A l’heure où les drones filment les rues de Paris vidées de ses habitants, le duo 2PanHeads a imaginé la bande-son de sa vision de la fin du monde. Alors que la race humaine vient de s’éteindre, naît une histoire d’amour loufoque entre un cafard survivant et l’illustration d’une boite de conserve. L’un représentant un indésirable, l’autre un détail auquel l’Homme n’a jamais vraiment prêté attention. Il faut préciser que les deux musiciens ont eu longuement affaire à ces nuisibles et qu’ils en sont (presque) devenus experts. Pour poser des images sur ces mots, ils se sont filmés à leur tour en confinement, par caméras interposées et le résultat est attrayant : on imagine les pattes minuscules du cafard à l’écoute de l’arpège de guitare et l’on est absorbé par ce ronronnement lancinant et réconfortant.
En se levant le matin ou en rentrant en pleine nuit, c’est devenu une routine de tomber nez à nez avec une famille de cafards qui se baladent sur les meubles de la cuisine, dans le micro-ondes, dans le frigo… Au début on sursaute et puis ça devient banal. On a beau les claquer, on sait qu’ils seront toujours plus. Ce qui est drôle à imaginer, c’est que le jour de la fin du monde, ce sont certainement eux qui nous survivront. On imagine alors l’un d’entre eux, survivant esseulé, grouillant sur un sol d’une civilisation disparue, découvrir un vestige abandonné de ce qu’il reste de l’Homme, une boîte de conserve entamée sur laquelle le visage d’un petit garçon sourit, se délectant du produit qui naguère gisait au fond de cet emballage. Le cafard émerveillé, tombe amoureux de cette petite tète blonde qui lui sourit. Cette balade est la chanson d’amour entre le blattoptère et cette publicité faisant office de dernier vestige de notre humanité.
Leur nouvel EP Moscow & Jerusalem est disponible ici via Coco Machine.