Dans ton label

Dans ton label #6 : Choléra Cosmique

À côté de majors qui occupent une large partie du terrain, les labels indépendants se démènent pour faire vivre des projets à taille humaine, bien souvent à contre-sens de tout objectif commercial et lucratif. À la tête de ces projets, on retrouve des guerriers multi-fonctions aux méthodes et profils divers et variés. Aujourd’hui, on part à la découverte du tout récent label Choléra Cosmique qui démontre avec ses CDs faits-main un enthousiasme sans faille pour la délicatesse et la vulnérabilité en traversant le genre électronique sous tous ses aspects – de l’ambient introspective à la techno sous speed en passant par la synthpop torturée.
 

Pouvez-vous vous présenter ?

Je suis JR, toujours à la recherche de nouveaux projets musicaux. Récemment j’ai conçu le label Choléra Cosmique et depuis peu j’ai la chance d’avoir un énorme coup de main de la québécoise Géraldine, alias Gégé l’épervier ou encore Roger l’intrépide, qui s’occupe à distance de tout ce que je déteste : la comm et les réseaux sociaux !
 

Pourquoi et comment avoir choisi ce nom de label ?

J’ai une énorme liste de noms trouvés à droite à gauche en prévision de potentiels futurs noms de groupes ou de titres de morceaux et Choléra Cosmique en faisait partie. Je ne vais pas dévoiler d’où ça vient parce que je sens que ça désacraliserait quelque chose, je suis plutôt pudique. Mais en tout cas je trouve qu’il résume bien l’atmosphère musicale du label, sombre mais pas figée.
 

Que défendez-vous sur votre label ?

En un mot ce serait la fragilité. J’essaie de rassembler au sein d’une même entité des musiques de styles différents mais à la même couleur mélancolique et généralement sombre. Et plus la musique est fragile, voire bancale, plus ça me plait. L’autre grosse partie c’est que je sors ces musiques en un objet tout aussi fragile. J’en fais des CD où tout est fait main de A à Z. C’est-à-dire que je découpe la jaquette, j’imprime et colle les visuels, je grave et imprime le CD et je clos l’objet avec un superbe cachet de cire. Ça prend un temps fou, mais c’est beau et chaque édition a son propre caractère grâce à ses défauts.
 

Quels morceaux résument au mieux la politique de votre label ?

Wow je vais me permettre d’en choisir un de chaque sortie, car comme on prône le pluri style ça me semble plus juste :

Romance Mature : “Perfecto” pour le love.
PISCES DEATH : “Cyclotron” pour courir nu sur l’A8.
MΩment : “Waterfalls” pour bosser.
A444 : “Cendres d’Illusion” pour le massage de cerveau.
 

Votre plus gros succès jusqu’ici ?

Ça fait trop peu de temps qu’on existe et nous ne sommes pas bâtis pour faire des succès, mais on va dire que PISCES DEATH et Romance Mature se tirent la bourre.
 

Quelle est votre journée type ?

C’est plus une semaine type où un jour je vais découper les pochettes, l’autre imprimer et coller les visus, un autre cacheter (c’est trop chiant), etc. Entre temps il y a des écoutes de groupes, puis la semaine de précommande c’est une semaine excitante où l’appart se transforme en taudis et où l’organisation n’a plus sa place. J’adore !
 

Indépendant, underground, DIY : même bateau ou pas ? Ça veut encore dire quelque chose pour vous ?

A vrai dire je n’ai jamais compris ce que ça voulait dire et je n’y prête pas attention. Tout est devenu mot valise où il n’y a plus d’essence et où tout se confond. Comme pour les styles musicaux, ça sert juste d’étiquette pour élaguer un peu mais ça s’arrête là. Par exemple nous nous disons label pour uniquement faire comprendre vaguement ce qu’on est mais si on avait 3h devant nous je t’expliquerai que Choléra Cosmique n’est pas un label mais autre chose. On l’utilise comme raccourci.
 

Comment signer sur votre label ? Vous acceptez les pots-de-vin ?

Y a pas de formules. Faut juste que la musique possède la même teinte Cholérienne Cosmiquienne et que les zikos s’en foutent du fric et de la notoriété. C’est humain plus qu’autre chose donc il faut qu’on se comprenne sur l’âme du projet. Les-pots-de-vin sont acceptés que sous la forme d’achats de CD d’autres zikos de Choléra !
 

Le futur de la musique, c’est quoi, quand et où ?

Le futur est un peu trop incertain (surtout en ce moment), mais je crois toujours en la matérialité de la musique. C’est évident que la musique dans les nuages est une révolution et qu’elle est devenue la norme mais je sens que l’objet musical, s’il est exploré de manière artisanale et authentique a un potentiel énorme. Personnellement, si j’adore un album je vais de plus en plus chercher à l’avoir en physique et s’il y a en plus une recherche sur l’objet alors là c’est l’orgasme.
 

Un artiste (vivant ou non) ou un album que vous auriez aimé sortir ?

Il me faudrait quatre jours pour choisir mais là il faut que j’aille me cuire du riz. Si les Thieves Like Us de leurs deux premiers albums voulaient revenir à leurs origines sur Choléra… Sinon j’adore un Etats-Unien, Oldboy qui se fait aussi appeler Telepath (“Last Transmission” : la plus belle boucle du règne animal). Tiens faudrait que j’ose le contacter…

Je vais me permettre de dire aussi Kellarissa, Ocean Electro est ma plus grosse claque de ces dernières années. Larissa if you read this, write to me! ?
 

Votre dernière/prochaine sortie ?

Les deux dernières furent High Altitude de MΩment et Le Bûcher des Incohérences d’A444, deux albums ambient aux styles différents. La prochaine sortie n’a rien à voir et c’est ça qui est bon : Cuerpos Cósmicos, de la dream pop aérienne, c’est un gros coup de cœur j’ai hâte !
 

High Altitude de MΩment et Le Bûcher des Incohérences d’A444 sont disponibles ici.