Dans ton label

Dans ton label #4 : Santé Records

À côté de majors qui occupent une large partie du terrain, les labels indépendants se démènent pour faire vivre des projets à taille humaine, bien souvent à contre-sens de tout objectif commercial et lucratif. À la tête de ces projets, on retrouve des guerriers multi-fonctions aux méthodes et profils divers et variés. Aujourd’hui, on part à la découverte du jeune label parisien Santé Records fondé par Apollo Noir et Botine.
 

Pouvez-vous vous présenter ?

Clément : Clément, je vis dans la campagne aveyronnaise, je fais de la musique électronique et maintenant que l’internet haut débit arrive presque jusqu’à ma maison, je lance mon label aux côtés d’Apollo Noir. Il se trouve qu’en plus de ça nous avons retrouvé un disque dur rempli de bitcoins achetés en communs il y a quelques années de cela. La revente de ces derniers nous a rapporté un petit pactole alors quand la question de ce qu’on allait faire de cet argent s’est posée. On a décidé d’investir dans un label de musique.

Rémi : Apollo, ouais, comme dit Botine on a décidé d’investir dans la musique et de créer un label de musique rebelle expérimentale naïve. Mais je crois que ce qui nous a mis d’accord, au delà les bitcoins et la cuisine du terroir, c’est lorsque mon ami Serguei Spoutnik nous a envoyé les maquettes du prochain disque de son groupe QDRPD (Quadrupède). On a scotché, et on s’est dit: faut sortir cette musique 🙂
 

Pourquoi et comment avoir choisi ce nom de label ?

Clément : C’est le diminutif “d’à votre Santé”, c’est une célébration ! Un hommage au dernier dessin de Philippe Honoré aussi et je voulais m’approprier ce poncif souvent réservé aux vœux de nouvel an ainsi qu’aux levées de coudes entres amis ou collègues. On prend soin les uns des autres. Et puis la toute première fois qu’on a évoqué l’idée de lancer notre propre label c’était lors d’un repas en famille chez Rémi. On a immédiatement porté un Toast. “Santé!”
 

Que défendez-vous sur votre label ?

Clément : La bonne humeur, la légèreté, la musique qu’on aime, les projets de nos amis musiciens, illustrateurs, vidéastes etc.

Rémi : Totalement oui, on défend l’art, l’expression, la liberté, le sans compromis et le désintéressement profond pour l’argent et le succès.
 

Quels morceaux résument au mieux la politique de votre label ? (trois au choix)

Minor Threat – “Out of Step”


 

Aphex Twin – “28 Organ”


 

Quadrupède – “Yau Ma Tei”

 

Votre plus gros succès jusqu’ici ?

Rémi : Une review spontanée de QDRPD d’un fan en espagnol.
 

Quelle est votre journée type ?

Clément : Réveil à 5h pour aller à la pêche ensuite j’enchaîne le boulot au cimetière et je rentre tôt pour récupérer ma fille à son camp d’entraînement près d’Espalion. Ensuite on se met au travail en studio.

Rémi : Reveil à 6h : je réponds aux mails du label. 7h je réveille ma fille avec de la musique : souvent Daughters en ce moment ou William Basinski. 8h30 je file au studio. 18h je rentre chez moi, je prépare un bon plat campagnard. 19h30 : séance de danse et musique avec ma fille. Ensuite, je rebosse sur le label ou je me mate un navet.
 

Indépendant, underground, DIY : même bateau ou pas ? Ça veut encore dire quelque chose pour vous ?

Clément : Il y a une faute de frappe dans la question l’adjectif de base était « indébandant ». “underground” en lien avec mon métier de jour et “DIY” parce qu’on fabrique tout nous même dans notre atelier flottant, une péniche amarrée quelque par en Quai de Seine. Donc oui, même bateau ^^. C’est peut-être un détail pour vous mais pour moi ça veut dire beaucoup.

Rémi : Ouais ça veut dire anarchiste.
 

Comment signer sur votre label ? Vous acceptez les pots-de-vin ?

Clément : On écoute beaucoup de musique sur des plateformes comme SoundCloud, Youtube, Bandcamp ou là où des musiciens publient leurs explorations et puis il y a aussi les concerts. Mais on reçoit aussi des démos même pas forcément aboutie sur notre mail [email protected]. Ensuite on entame une discussion entre le label et les artistes pour aboutir les morceaux avec eux et fabriquer tout ce qui va autour. Pour les pots-de-vin on ne prend uniquement que du cash.

Rémi : Il n’y a pas de règle évidemment. Mais, j’ai le sentiment que la plupart des projets avec lesquels nous collaborons sont constitués de potes. C’est important d’avoir un lien humain dans l’artistique. Après, on reste totalement ouverts.
 

Le futur de la musique, c’est quoi, quand et où ?

Clément : Le futur de la musique pour moi c’est maintenant et c’est un mélange de ce qui vient avec un peu de ce qui nous précède. C’est dans les concerts mais aussi sur internet et à la radio. Le futur de la musique c’est d’être curieux.

Rémi : C’est pour moi la “fusion” des cultures.
 

Un artiste (vivant ou non) ou un album que vous auriez aimé sortir ?

R+7 de OPN
 

Votre dernière et/ou prochaine sortie ?

Adrien Pallot, Peanuts, Apollo Noir, Glass et pleins d’autres 🙂
 


 

Le nouvel EP Unhampered de Peanuts est désormais disponible ici.