En Quêtes

En Quêtes #6 : Lee-Ann Curren

Il est étonnant de constater à quelle vitesse s’effacent les grandes vagues qui, un temps, soulèvent l’histoire du monde. – Olivier Rolin.

Pour ce nouvel “En Quêtes”, on a pris rendez-vous avec les vagues. Pas celles dont on entend parler à longueur de journées actuellement, mais celles, bien plus inspirantes et réjouissantes de Lee-Ann Curren, double championne d’Europe de surf (entre autres) et surtout l’auteure de Shapes, Colors, son premier EP.

Parce que la Franco-Américaine ne maîtrise pas que les vagues. Ses quatre morceaux, composés pour leur majorité au Pays Basque et concrétisés à Londres avec le producteur Alan O’Connell (Metronomy, Duran Duran…), parviennent à plonger leur auditeur dans un univers pop côtoyant aussi bien le rock que l’électronique. Mention spéciale aux teintes psychédéliques de “Conversations (Lightyear)” et ses bondissements synthétiques en fin de morceau, probablement notre coup de cœur de cet EP – l’ensemble engendrant un patchwork d’émotions véhémentes et déroutantes.

Il faut dire que la musicienne n’en est pas à son premier essai : si elle a débuté adolescente au sein de la formation Core-Nichons (avec laquelle elle fera la connaissance de Sacha Got, fondateur de La Femme), on a pu la retrouver dans le groupe Betty The Shark jusqu’en 2017 et épisodiquement dans le milieu du cinéma en tant que réalisatrice de documentaire et de bande-son. Curieux d’en savoir davantage, on lui a envoyé nos questions sobrement existentielles.
 


 

Qu’aimerais-tu apporter comme questionnement(s) au travers de tes créations ?

J’aimerais créer avec ma musique un monde qui garde du mystère et dans lequel on est traversé par des émotions sans vraiment comprendre pourquoi.
 

Qu’aimerais-tu voir évoluer dans notre société, dans le regard qu’elle porte à notre monde ?

Je sais que personnellement je me sens mieux si je suis au contact de la nature. Dans un environnement où les gens se respectent, ont de l’empathie les uns envers les autres mêmes s’ils sont différents ou en désaccord.
Donc j’imagine une société moins basée sur la compétition, où on détruit moins la nature et où chacun peut exprimer ses qualités.
 

Pourquoi l’évasion que procure la musique, et l’art de manière générale, est essentielle selon toi ?

Cette évasion est essentielle pour moi car c’est le moment où on peut se laisser aller et se souvenir de ce qui est important. On a des moments de clarté grâce à l’art et la musique, un mélange de questionnements “intellectuels” et de connection primitive et spirituelle à un rythme et une mélodie, les fréquences du son. C’est un besoin humain.
 

Qui t’inspire par ses valeurs, sa voix ?

Cat Power, Saul Williams, Joni Mitchell
 

De quoi es-tu en quête ?

J’essaie de toucher à tout le plus possible en ce qui concerne ma musique et le reste. D’apprendre tous les jours pour pouvoir faire un maximum de choses moi même. Même s’il est indispensable de savoir collaborer et travailler avec les autres, j’aime la liberté que procure le fait d’apprendre à faire quelque chose soi même . En plus on est dans une bonne période pour regarder pleins de tutos sur YouTube.
 

Quel est ton geste engagé au quotidien ?

Je me fais confiance, et n’accepte pas de situations qui me mettent mal à l’aise, dans ma vie professionnelle et la vie de tous les jours.
Et j’ai arrêté la viande rouge il y a quelques temps, donc me réfréner quand je passe devant chez le boucher.
Et j’essaie de rire un peu de moi même au quotidien 🙂
 

On te laisse clôturer cet entretien par une citation et un morceau qui pour toi reflètent ce que l’on a évoqué jusque là.

Joni Mitchell, “Both Sides Now” :

It’s life’s illusions I recall
I really don’t know life at all


 

Son premier EP Shapes, Colors est disponible ici via Bellevue Music.