En Quêtes

En Quêtes #3 : DeSaintex

Photo : Parpaing Studio

Il y a un autre monde mais il est dans celui-ci. – Paul Eluard

Il n’y a de quête que si nous aspirons aux besoins d’idéaux, tant essentiels que superflus. La décadence d’un monde peut être une chance à saisir, où la beauté d’un désordre suscite une transformation à ne pas négliger. Lorsque l’incertitude terrasse, le moment de se lever n’en est que plus naturel. Façonner un questionnement, éveiller ses convictions, de quelconques formes en devient existentiel. Au travers d’En Quêtes, nous donnons la parole à ces créateurs qui font de leurs arts le miroir d’une lutte quotidienne. On a eu besoin d’écouter ceux qui nous font penser, nous permettent de nous évader.

Nous donnons aujourd’hui la parole à DeSaintex, un visage rêveur de la nouvelle scène française, le charme d’une pop à laquelle nous ne pouvons résister. Découvert grâce à Je vois, je crois, un premier EP tant intriguant que singulier, nous attendions depuis le retour de l’artiste avec une impatience certaine.

En mars dernier, à l’aube d’un confinement que nous n’imaginions pas encore, Effigies fut révélé, un second EP pour lequel nos cœurs s’emballent. On retrouve cette voix affirmée, espiègle, avec laquelle DeSaintex nous embarque dans sa quête d’absolu. Il conte un chemin, d’une sincérité frappante et enivrante, autour de titres tels que “Faut Pas Rêver” ou encore “Pas à Pas” qui est notre réel coup de cœur de cet opus. Le visage que nous voyons ici, est un de ceux que nous suivrons et il n’a pas fini de nous surprendre en chemin. Il a dévoilé il y a quelques jours une pépite inattendue, un remix de “Faut Pas Rêver” concocté par le DJ parisien Zimmer. Dans cette ode dansante, illustrée de bribes visuelles capturées dans la baie de Naples en août dernier par DeSaintex lui-même, on se laisse électriser par l’association de ces deux talents. En attendant de le retrouver sur la scène du Pop-Up du Label le 8 octobre prochain (et oui, enfin un concert : event), on se rassemble autour de ses mots.
 


 

Qu’aimerais-tu apporter comme questionnement(s) au travers de tes créations ?

Je ne conscientise pas ce que je compose et ce que j’écris donc c’est difficile de répondre à ça. Néanmoins la musique est un langage en soi donc, collée à des mots, elle crée des passerelles inattendues et, en cela, elle créée des intrigues, résolues ou non.
 

Qu’aimerais-tu voir évoluer dans notre société, dans le regard qu’elle porte à notre monde ?

Selon moi, l’époque est vraiment hystérique. J’ai vraiment la sensation que nous sommes dans une course vers rien. J’aimerais qu’on puisse ralentir et revoir notre échelle de valeurs.
 

Pourquoi l’évasion que procure la musique, et l’art de manière générale, est essentielle selon toi ?

Pour les raisons que j’ai mentionné juste avant : il faut poser le pied, s’émerveiller, redonner de l’importance au temps, à la matière. C’est le meilleur outil en dehors de la nature.
 

Qui t’inspire par ses valeurs, sa voix ?

Je dois avouer que tout le discours qui traverse l’album Good Kid Maad City de Kendrick Lamar m’a vraiment parlé. En France je suis vraiment admiratif de ce qu’a fait Flavien Berger. Réussir à s’imposer tout en douceur.
 

De quoi es-tu en quête ?

D’amour, de sérénité, d’inspiration.
 

Quel est ton geste engagé au quotidien ?

J’essaie de ne pas ajouter du bruit au bruit, d’être bienveillant. Et puis il y a quelque chose d’engagé à choisir la musique. C’est quand même l’opposé de ce qu’on nous pousse à faire.
 

On te laisse clôturer cet entretien par une citation et un morceau qui pour toi reflètent ce que l’on a évoqué jusque là.

Faut blaser les blasés, zigzaguer tel Zizou – Mc Solaar, “Zig Zag de l’Aisé”

Heavy Seas Of Love” – Damon Albarn.
 

Son nouvel EP Effigies est disponible ici.