Interviews

Si la vie te donne des citrons, fais comme Ko Ko Mo

Photo : Jean-Marie Jagu

Depuis notre première interview des Ko Ko Mo en mai 2018, le duo nantais n’a jamais appuyé sur le bouton Pause. Près de deux ans après la sortie de Technicolor Life et suite à une tournée de plus 250 dates, c’est sans l’ombre d’une fatigue passagère que Warren Mutton et K20 dévoilaient leur second album intitulé Lemon Twins en mars dernier. Dix nouveaux titres cinglants pris comme des instantanés – soit autant de shoots d’adrénaline que l’auditeur doit s’accaparer – démontrant de nouveau la complémentarité des musiciens. Si les couleurs se veulent plus éclatantes et la production plus moderne, le fond demeure intact et sans fioritures : du rock, du punch et une bonne dose de savoir-faire. À l’occasion de la release party de l’album au Point Éphémère, on en a profité pour prendre quelques nouvelles de l’un des duos les plus efficaces du rock français d’aujourd’hui.
 


 

Le Bombardier : Vous n’avez même pas pris une semaine de vacances entre ces deux albums ?

K20 : Cinq jours ! On ne s’arrête pas, on est toujours dedans.
 

L’album est sorti il y a deux mois, comment vivez-vous son accueil jusqu’à présent?

K20 : De bons retours, on est fiers de cet album.

Warren : On est fiers de ne pas avoir choqué ceux qui aimaient le premier. C’est toujours la grande problématique quand tu fais un album, il faut innover mais pas trahir non plus.

K20 : On a eu de bons retours sur le son, sur la pochette, les clips.
 

Les jumeaux citrons. Par rapport à cet aspect fraternel, j’ai lu que l’enregistrement de cet album vous avait convaincu de n’être que deux. Vous pouvez développer?

K20 : Il y a beaucoup plus de nous dans cet album parce qu’on l’a mixé à deux, puis à trois avec Damien Bolo (Hocus Pocus, Shake Shake Go, ndlr) qui lui a les machines et le métier. Nous on avait les oreilles.

Warren : Avant même de choisir Damien, on savait qu’on voulait avoir la main sur le mix. Il fallait qu’on trouve quelqu’un qui soit disponible, plutôt dans le coin et qui fonctionne de manière instinctive, un peu comme nous. Et que ça ne l’énerve pas d’avoir deux connards derrière son épaule qui lui disent quoi faire.

K20 : Il était à Nantes donc on a eu la possibilité d’aller chez-lui tous les jours pendant une semaine, pour peaufiner les choses. Peut-être qu’on fera mieux ou différemment pour le troisième.

Mais en tout cas c’est clair qu’il y a plus de nous dans cet album.

 

Vous êtes souvent dans un rapport assez rapide, où lorsque vous parlez des personnes qui travaillent avec vous, vous dites qu’elles travaillent vite. C’est important pour vous ce rapport à l’immédiateté?

Warren : C’est peut-être une manière de cacher le côté « princesse » des artistes qui ont un égo parfois difficile à ranger. Ça garde la spontanéité.

K20 : C’est vrai qu’on est assez rock’n’roll pour ça. On ne passe pas trois jours sur un son de grosse caisse par exemple. Je respecte les gens qui le font si tu veux. Les prises de guitares pour l’album ont été très rapides aussi, alors il y a eu des couacs et des couics mais on ne les entend pas, et c’est bien qu’il y ait de la vie dans l’album comme sur scène. On ne passe pas mille heure sur une intro, la batterie ce n’est pas grave s’il y a un coup de baguette en trop. Et c’est ce qu’on retrouve chez Damien et Leïla Bounous. C’est rock’n’roll, on a le micro et c’est parti quoi.
 

Est-ce qu’il y a un morceau qui vous a fait galérer plus qu’un autre? Par rapport à la composition ou même au mix?

Warren : Déjà ce qui est marrant c’est que le morceau “25 Again” sur lequel chante Leila, on ne savait pas si ça allait être un morceau. À la base on avait plus ou moins prévu une interlude de mandoline puis comme on avait déjà travaillé avec Leila et qu’on avait adoré ce qu’elle faisait, c’était évident qu’elle prenne sa part de dialogue de ce petit garçon qui parle à sa maman dans la chanson. Et c’est devenu un duo.

K20 : Je me souviens que lorsqu’on était en tournée au Japon, on avait laissé les pistes de “Self Love Age” à Damien. Il a commencé à mixer le morceau et nous l’a envoyé. Ça a mis du temps pour qu’il comprenne ce qu’on voulait exactement. C’était compliqué au début mais une fois que c’était parti, c’était bon.
 


 

Je ne sais pas si j’arriverai à vous le faire admettre, mais je sens un aspect politique dans certaines de vos chansons même si vous affirmez le contraire. Quand on fait un clip sur Trump, c’est déjà partiellement engagé…

Warren : Forcément, mais on ne donne pas de leçons sur comment traiter le problème de Trump. Le morceau parle juste du fait qu’il est là mais qu’on continuera à danser, surtout quand il va se barrer. Ça ne va pas plus loin que ça. On a aussi déjà joué pour des causes humanitaires mais ça c’est différent. Bien sûr que si le mouvement En Marche nous demandait de faire un concert, on refuserait.

Pas forcément parce que c’est eux particulièrement, mais parce qu’on ne veut ni être politisés, ni montrer pour qui on vote, ou pas d’ailleurs.

 

Comment adaptez-vous ce nouvel album sur scène? Vous travaillez encore dessus?

K20 : C’est des rodages à chaque concert. Comme on est deux, on ne répète pas. On change des intros, l’ordre des morceaux, on…

Warren : On se fait peur. On prend des risques. On essaie de ramener un peu le danger qu’il y avait sur l’ancien set dans le nouveau. C’est ce qui nous anime et c’est ce qui fait qu’on ne s’emmerde pas, aussi.

K20 : Il va nous falloir encore quelques dates avant que le set soit rodé, même s’il ne l’est jamais entièrement parce qu’on fait beaucoup d’impro. On travaille aussi beaucoup sur l’apport d’énergie dans notre set. Pour qu’on ne soit pas rincés dès le quatrième morceau. Là on commence à avoir chopé le rythme.
 

Vous jouez des morceaux du premier album?

K20 : À la release party de Nantes le 6 avril, on a fait quelques morceaux pour les copains et pour nous aussi. Mais au fur et à mesure des dates on se rend compte que c’était l’histoire d’avant. On garde “Hard Time” et “Personal Jesus” en anciens. C’est des morceaux un peu plus free, que les gens aiment bien et qu’on aime bien jouer aussi.

Warren : Tant qu’on ne fera pas de grosse tête d’affiche de festivals où l’on nous demandera de jouer deux heures, on va avoir difficilement le temps de jouer les anciens morceaux, il y a ça aussi. En ce moment on nous demande des formats d’une heure donc on a envie de montrer nos nouveaux morceaux.

K20 : Même si on n’était pas forcément trop lassés de jouer les anciens morceaux. Il y a une évolution.
 

Toujours pas lassés avec les 250 dates que vous avez faites?

K20 : Et bah non écoute !

Il y a même des morceaux pour lesquels on se dit « Oh putain on ne va plus les jouer ! »

 

On les rejouerait bien encore 300 fois !

Warren : Techniquement, je crois qu’il y a eu beaucoup plus que 250 dates. On a fait presque 500 concerts ensemble depuis qu’on joue avec K20. Il y a des morceaux qui n’ont pas été mis sur EP ou album mais qu’on jouait déjà avant, donc ces morceaux-là on les joue depuis trois ans.

K20 : Et pas saoulés tu vois ! C’est la joie d’être deux et d’improviser !
 

Lorsqu’on parle de Ko Ko Mo on évoque souvent des références 70’s un peu vieillottes, écoutez-vous du rock d’aujourd’hui?

K20 : Bonne question !

Warren : Maintenant, oui. On a croisé quelques groupes sur la route qui nous ont laissé sur le cul. Mine de rien. Ça fait plaisir parce que ça faisait longtemps que ce n’était pas arrivé. On pense à The Psychotic Monks, Lysistrata, Make-Overs… On sent qu’il y a vraiment un nouvel essor aujourd’hui, c’est positif.
 

Qu’est-ce que qu’on peut vous souhaiter pour l’avenir?

K20 : Toujours aimer jouer ensemble. Que les gens viennent de plus en plus en concert. On vous prépare un troisième disque dans deux ans qui sera encore mieux que tout le monde. Des projets, des envies.

Warren : Qu’il y ait toujours autant de création, de dangers, et de choses inachevées. Et que ça nous déstabilise.
 

Lemon Twins est disponible via LMP Musique.

Vers toutes les plateformes

Ko Ko Mo en concert :
05/07 : REVELLES – Festival Rock R4
06/07 : ST COLOMBANT – Megascène
11/07 : ANYKSCIAI – Devilstone Festival (Lithuanie)
14/07 : MONTS – Terres Du Son
16/07 : LES SABLES D’OLONNE – La Déferlante
19/07 : DIEULOUARDE – Summer Fest
20/07 : IDAR-OBERSTEIN – Rock Im Daa (Allemagne)
31/07 : SAUMUR – Les Grandes Tablées
01/08 : LA BOURBOULE – Square Joffre
03/08 : MALESTROIT – Pont Du Rock
08/08 : ST-JEAN-DE-MONTS – La Déferlante
10/08 : CLOHARS-CARNOËT – Rock-Land Festival
13/08 : ST-GILLES-CROIX-DE-VIE – La Déferlante
15/08 : BREST – Les Jeudis Du Port
17/08 : SAILLAT-SUR-VIENNE – Les Cheminées Du Rock
22/08 : NIORT – Les Jeudis Niortais
23/08 : PORNIC – La Déferlante
31/08 : LA POMMERAYE – The City Trucks Festival
05/09 : RENNES – Le Diapason – Campus
07/09 : ROTTERDAM – De Nacht Van De Kaap Fest (Pays-Bas)
20/09 : GRANDVILLIERS – Arthur’s Day Festival
21/09 : LE MANS – Forum Des Jeunes
27/09 : PLAILLY – Parc Asterix