoi ça? Qu’est-ce qu’il vient de se passer???” Un énorme souvenir pour notre premier concert aussi loin de chez nous.
 

Si on n’était pas musiciens, on serait…

Amandine : Brocanteuse, fleuriste, traductrice, artiste ou plâtrier peintre, mais surtout brocanteuse! J’adore fouiller, fouiner, racler des fonds de cartons poussiéreux et découvrir des trésors qui n’ont souvent de valeur qu’à mes yeux!! Je collectionne énormément, j’accumule (heureusement, j’ai de grandes granges), je jette, je rachète, j’accumule encore un peu plus (car je rachète plus que je ne jette bien sûr) je ponce, je gratte, je retape et ainsi de suite…donc oui il semble bien que si je n’étais pas musicienne, je serais souvent dans une petite camionnette à chercher la moindre affaire!

Damien : Cette question je me la pose souvent, qu’est-ce que j’aimerai faire si je n’étais pas musicien ? Que faire s’il fallait que je me recycle ? En fait pour l’instant je fais mon possible pour pouvoir continuer mais si un jour j’en ai vraiment marre je me tournerai peut-être vers un truc genre chambre d’hôte, mais un truc cool, avec un lieu d’accueil sympa, un petit bar/salon cosy où on peut écouter de la musique, boire des petits coups et vriller en dancefloor à tout moment. Sinon mon frère est cuisinier, je le harcèle pour qu’il m’embauche en homme à tout faire, en cueilleur de champignons pro et en jardinier.

Mathis : Aux fourneaux ! La cuisine est ma seconde passion… Une passion transmise par ma mère dont c’est le métier et qui continue encore à m’impressionner maintenant. J’essaye toujours plein de choses, et je suis toujours très curieux de découvrir des saveurs que je ne connais pas. Peut être que si je ne faisais pas de musique j’ouvrirai ma petite adresse avec des plats du jours préparés avec le cœur, en proposant des choses que l’on a pas l’habitude de manger.
 

Notre disque de chevet, c’est…

Amandine : The Velvet Underground And Nico, tout me plaît dans cet album : la composition, le son, les voix, l’atmosphère générale est exactement ce dont j’ai besoin pour m’évader et me sentir bien. Je n’arrive pas à m’en lasser et il me convient dans toutes les circonstances, oui oui toutes!

Damien : The Beatles, Abbey Road. Je suis en amour, comme beaucoup de monde, avec ce groupe et ce disque. A force d’écouter j’ai vraiment l’impression de les connaître personnellement ces gars et j’éprouve un vrai sentiment de gratitude envers eux ( coeur coeur, émotion )

Mathis : Radiohead, OK Computer, il m’a suivi tout le lycée cet album… Comme beaucoup je suis dingue de la voix de Thom Yorke, je trouve que les compos sont ambitieuses, sacrément riches, et pleines de magie… Je trouve qu’il n’y a rien à jeter dans ce disque.
 

En ce moment on écoute en boucle…

Orville Peck, Dead of night, un espèce de mélange délicieux entre Elvis, Chris Isaak et Anna Calvi. Mais ça reste très moderne. En plus il a une dégaine vraiment classe avec ces masques qu’il porte en permanence.
 

Notre rêve ultime, c’est…

De pouvoir jouer dans le monde entier, et ce, jusqu’à ce que la mort nous sépare !
D’enregistrer L’ALBUM, celui dont on serait fier jusqu’à la fin.
De partager la scène avec nos idoles (on en a déjà réalisé certains mais il y a encore beaucoup à faire ! )
Nous avons encore beaucoup d’ambition, pleins de projets, d’envies et de choses à exprimer. Nous avons garder une certaine naïveté, une fougue d’adolescent qui nous permet d’avoir des envies artistiques sans trop se prendre la tête avec tout ce qui entoure un projet musical. Il faut dire que nous avons aussi la chance d’être accompagnés par des personnes qui nous permettent de réaliser nos idées, et qui nous en donnent beaucoup aussi !
 


 

Morning Room est disponible ici via Upton Park.

Catfish en concert :
2-7 avril : Festival Je Reste A La Maison – Chez-toi (event)
2 juillet : Festival Cognac Blues Passions – Cognac