A deux, le pianiste Antoine Flipo et le batteur Martin Grégoire forment le duo belge Glass Museum. S’ils se connaissent depuis l’école primaire, ce n’est que bien plus tard au cours d’une soirée étudiante, qu’ils se découvrent des passions communes pour la musique classique, jazz et électronique.
Avec un premier EP intitulé Deux se développant autour d’une complémentarité sans faille, Glass Museum produit un mélange rare et immersif d’influences diverses rappelant tour à tour Aufgang, Nils Frahm ou encore Jon Hopkins. Sur ces six titres comme sur scène, les deux compères se confrontent face à face, l’un et l’autre incarnant alternativement le calme et la tempête, s’accordant et se défiant au fil des mélodies et des rythmes qu’ils construisent.
S’ils confient vouloir se lier davantage à la musique électronique (ils ont joué en première partie de Rone à l’Ancienne Belgique en mai dernier et ont sorti des remixes de leurs morceaux par DC Salas, Monolithe Noir, Haring…), les deux musiciens ont surtout pour maître mot de transmettre des émotions en passant par un langage instrumental et universel. Une langue qui leur est propre, frôlant une fragilité à fleur de peau et qui peut éclater à tout moment, comprenant que les instruments classiques peuvent bouleverser un public autant que des synthétiseurs peuvent faire vibrer un dancefloor à l’unisson.
On a rencontré le duo à quelques heures de son concert sur la place du Mont des Arts lors du Brussels Summer Festival en août dernier pour leur poser quelques questions.
Le Bombardier: Vous finissez une tournée estivale à travers la Belgique, comment ça s’est passé?
Antoine : C’était très différent à chaque date.
Martin : Un concert n’est jamais l’autre. Je pense que les plus belles dates de l’été ont été celles qu’on a faites à Berlin à la Funkhaus et au Fusion Festival. Aujourd’hui on fait le BSF !
Comment était l’accueil en Allemagne?
Antoine : C’était incroyable. Les gens étaient tellement gentils. Bien plus personnels par rapport à ici ou de temps en temps ça peut être un peu mécanique e. Là tu as l’impression d’être accueilli pour qui tu es vraiment, c’est cool.
Martin : En Belgique on a toujours des bons accueils, on n’a pas à se plaindre.
Antoine : Oui oui, mais je veux dire que là-bas, tu avais l’impression que tu pouvais encore papoter avec les personnes…
Martin : Le contact était très personnel avec tout le monde.
C’est important pour vous de ne pas avoir de samples et de tout jouer en live?
Martin : Pour le moment, oui. Par rapport à nos compositions actuelles on est contents de pouvoir tout faire en live pour des raisons de feeling, pour ne pas être calibré sur un tempo qui doit être défini au début du concert et pouvoir vraiment avoir la liberté du direct.
Après, on ne serait pas contre évoluer vers quelque chose de plus calqué et pouvoir amener des couleurs plus électroniques.
Antoine : Je pense que ça va vraiment dépendre de la manière dont on va travailler dans les mois qui suivent. On va peut être pencher sur un deuxième EP ou album on ne sait pas encore. Mais ça va être quelque chose de différent. On verra après comment l’adapter en live et si l’ajout de sample se justifie à ce moment là ou non.
Vous parliez d’ailleurs de l’achat d’un synthé Prophet…
Antoine : Je pense qu’il faut chercher les sonorités pour avoir un truc un peu plus personnel et ça se fera par l’intermédiaire d’achat de synthés différents oui, mais aussi par le travail sonore en studio avec des sons acoustiques. Je pense à des voix, à des cuivres, n’importe quoi qu’on puisse enregistrer et ensuite balancer sur scène en mode sample. On est encore en questionnement par rapport à ça.
Vous jouez toujours avec votre installation de miroirs et de verre ?
Martin : Justement, aujourd’hui, on l’aura. Comme l’installation technique le permettait, on a fait venir la scénographie, ce qui implique un ingé light et deux techniciens en plus sur scène. Et une heure top chrono pour tout installer donc ça va être le challenge du jour !
Antoine : C’est la deuxième fois qu’on va jouer avec aujourd’hui.
Vous avez demandé à plusieurs producteurs qu’on aime bien de remixer les morceaux de votre EP Deux. Vous comptez le sortir?
Antoine : On aimerait bien le sortir. Ils sont sur SoundCloud pour le moment mais ça serait cool de faire une version extended de l’EP. On doit encore en reparler.
Martin : A voir si on fait une sortie officielle ou pas.
On pense beaucoup à des musiques de films quand on écoute votre EP et vous parliez dans une interview de synesthésie. Vous pensez que tous les arts peuvent se rencontrer en un seul lieu et moyen?
Martin : La démarche qu’on a pour le moment est uniquement musicale mais on s’est déjà dit que ça pouvait être intéressant de travailler avec du cinéma ou un peu comme le fait Chassol qui projette des images sur scène en étant face à face avec son batteur. Il rejoue toutes les voix sur son synthé et c’est vraiment tout un jeu avec le cinéma en live. Je pense qu’entamer des projets multi-arts c’est quelque chose dans lequel il faut se plonger à 100%. Comme Gogo Penguin où ils ont fait toute la BO d’un film des années 50. C’est intéressant.
Antoine : Je me suis toujours aussi imaginé de la danse contemporaine avec une seule personne entre nous deux, ça pourrait être vraiment stylé.
Martin : Pink Floyd a fait la BO d’un ballet de deux heures où ils jouaient derrière. Je trouve que c’est chouette quand dès le début la composition est là pour servir le spectacle.
Il me semble que vous avez trouvé un booker en France, quand est-ce que vous pensez venir?
Martin : On joue au Nancy Jazz Festival en octobre et on a d’autres dates qui arrivent !
Quelle est la prochaine étape pour Glass Museum?
Antoine : Beaucoup de recherche. On va se faire plaisir, aller en studio, on va travailler. Essayer de composer. Peut-être entamer un projet qui sera différent du premier EP.
Martin : En fait on aime bien les EP’s concepts et on penche plus sur un format 4-titres pour la suite.
Antoine : Il y a une idée qui est en train de se développer tout doucement. On réfléchit et je pense que ça peut être vraiment chouette.
Martin : Aussi, par rapport au premier, toutes nos compos partaient du live pour ensuite être enregistrées. Ici on voudrait peut-être faire l’inverse. Partir du studio pour ensuite l’adapter sur scène. Il y a plein de possibilités qui sont ouvertes pour le moment.
Vous avez des idées ou des envies de collaborations particulières?
Martin : Des collaborations, on en a quelques unes en tête mais on ne va pas en parler trop vite.
Antoine : Parce que justement ça fait peut-être parti de notre projet à venir..!
Martin : Mais sinon une collaboration de rêve, ce serait avec Chapelier Fou, why not.
Vous avez le temps d’écouter de la musique en ce moment? Des petits projets français que vous avez découverts récemment?
Martin : Ah, plein.
Antoine : On aime bien Ropoporose. Lysistrata, Chapelier Fou qu’onon l’a vu en live récemment et où on s’est repris une claque. Rone qu’on adore. Et laisse-moi chercher sur mon téléphone… Une belle découverte française, c’était LAAKE ! Terrible ce qu’il fait.
Deux de Glass Museum est disponible via JauneOrange.
Glass Museum en concert :
20.09.18 : REEPERBAHN – HAMBOURG – DE
29.09.18 : NUITS SONORES – BOZAR – BRUSSELS – BE
03.10.18 : LE ROMANDIE – LAUSANNE – CH
05.10.18 : ZIK ZAK – ITTRE – BE
10.10.18 : NANCY JAZZ PULSATIONS – NANCY – FR
11.10.18 : NANCY JAZZ PULSATIONS – NANCY – FR
19.10.18 : AB CLUB – BRUXELLES – BE
09.11.18 : NOV’ A – BRAINE LE COMTE – BE
22.11.18 : MJ RECOLLET – VERVIERS – BE