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]]>Faut-il encore présenter Dombrance ? Moitié du duo DBFC et producteur émérite, voici maintenant un an qu’il sillone les routes avec son projet 2.0. Résolument club dans l’orientation, Dombrance a fait le pari un peu fou de faire danser les gens en conviant les politiciens sur scène grâce à son vidéaste fétiche Olivier Laude. Si “Raffarin” a été sa première victime, tout le monde en prend pour son grade : Fillon, Copé, Poutou, Taubira ou encore Giscard d’Estaing, Dombrance souhaite avant tout qu’on parle de sa musique et de l’universalité qu’elle dégage. Il nous a reçu dans son studio pour répondre à quelques questions avant son prochain live parisien à La Maroquinerie le 22 novembre.
Bertrand Lacombe : J’ai tout fait par défaut. Je ne me suis pas posé en réfléchissant au projet, en me disant « je vais faire ça et ça ». Tout s’est imbriqué de façon hyper spontanée et énigmatique. Une fois que l’idée a germé dans ma tête, tout a été très rapide. Je savais comment je voulais m’habiller, comment présenter le personnage et tout ce qu’il y a autour du projet.
Je joue un album sur scène mais je ne l’ai pas encore sorti. J’attendais de trouver des partenaires mais en fait j’ai pris beaucoup de plaisir à sortir les choses tout seul. Ca a bien marché tel quel donc je continue tel quel. Je vais sortir “Fillon” un peu avant La Maroquinerie. J’ai aussi le titre “Obama” qui va sortir avec le label de Yuksek sur une compile. J’apprécie que personne ne me dise ce que je dois faire et de travailler avec des gens de talent avec qui je m’amuse beaucoup.
L’album français est fait. L’année dernière on m’avait commandé Jack Lang et j’ai sorti “Obama-Trump”, comme je ne fais jamais ce qu’on me demande. C’est sorti aussi spontanément que quand j’ai fait “Fillon”. C’est à dire que j’ai commencé un morceau et j’ai commencé à chanter “Obama” dessus et ça marchait bien. À la fin, je me suis retrouvé avec une espèce de monstre qui dure quinze minutes : je le garde en entier pour plus tard mais j’en ai extrait le titre “Obama”. Il n’y a pas longtemps, Bufi, qui est un ami et super artiste mexicain est passé en France et est venu me voir au studio. On a parlé de mon projet puis du président mexicain. Il me disait que c’était un peu comme Mitterand, c’est à dire que ça faisait 40 ans que la gauche n’était pas passé au pouvoir au Mexique, il y avait beaucoup d’attente et ils se sont rendus compte au final qu’il était complètement zinzin. Ça m’a beaucoup plu, j’avais une instru, et ce qu’il me racontait me parlait. En trois heures, on a fait le morceau, il a tout chanté. C’était marrant parce que c’était la première fois que je faisais un featuring et il a apporté plusieurs idées. Le président mexicain s’appelle Andrés Manuel López Obrador, déjà le nom est très long donc c’est super. Son diminutif c’est AMLO, et puis il a un surnom, El Peje. J’ai trouvé cette expérience géniale, j’ai vraiment kiffé de travailler avec un artiste étranger qui parle d’un politicien de son pays et je me suis dit que le concept pouvait super bien marcher en faisant participer des gens de tous les pays. Je trouve que l’idée est un peu plus inclusive et qu’elle correspond encore plus à mon envie d’universalité.
Il y en a que je n’ai vraiment pas envie de faire. En fait, c’est vrai que la frontière est mince entre pourquoi je fais Fillon et pas Wauquiez mais le fait est que Wauquiez ce n’est pas possible et Fillon m’a semblé rigolo quand je l’ai fait. Après, je dis souvent que mon projet est une dictature où je suis mes propres règles. C’est personnel. Je n’ai pas envie de passer ma journée à faire un morceau sur Marine Le Pen par exemple. Puis il y en a d’autres qui m’amusent, j’arrive à trouver un angle. Il faut que ce soit naturel aussi. Dès que je m’impose quelque chose, ça ne marche pas. Si on me dit de faire intel, ça bloque alors que si je laisse libre court à ma créativité dans mon studio, quelque chose germe et il y a toujours un rapport un peu particulier qui arrive entre le politicien et la musique. Il y a un angle qui se crée et c’est ça qui me plait parce que même si finalement on parle beaucoup de l’aspect politique, ce qui m’intéresse le plus c’est la musique. L’intérêt de mon projet, c’est ce que je peux offrir musicalement. C’est un projet où je laisse beaucoup de place à la musique parce que c’est elle qui apporte un angle et un point de vue. Et évidemment Olivier Laude avec ses artworks. J’ai eu la chance de le rencontrer et on est en train de travailler sur Fillon en ce moment, c’est fou rire sur fou rire, c’est un plaisir incroyable de travailler avec lui. Pour moi il fait partie intégrante du projet. J’en suis même à faire des morceaux juste pour me demander ce que pourrait faire Olivier dessus, c’est un kiff ultime.
Les politiciens eux-mêmes, non. J’ai vu passer des gens de partis qui pouvaient en parler, mais je pense que ce n’est pas encore assez connu pour. J’ai qu’une seule anecdote, où quelqu’un m’avait demandé “Fillon” pour le jouer en DJ set, mais apparemment il y a eu une furie qui est arrivée et qui a voulu arrêter le morceau en disant que c’était inadmissible. Je pense que la plupart des gens comprennent ma démarche et que ça les fait marrer. J’imagine qu’il y a des gens qui ne la comprennent pas mais tant pis, ça peut arriver. Je respecte totalement. On ne peut pas plaire à tout le monde.
Dombrance, c’est un nom que je traine depuis plus de quinze ans maintenant. Je n’ai jamais arrêté de faire des choses en tant que Dombrance. Même pendant DBFC, j’ai dû faire une bonne quinzaine de remixes sur cette période. Justement, j’étais plus actif sur le côté club, donc musicalement le projet que je fais actuellement est assez logique. Le projet en tant que tel, comment on passe de ça à ça, je ne l’ai pas choisi. Ça m’est arrivé dessus, je n’ai pas trop compris ce qu’il s’est passé et c’est allé assez vite. C’est à dire qu’entre le moment où j’ai composé mes morceaux et le moment où on m’a dit que j’étais programmé aux Trans Musicales, il y a peut-être eu un mois et demi, ce qui est complètement dingue. J’étais programmé dans un hall, je n’avais pas d’autre choix que d’aller au bout de ma connerie.
Carrément. Comme c’est un projet électronique, c’est un peu plus simple qu’avec un groupe. Il faut vachement de temps pour arriver à être content sur scène.
C’est totalement le but, j’ai vécu ça quand j’ai joué en Allemagne ou aux Etats-Unis et ça me fait beaucoup rire d’ailleurs. J’ai joué devant des gens qui ne comprenaient absolument rien à ce que je pouvais raconter mais qui dansaient. Le but principal c’est ça, si tu enlèves le thème de ce projet, il faut que les gens dansent sur la musique tout simplement.
Si je fais ce projet, ce n’est pas innocent. La politique m’a toujours énormément intéressé. Comme beaucoup de gens, je suis sensible à ce qu’il se passe dans notre société et dans le monde aujourd’hui. Je pense que pour moi, c’est un moyen d’exprimer certaines choses à ma manière. Justement, il n’y a pas de discours, le projet n’est pas politique.
En revanche je défends des idées d’ouverture, de liberté, de danse, de musique, d’art. Je pense que la culture est la seule façon de répondre aux problèmes qu’il y a aujourd’hui. Faire de la musique et faire danser les gens, c’est quelque chose d’extrêmement important, on met tout ça au second plan mais c’est une connerie.
Pour revenir à l’idée de travailler avec des musiciens d’autres pays, c’est que je crois qu’on est tous pareils. On est dans une société aujourd’hui où l’on s’évertue à dire qu’on est tous très différents. Quand j’écoute de la musique, je ne sais pas si la personne qui l’a composée est noire ou homosexuelle et je n’en ai rien à foutre. J’écoute de la musique et je suis touché, c’est un langage qui est totalement universel. J’ai foi en ça, en la musique.
Ridiculiser les politiques et jouer avec leur image, c’est une manière de dire qu’aujourd’hui, c’est notre responsabilité à nous de changer les choses.
C’est quelque chose en quoi je crois fermement. J’ai l’impression, c’est peut-être complètement con mais, que de faire de la musique c’est beaucoup de sacrifices. Je vis de ma passion mais je ne vis pas très bien. Mais au moins, j’ai trouvé un vrai sens à ma vie et ça c’est important. Sur le costume, c’est quelque chose que je n’ai pas encore expliqué mais j’ai passé beaucoup de temps à faire des groupes de rock où il y avait un certain attachement sur l’apparence physique, et pour moi c’est un soulagement total d’avoir un costume, d’être en costard-cravate. J’aime bien la déviance, c’est à dire qu’il y a quelque chose de normal mais finalement c’est totalement anormal de voir un gars habillé comme ça qui fait danser les gens. Finalement, je me suis jamais aussi bien senti sur scène qu’avec ce costard-là. Ça m’a toujours passionné, je suis fan de musique et de son histoire, dans ses styles et ses vêtements, mais je ne me suis jamais senti à l’aise. Avoir l’air cool, pourquoi? Adhérer à tel style vestimentaire c’est toujours quelque chose qui m’a un peu angoissé. Là, d’être dans un projet où je joue un peu là-dessus, ça me fait marrer et je trouve enfin ma place.
C’est en fait les contrastes qui me font rire. Ce que je veux, c’est que les gens puissent se sentir totalement libérés pendant un concert, c’est le plus important pour moi. Que les gens puissent se lâcher. Pendant un concert, entre la première et la dernière note, il n’y a pas un moment où je réfléchis à ce que je fais. Je suis habité par ma musique et je vais être à 300% dans ce que je donne et j’espère, en tout cas c’est ce que je ressens sur les concerts et ce que j’adore, qu’une connexion se crée avec le public parce que les gens s’amusent et se lâchent. Si j’arrive à faire ça, pour moi le pari est réussi.
Pas du tout. Ce qui m’intéresse vachement, c’est de faire de la production. J’en fais beaucoup, j’adore travailler avec des artistes et les aider à aller au bout de leurs morceaux et même un peu plus, à partager aussi mon expérience personnelle et à réfléchir sur des stratégies. Mais me farcir un label, non. C’est un vrai métier et je n’ai pas eu la chance de tomber sur une Charlotte Decroix qui fait énormément de choses sur le label de David. Déjà faire mes morceaux tout seul, c’est pas mal !
Tant que je ne trouve pas quelque chose qui m’offre beaucoup mieux, je préfère être indépendant et faire ce que j’ai envie. Je n’ai aucune envie qu’un directeur artistique ou un chef de projet me dise « non mais tu comprends, Fillon tu ne peux pas lui faire ça.. » ou d’autres choses, ça ne m’intéresse pas du tout. C’était un problème chez-moi avant, je pense que je n’étais vraiment pas bon en terme d’image, justement pour ce que j’ai dit tout à l’heure parce que j’avais du mal à me placer et arriver en disant je fais tel style, je suis habillé comme ça, et regardez-moi. Là, le fait d’avoir trouvé un projet où tout s’est connecté, j’ai l’impression de maitriser vraiment ce que j’ai envie de dire et sortir. Pour l’instant, tant que je fais des dates et que je peux faire les choses comme j’en ai envie, je vais rester comme ça. Sauf si je trouve des partenaires qui me donnent de l’argent pour faire des clips encore plus débiles et avoir plus de moyens pour bien faire ce que j’ai envie de faire.
Mon set est prêt. Je suis content de jouer à Paris en me sentant prêt. Je ne vais rien préparer de spécial, je travaille surtout pour que “Fillon” sorte avant la date. J’ai vraiment hâte de jouer la-bas en tout cas.
Le dernier concert que j’ai vu et qui était vraiment super, c’était Lucie Antunes à La Maroquinerie. J’ai trouvé ça vraiment superbe, c’est très musical dans le sens où ça chante peu, et pour une musique très musicale qui pourrait tomber dans le technique ou dans le conservatoire, je trouve que ça ne tombe pas du tout là-dedans. C’est toujours très émotionnel, très beau. Elle est incroyable et elle est accompagnée par de super musiciens, j’ai vraiment adoré.
Ce que j’écoute en boucle en ce moment, c’est Dope Lemon. Je n’étais pas hyper fan de ce qu’il faisait avant, Augus Stone, ça n’avait aucun intérêt. Mais Dope Lemon, le dernier album je le conseille à tout le monde. Bon, si tu as fumé un pétard c’est encore mieux, mais ce projet est assez fascinant car c’est compliqué en musique de faire peu de choses, d’être dans le minimal. Je suis totalement à l’opposé, je fais beaucoup de sons, donc quand j’écoute quelque chose chez-moi je vais écouter des trucs très calmes. Ce que j’écoute le plus en ce moment, c’est Dope Lemon, Foxwarren, le groupe d’Andy Shauf et Mac DeMarco. Des choses bien écrites où la production est extrêmement dépouillée. L’électro, j’en fais beaucoup, je ne suis pas un vrai digger ni un vrai DJ. Un DJ, sa responsabilité c’est d’écouter beaucoup de musique et de gérer une soirée en passant le disque au bon moment. Moi je n’ai pas trop ce truc-là. Si je fais des DJ sets je vais beaucoup passer mes morceaux, mes remixes, et les morceaux des potes.
Absolument, j’ai écouté tout l’album. Je suis ravi de jouer avec lui, on fait deux dates ensemble. Je suis fan de Rubin Steiner depuis très longtemps et il était programmateur à Tours au Temps Machine et j’ai eu la chance de le rencontrer à cette époque-là où on était venus jouer avec DBFC et avec David Shaw and The Beat. Donc je suis hyper content de ce plateau.
Mais c’est normal, pour moi Soulwax ce sont des papas. Je ne suis pas quelqu’un de très fan mais leurs productions sont irréprochables, sur le label DEEWEE ils font vraiment des trucs super cools, comme Charlotte Adigéry récemment. J’ai loupé son concert au Badaboum, il parait que c’était incroyable. Je pense que je vais avoir le même problème. Je ne sais pas quel âge a Rubin Steiner mais moi j’ai 40 ans, on a tous grandi à la même époque. Soulwax sont devant et c’est normal que les gens qui tentent de faire avancer le schmilblick dans la musique tendent vers du Soulwax. Et que Rubin Steiner tende vers du Soulwax, sans qu’il le fasse exprès, c’est logique. Tu ne peux pas faire mieux comme référence aujourd’hui. Ce que j’aime beaucoup chez eux, c’est qu’il y a toujours eu un côté fun et jubilatoire, ils s’amusent quand ils font les choses : quand ils font leur radio, des détournements, ça me parle totalement. S’amuser en faisant de la musique, c’est important. Ils ont un peu ce truc comme Daft Punk, ce sont des gens qui ont toujours investi l’argent qu’ils ont pu choper pour créer des choses et aller au bout de leurs idées. Je les respecte mille fois.
Son nouveau single “Fillon” est disponible ici.
Dombrance sera en concert le 22 novembre à La Maroquinerie avec Rubin Steiner, Ambeyance et Météo Mirage (event) et le 30 novembre au 9 Cube à Châteauroux.
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]]>“Un orage magnétique provoque des fluctuations brusques et intenses du magnétisme terrestre liées aux variations de l’activité solaire”. Il ne s’agit pas d’un extrait d’un nouveau hors-série de Science & Vie mais bien de la présentation du nouvel EP du duo parisien L’Age d’Or intitulé Orage Magnétique. Révélé grâce à plusieurs EPs et son premier album Shades Of Us (2017) sortis sur le label XVIIIp, le duo vient de dévoiler sa toute première oeuvre audiovisuelle élaborée et présentée pendant un an lors de différents festivals A/V à travers l’Europe. Cette pièce de quatre morceaux pose les bases du nouveau live de L’Age d’Or, mêlant sonorités électroniques, projections vidéo et programmation lumineuse.
Le musicien Valentin Fayaud et le vidéaste Nicolas Michel y mettent en exergue le côté émotionnel et sentimental de la musique électronique, entre IDM et musique ambient, s’assurant que l’image ne soit pas simple accompagnatrice de ce voyage sonore mais plutôt le révélateur de la puissance et de la finesse d’Orage Magnétique. On a rencontré L’Age d’Or pour lui poser quelques questions sur la genèse de cette oeuvre qui sera présentée pour la toute première fois en France ce samedi 26 octobre à La Boule Noire. On vous fait gagner des places sous l’interview !
Valentin Fayaud : On est un duo totalement audiovisuel avec un vidéaste qui est Nico et moi à la production musicale. On s’est concentrés à fond sur le live et on s’est détachés de la scène musicale parisienne pour tourner sur la scène européenne « arts numériques ». On a eu la chance d’être invités à pas mal d’événements qui touchaient beaucoup plus à la culture digitale et numérique en règle générale, sous toutes ses formes : des performances, des workshops, des installations… Pendant un moment, on n’a pas pu défendre notre premier album Shades Of Us. On a vite bougé sur de la performance, ce qui fait que ça fait deux ans qu’on n’a pas joué en France. Notre dernier concert français était la finale des Inouis du Printemps de Bourges electro. Je pense que tout cela a influencé notre son. Notre premier album n’était pas vraiment le début de notre projet, je dirais même que c’était une phase de transition parce qu’on venait de se séparer de toute la partie instrumentale, notre batteur et même d’un quatrième membre pendant un court laps de temps.
On s’est rapprochés de quelque chose de beaucoup plus électronique, où l’on avait le temps de dégager des titres plus longs en live : on a pu faire de l’ambient, arriver à des thèmes très texturés où l’on prend le temps.
C’est un peu ça qui a amené cet EP : on l’a créé en même temps qu’on le jouait en live. Pour nous cette mutation nous paraît logique mais si tu le dis c’est que ça a du un peu changer !
Nicolas : Non ça ne vient pas d’un problème, c’est que la scène A/V sur laquelle on joue est très développée à l’étranger donc le public a l’habitude de retrouver ce genre de configuration, chose qu’on retrouve un peu moins en France.
Valentin : Il y a quelques temps, on est arrivés à un stade où on avait un peu grossi et en terme de salles on voulait commencer à taper un peu plus gros. Il faut avouer que quand on fait du support en première partie d’un groupe, amener de la structure scénique et du visuel devient facilement une contrainte et les salles n’étaient pas forcément équipées. Pour les artistes électroniques, on est passés du moment où on était derrière un ordinateur, à un autre où on a commencé à montrer les contrôleurs, et aujourd’hui tout le monde a un VJ et du visuel derrière. Alors en même temps c’est très cool pour nous, parce que ça veut dire que toutes les salles sont à peu près équipées aujourd’hui et sont habituées, et en même temps c’est aussi difficile parce qu’il faut qu’on arrive à montrer que ce qu’on fait, ce n’est pas “Je suis producteur et je loue un VJ qui vient me faire une création”. C’est de la création visuelle à part entière, qui est vraiment à la génèse du projet. Ce sont des scènes qui existent à l’étranger, qu’on appelle A/V, « audiovisuel », qui se retrouvent plutôt dans des scènes électroniques expérimentales mais pas que. On se retrouve des fois sur des meetings avec des gens qui ne font que ça, pour eux c’est normal. En France, je pense qu’il y a eu un gros boom d’un certain type de musique électronique, un peu plus mélodique, qui a pas mal marché, en tout cas en dehors de la scène club dont on ne fait pas vraiment partie. On est plus des musiciens qui viennent d’un background rock, avec une énergie de live. En tout cas, ça a pris un petit temps pour que le visuel soit accepté comme partie intégrante d’une oeuvre. On va dire qu’on a gagné du temps en se rapprochant de structures qui étaient davantage axées vers l’art numérique et contemporain, mais c’était une autre contrainte parce que des fois en terme de son, dans des galeries, ce n’était pas évident. J’ai pris sur moi, ça me rappelait nos premiers concerts !
Valentin : Oui carrément. On ne l’a pas fait forcément en même temps. Cet EP, je l’ai composé assez vite finalement dans notre petit local tout pourri des puces de Saint-Ouen. En arrêtant d’utiliser trop d’instruments numériques. Je continue les techniques de sampling que j’aimais bien avant mais il y a aussi beaucoup de synthétiseurs, plus ou moins pourris, joués en live, enregistrés, un truc un peu plus rock’n’roll. Alors ça ne sonne pas complètement crado, il n’y a pas de délire lo-fi derrière, mais en tout cas le process a été beaucoup plus joué. Avant je me prenais un peu plus la tête sur des arrangements. Là c’était un peu plus « straight to the point ». Le berceau des morceaux est assez ambient, il fallait aussi apprendre à faire des morceaux qui prennent le temps, laisser monter la sauce, on ne savait pas forcément bien le faire auparavant. Apprendre à zoner dans un endroit et monter par toutes petites touches : ça nous a appris plein de choses de travailler comme ça, par exemple sur la dynamique du live, c’est bien aussi de passer de moments calmes à des explosions plutôt que d’être tout le temps au taquet.
Valentin : Alors pour le son, la vraie histoire assez drôle derrière ça, c’est qu’avec Nico on bosse parfois ensemble dans nos vies professionnelles respectives. On avait bossé pour une installation sur un workshop pour une marque de vêtements. On avait une commande de son et de visuel et le plan s’est un peu cassé la gueule. J’avais du composer quelque chose de très organique, plus proche de la musique électro-acoustique, dans le field-recording, des sons d’ambiance en gros sur plusieurs thèmes. Je me suis retrouvé avec quatre ou cinq morceaux très intéressants et je m’en suis servi comme un berceau pour recomposer par-dessus, me servir de ce côté texture. J’ai branché les synthés et j’ai joué dessus (rires)! C’est de la composition sur du sound-design, c’est d’ailleurs ce qui nous a amené à l’appeler Orage Magnétique : quelque chose d’un peu tellurique, organique, minéral, rocheux. On s’est carrément influencés de ça pour la création de l’image.
Nicolas : On a changé par rapport à ce qu’on proposait avant, on était sur de la création liée à de la captation vidéo. On en a gardé bien sûr parce que ça nous intéresse toujours mais aujourd’hui j’utilise aussi bien de la 3D, que de la 2D, de la captation, etc. Maintenant, l’idée était d’avoir une idée globale pour une musique, et essayer avec différents supports de parsemer cette musique et créer une composition vidéo en utilisant plusieurs supports.
C’est une technique qu’on va surement réutiliser pour plus tard, garder à l’esprit qu’on est libres et qu’on peut utiliser plusieurs outils.
Valentin : On s’est détachés de l’approche figurative en enlevant la prise de vue réelle. A part quelques trucs en 3D, on est partis sur des textures beaucoup plus abstraites même si dans nos chansons et dans notre live on essaie toujours d’avoir une trame narrative. C’est un peu le truc mystique dans la musique électronique : c’est souvent le titre que tu vas donner à ton morceau qui va évoquer une idée aux gens et en même temps c’est totalement arbitraire. On aime bien jouer la-dessus, se demander quel est le thème dans la musique et dans le visuel.
Valentin : Le chant, ce n’est pas quelque chose que j’ai envie de redévelopper maintenant. Aussi pour un truc simple, c’est que souvent la voix est connotée “leadership” sur scène, c’est plus compliqué à assumer. J’aime bien expérimenter en studio mais je n’ai pas vraiment envie de développer cet aspect sur scène. En même temps, on a un background pop qui fait que quand on compose un morceau, on aurait envie de poser une petite ligne et d’écrire un petit truc. “Red Cloud” était l’opportunité d’avoir un morceau qui sortait de l’ambiance de l’EP, on est partis sur un hommage un peu drum’n’bass electronica qu’il y avait fin 90’s avec une voix trip-hop. Je ne connaissais pas Camille, c’est Théophile de notre label qui nous a écrit un texte et qui nous a proposé cette artiste pour faire une session de voix. Elle a enregistré sa voix sur une instru qui n’était pas du tout la même qu’actuellement, juste la batterie est d’origine.
Valentin : Celui-là, ou « Opia », celui qu’on a sorti en single parce qu’on s’était rendus compte qu’il avait un fort potentiel. Il a d’abord été composé sur la partie ambiante qui est très longue avant qu’elle ne parte sur la fin, c’est ce qu’on a dévoilé aussi à la toute la fin de la vidéo. Je pense que c’est cette partie finale qui était la plus difficile à trouver. On hésitait entre soit continuer à faire monter la sauce et partir trop violent, on se disait qu’on avait enfin réussi à créer de l’attente, on n’en a pas mis dans tous les sens, que c’était compliqué de ne pas partir dans quelque chose de too much. En tout cas j’adore ce titre et je pense qu’on a trouvé une bonne formule pour garder quelque chose d’un peu minimal et classieux pour finir un morceau comme ça. Le petit arpeggio au final, il a été rajouté à la toute fin alors que le titre était presque prêt et fini, il aurait pu sortir juste comme un titre ambiant qui se serait fini à six minutes au lieu de sept.
Nicolas : C’était le plus vieux aussi.
Valentin : Et c’était aussi un morceau qu’on avait déjà commencé à jouer en live, pas vraiment sous cette forme là.
Valentin : La veille de la Boule Noire on sera à Cracovie pour un live en 360° qu’on n’a encore jamais fait, avant que la Gaité Lyrique ne soit chaude pour nous inviter ! On pourra dire qu’on l’aura déjà fait. La Boule Noire, c’est vraiment un truc qui nous chauffe à fond parce que ça fait trop longtemps qu’on n’a pas joué pour les potes, pour les gens qui nous soutiennent, nos meufs qu’on saoule. Là c’est un peu l’occasion de montrer tout ce qu’on a fait.
En fait, j’ai hâte de voir que les gens se disent « Ah ok, ils n’étaient pas en train de rien faire ! », et c’est à ça que ressemble L’Age d’Or maintenant.
Il faut aussi signaler qu’on va aussi jouer des anciens morceaux pour les fans de la première heure! On les remixe continuellement. On est un peu des écolos de la musique, mais ne marque surtout pas ça en titre ! Notre projet sur le long terme, c’est de jouer un maximum en France, sous quelconque forme d’ailleurs, parce qu’on a développé d’autres types de performances, des workshops, des ateliers. L’an dernier, on a fait des ateliers avec des classes de lycéens pour leur montrer comment faire de la création musicale et visuelle, c’était chanmé. Ce n’est pas la base même de notre travail mais si par ce biais-là on a plus l’occasion de se produire et de rentrer dans quelque chose d’un peu transmédia, de se retrouver dans des petites galeries et de rester dans la scène live électronique française, ce sera déjà chouette.
Nicolas : En tout cas on attend vraiment cette date de La Boule Noire!
Valentin : Il y a trop de trucs que je voudrais mettre en avant! Aujourd’hui est sorti une petite bombe, le dernier album de Trentemoller. C’est une grosse tuerie. Très honnêtement, j’en ai un peu ma claque des revivals 80’s dans tous les sens et bizarrement c’est le seul type que je supporte. Je ne sais pas ce qu’il s’est passé avec les années 80 mais tout le monde se les ai prises dans la gueule d’un coup. Il ne l’a pas trop fait sur cet album, mais globalement il a pris une direction très post-punk, synthwave et tout depuis un moment, il l’a dit dans des interviews qu’il arrêtait la techno et compagnie. Et là pour moi il a sorti une masterpiece où il a gardé le côté super froid des guitares, et en même temps un truc bien moderne, très electronica. Le nouveau M83, affreux, faute de gout totale. J’aime le M83 des premiers albums qui pour le coup qui était très proche de ce qu’on faisait à nos débuts, un peu pop, un peu glitch. On ne sait pas encore trop si on aime le dernier Alessandro Cortini mais Avanti était génialissime. Puis sinon je crois que Nico et moi on est des gros fans de Nils Frahm, le dernier single est prometteur. On a eu l’occasion tous les deux de le voir en live et c’est l’une des meilleures performances qu’on a vue. Il nous met d’accord tous les deux.
Orage Magnétique est disponible via XVIIIp ici.
L’Age d’Or en concert :
25/10 : Patchlab – Krakow (PL)
26/10 : La Boule Noire – Paris w/ Le Comte (event)
Le Bombardier te fait gagner des places pour le concert de L’Age d’Or le 26 octobre à La Boule Noire. Pour participer, il te suffit de remplir le formulaire ci-dessous :
Bonne chance ! Fin du concours le 25 octobre à midi et annonce des gagnants par mail dans l’heure qui suit.
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]]>Apporter sa pierre à l’édifice. En provenance des montagnes jurassiennes, le trio Gliz détonne. Premièrement, par le choix particulier de ses instruments : exit les sempiternelles guitares et basses, bienvenue au banjo et au tuba dans cette formule rock rafraichissante.
Rock? Oui, vous avez bien lu. Après deux EPs sortis en 2015 et 2017 (dont Better Days sélectionné par les Inouïs du Printemps de Bourges), Gliz vient de sortir son premier album Cydalima en juin dernier et c’est une surprise de taille. S’il tire son nom d’un papillon vivant (lui aussi) dans le Jura et qui dévore tout sur son passage, c’est effectivement l’intensité et l’envie que l’on repère d’emblée sur ces onze titres : ce n’est pas du rock mineur mais un album mature et inattendu, atteignant son point de paroxysme sur “A Mess Is Gonna Come” et “King from Nowhere”
On se laisse séduire par la voix hyperémotive de Florent Tissot et ses accords de banjo électrifié oscillant entre sensualité et énergie explosive, le tout soutenu par une section rythmique (Julien Michel à la batterie et Thomas Sabarly au tuba) droite comme un I. Avec une signature sonore imprégnée d’influences tantôt pop, tantôt blues avec une pointe de psyché aléatoire, la formation jouit de plus d’une aisance scénique remarquable et pour cause, Gliz a déjà plus de 200 dates à son actif. C’est à quelques heures de leur concert à l’Espace B qu’on en a profité pour interviewer les membres de Gliz.
Flo : Un super accueil, notamment grâce au travail de notre super attachée de presse. On ne s’attendait pas forcément à ça. C’est notre premier album donc on ne sait jamais quelle direction ça peut prendre. On est agréablement surpris.
Flo : Ce n’est pas un projet pré-établi. C’est une succession de petits accidents qui ont abouti à ça. Si tu veux que je te raconte toute l’histoire, je jouais de la gratte au début. J’ai pété une corde. J’habite à la campagne, dans un petit village de cinquante habitants, Ivrey. J’ai écrit des morceaux à cinq cordes et j’en ai pété une autre. Je suis resté un moment dans cette configuration. Lorsque je suis retourné à la ville, j’ai racheté des cordes et j’ai trouvé que j’avais beaucoup moins de possibilités avec mes six cordes. J’avais perdu ce que j’avais découvert avec ma quatre cordes donc j’ai acheté un banjo sur une brocante. J’ai continué à écrire des morceaux dessus, avec mon accordage spécial et j’ai essayé de monter un groupe autour de ce banjo.
J’ai contacté mon pote Mitch que je connais depuis le CE1 et avec qui j’ai déjà eu plusieurs projets musicaux. On trouvait dommage de prendre une basse car on retomberait sur un instrument conventionnel dans le rock, donc on a choisi le tuba. On avait un pote qui jouait dans une fanfare, Tom, qui a rejoint la bande. On a fait notre première répète et on a vu avec un seul titre que ça sonnait bien, qu’il y avait moyen de faire quelque chose. On a continué à creuser, le tout en acoustique. J’ai par la suite électrifié mon banjo pour avoir un peu plus de patate. J’ai ressorti tout le matos que j’avais avec ma guitare, mes pédales d’effets et mon ampli à lampes. Tom a branché des pédales et un ampli. Et c’est parti sur un projet vachement plus rock qu’on ne le pensait au départ.
Flo : On a eu plein de groupes par le passé. Tom et Mitch sont autodidactes, moi je suis éduqué, je suis allé au conservatoire pendant dix ans ! J’ai appris la flute traversière au début puis la guitare et le banjo.
Tom : Ce sont des instruments qui non pas l’habitude de se rencontrer dans ce milieu, donc les instruments nous emmènent où ils veulent.
Flo : On joue une musique intuitive. Il n’y a pas de suspens sur un banjo, tu joues et ça fait « planc », c’est rèche. Un accord de guitare en revanche, tu peux le faire durer vingt secondes. Le tuba, tu ne peux pas faire de jam, ce n’est pas du tout la même attaque qu’avec une basse. On défriche parce qu’on ne connait pas d’autre groupe qui fasse cette musique avec ces instruments. C’est ça qui est intéressant, on a l’impression de sortir des sentiers battus.
Tom : On est des aventuriers !
Tom : On ne va pas être d’accord.
Flo : Je trouve que “Cydalima” est une bonne synthèse du groupe. Il y a des univers et des ambiances différentes. On entend le banjo électrique et il y a des fenêtres uniquement avec le banjo en acoustique. Ça pourrait être notre carte de visite.
Mitch : Il globalise bien ce qu’on a fait aussi sur nos deux précédents EPs. Le premier était plus folk dans le son, le second plus pop. Sur ce titre, on trouve enfin notre signature.
Flo : “The Cave” aussi. Nos deux singles en fait, sont assez représentatifs de ce que l’on fait.
Flo : Je ne pense pas. Pour créer, tu prends des ingrédients. C’est un agglomérat de plein de trucs qui trainent, tu mixes ça, tu fais cristalliser soit un roman, soit une peinture, ce que tu veux. Et la colle, c’est ce que tu as vécu. Nous, vu qu’on habite dans la brousse, je pense que forcément ça s’entend dans les compositions et même dans le choix des instruments finalement. Ce ne sont pas du tout des instruments urbains. On se nourrit de l’imaginaire américain, des instruments qu’on peut trouver à la Nouvelle-Orléans. Si tu regardes juste la photo de notre groupe, tu peux t’imaginer un groupe américain, un peu cramé. Nous, c’est plus du folklore jurassien, avec un côté roots, rural. Si on avait des machines, on ne se définirait pas comme un groupe jurassien. Là, on peut assumer.
Flo : C’est notre tourneur qui a aussi un label indépendant à Mâcon. Ça nous a aidé pour financer l’album, son enregistrement, tout ce qui tourne autour. On n’est pas autoproduits, on ne cherche pas les fonds, on fait juste de la musique. Ça nous laisse plus de liberté et ça nous fait une sacrée base en terme d’organisation.
Mitch : Un deuxième album, on ne sait pas trop pour quand.
Tom : Mais déjà accumuler les dates et faire une belle tournée sur l’année qui vient. Essayer de se faire un bel été avec de chouettes festivals.
Flo : On vient de nulle part, personne ne nous connait. On arrive à Paris mais il y aura peut-être dix personnes ce soir, on ne sait pas.
Flo : Le dernier album de Thom Yorke, Anima, je scotche dessus. J’adore ce mec et je trouve que les textures qu’il y a dans cet album sont incroyables.
Tom : J’adore le dernier album de Balthazar, je le trouve super. Les Belges sont en train de tout cartonner.
Mitch : je suis un peu moins branché sorties en ce moment, mais j’ai beaucoup accroché sur l’album de Clara Luciani. Je le trouve magnifique, je suis tombé amoureux d’elle. Elle habite où ?
Cydalima est disponible ici.
Gliz en concert :
09 Oct : Fête des vendanges de Montmartre – Paris (event)
12 octobre : L’atelier – Cluses (w/ Eiffel)
13 octobre : Le Pax – St Etienne
2 novembre : J’peux pas j’ai Jeanine – Salans
9 novembre : Les 4 Écluses – Dunkerque
20 novembre : Festisol – Besançon
5 décembre : Le Brin De Zinc – Chambéry
6 décembre : Les 3 Loups – Trélou-sur-Marne
18 décembre : Le Darius Club – Lons Le Saunier
20 décembre : Echo System – Scey sur-Saône
7 mars 2020 : Festival Hibernarock – Aurillac
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]]>“J’espère que je ne te fais pas la morale
Tu sais, je n’en sais pas plus que toi
J’espère que je ne te sape pas le moral
Je raconte juste
Ce que je vois”
C’est sur un son d’orgue joué d’un air solennel que s’ouvre le nouvel album de Jérôme Minière intitulé Une Clairière, le premier à paraître en France depuis 1998. Solennel, pour souligner cette première strophe dans laquelle l’auteur-compositeur rappelle qu’il est un observateur de longue date. Pour ceux qui n’étaient pas nés et les autres retardataires, Jérôme Minière revient effectivement de loin : originaire d’Orléans et repéré avec ses deux premiers albums, Monde pour n’importe qui et La nuit éclaire le jour qui suit respectivement sortis en 1996 et 1998 sur le label Lithium (Dominique A, Françoiz Breut…), il fut en ces temps l’un des premiers à semer les graines d’une musique pour le moins rare à l’aube des années 2000, que son dossier de presse aime qualifier aujourd’hui de bedroom-pop.
Mais c’est lorsqu’il s’installe au Québec que sa carrière s’envole : il obtient des Félix (l’équivalent des Victoires de la Musique) à plusieurs reprises, notamment celui du meilleur album électronique en 2013 pour Danse avec Herri Kopter et c’est d’ailleurs sur celui-ci que Minière commence à poser la question de la dépendance de l’Homme à la technologie : “Quelque chose de rectangulaire”, “Le Datamour” ou encore “Elvire (avec la voix de l’ordinateur)”. A écouter également sur cet album, “Life dot file (avec les enfants)” pour toucher du doigt la précocité de ses idées.
S’il filait ce qui semblait être le parfait amour avec son label québécois La Tribu, Jérôme Minière raccrochera auprès de celui-ci après seize ans de bons et loyaux services. Evoluant avec son temps et les mutations de son industrie, il laisse alors la porte ouverte à une remise en question d’envergure quant à la suite, qu’il imagine avec l’éclairage de Rémy Poncet alias Chevalrex, le fondateur du label français Objet Disque.
Une renaissance qui prend la forme d’un diptyque : le premier volet Dans la forêt numérique sort à l’hiver 2018 tandis que le deuxième chapitre, Une Clairière voit le jour en juin dernier. Des albums complémentaires, 19 titres au total où Minière décrit notre société rongée et transformée par la performance et la technologie au détriment des relations et valeurs humaines. Un juste témoignage, un ton un brin plus grave qu’à l’accoutumée, mais Jérôme Minière parvient toujours à instaurer la bonne distance entre ce qu’il observe et chante. C’est dans des titres comme “La Beauté”, pièce inégalable de plus de neuf minutes qui interroge le rapport entre l’humain et le temps, dans “La vérité est une espèce menacée”, ou encore dans “Le Vide” que l’on se prend le talent de Minière en pleine face. Entre résilience, pointe d’humour et nostalgie, l’artiste questionne notre temps, et nous avec. On l’a rencontré en juillet dernier pour lui poser quelques questions.
Jérôme Minière : Quand je suis parti au Québec, je pensais que je pourrais faire des sorties en France et au Québec facilement. Avec les années, c’est devenu de plus en plus compliqué. Je n’y habitais plus et un écart s’est creusé. Mes deux premiers albums étaient sortis par Lithium qui sont des Français et à partir du moment où j’étais sur un label québécois les créneaux n’étaient pas les mêmes. Le Québec, c’est un territoire très grand mais avec une toute petite population. Les indépendants sont presque comme les majors ici, c’est un peu un monde à l’envers. Ensuite, c’est devenu un choix personnel. J’ai deux enfants, je ne pouvais pas me permettre de m’absenter. J’ai aussi découvert une autre raison avec le temps : c’est que Je ne suis pas taillé pour la route. Je suis parti loin mais je suis plutôt sédentaire, c’est un peu paradoxal.
J’aime bien être sur scène mais la vie de tournée, ce n’est pas pour moi. Je m’use trop vite. C’est un peu à coutre-courant puisqu’avec la crise de l’industrie de la musique, on est plutôt amenés à faire des dates pour s’en sortir. Je vais dans le sens inverse, je fais de la musique pour le cinéma et le théâtre depuis dix ans. Un peu moins de pub car je n’ai pas vraiment la tête de l’emploi pour vendre une voiture ou du parfum.
J’ai commencé sous une étiquette électro en 96, ce qui est marrant quand tu y penses aujourd’hui. A l’époque, on avait à peine Internet, il y avait des images de chats qui descendaient pendant trois quarts d’heure. C’est sûr qu’il y a eu une révolution. Le souvenir très clair que j’ai, c’est qu’il y avait vraiment deux mondes. Si tu t’intéressais à la musique électronique, tu ne pouvais pas t’intéresser à d’autres styles et vice versa. Ça ne se mélangeait pas avec des gens qui jouaient, ce que je trouvais dommage à l’époque. Aujourd’hui, c’est totalement l’inverse : tout musicien, simplement même avec un téléphone, sait s’enregistrer, a des connaissances techniques et a accès à du matériel qui était inimaginable il y a 25 ans. A l’époque de mon premier album, c’était la transposition en live qui était un vrai problème parce qu’il n’y avait pas spécialement d’équipement pour ça, ou alors tu t’appelais Massive Attack et tu avais les moyens. Si tu étais plus petit, c’était du bricolage et les musiciens n’y étaient pas habitués.
Maintenant tout est plus hybride. Aussi, la grosse différence, c’est l’effort. Maintenant avec ton téléphone, tu peux faire des trucs qu’on faisait avant en trois jours. Même pour les samples, c’était laborieux. Ce qu’il y avait de magnifique à cette époque, comme dans toute nouveauté, c’était le défrichage, se retrouver dans l’inconnu. J’aimais beaucoup ça. Aujourd’hui c’est super balisé, tu ouvres un logiciel et il te donne déjà les sons que tu veux. Tout est là tout le temps. L’enjeu en musique électronique a beaucoup changé aujourd’hui. Au fond, tu ne peux plus vraiment surprendre, c’est ailleurs que ça se passe : des performances live, un son hyper particulier en utilisant telle ou telle machine.
Je suis enchanté et surpris je te dirais. Pour moi c’était du bonus. Il y a un an et demi, j’ai quitté mon label au Québec, La Tribu. Comme un vieux couple, on commençait à tourner en rond. On resté amis, j’ai réussi à sortir de là à l’amiable. J’ai beaucoup douté sur comment et pourquoi continuer. J’ai eu la chance de parler à pas mal de gens et à pas mal d’amis artistes et d’essayer une autre façon de fonctionner. L’idée c’était de trouver quelque chose qui respectait ce que j’avais à donner mais qui était dans l’époque aussi, sans être dans la nostalgie. Avec mon label, on me disait tout le temps “Il y a 10 ans, tu vendais trois fois plus que maintenant, on ne peut plus faire ça et ça, il n’y a plus d’argent”. C’était un peu ennuyeux. Au fond, avec l’expérience que j’ai, même si je n’ai pas un énorme matériel je peux m’auto-produire. Ça fait longtemps que c’est le cas mais maintenant je me fais confiance et j’ose sortir mes chansons, aller chercher directement les gens. Il faut oser. Il y a tellement de choses de qualité qui se font.
Du coup, j’ai passé six mois à écrire des chansons et bien évidemment il y en avait trop, je ne savais pas quoi en faire. Je suis super mauvais dans le tri. Un jour, j’ai eu un coup de fil de Rémy Poncet pour un remix. On a sympathisé sur WhatsApp et par mail, je lui ai parlé de toutes les chansons que j’avais. Ça a créé une dynamique qui m’a donné envie de faire un disque québécois qui s’appelle Dans la forêt numérique que j’ai produit moi-même. Il est plus dans la logique de ce que j’ai fait au Québec et du public qui me suit là bas. J’ai rapidement tourné en rond.
Ensuite, je me suis laissé aller dans un dialogue avec Rémy. Il écoutait mes albums sortis sur Lithium lorsqu’il était ado. Donc il y avait un espèce de trip de créer un album avec moi mais aussi avec ses souvenirs. Ça m’a permis de lâcher prise sur certains aspects, avec une direction artistique qui s’est faite entre nous deux. C’est aussi le regard de Rémy qui a créé Une Clairière.
Bien sûr, c’est la même matière qui a été travaillée pendant six mois. C’est juste que le tri est différent. On n’a pas voulu sortir de double-album, on ne voulait pas avoir trop de titres d’un coup et on trouvait l’idée rafraîchissante.
Toutes ces chansons ont été composé pendant l’hiver-printemps 2018. Je me suis amusé et l’idée c’était de ne pas m’imposer de limites. Au départ ça paraissait facile mais si je l’ai appelé Dans la forêt numérique, c’est parce qu’à la fin des six mois, j’étais complètement perdu avec ma matière. L’idée était d’embrasser le temps présent. Ce que je perçois en ce moment est très chaotique et très paradoxal, difficile à saisir. Rémy m’a aidé à l’assumer et à le mettre en valeur.
Quant au clip, j’ai acheté un appareil photo l’été dernier. Ma femme qui est artiste visuelle m’a aidée, on n’avait pas tellement de temps. Derrière chez-nous, il y a un quartier industriel avec un parc. Dans la nuit, avec le ralenti, ça devient tout à fait autre chose. J’ai pris ce que j’avais sous la main. Il y a une simplicité sur tout le projet. C’est ce que j’ai appris à faire durant toute ma carrière : je n’ai pas d’énormes moyens, je prends ce qu’il y a autour de moi. De toute façon c’est le présent, ce n’est pas le même pour tous.
Pour les textes, c’était un bric à brac. Un labyrinthe de bouts de phrases, parfois dans mon téléphone, parfois sur des bouts de papier. C’était un puzzle très laborieux et je ne m’améliore pas avec le temps (rires).
Oui, j’en ai fait un peu au Québec en octobre 2018 quand les deux albums n’étaient pas encore sortis. J’ai présenté un spectacle qui s’appelle Duplicata, du nom de la même chanson sur l’album Dans la forêt numérique. C’est un spectacle où je suis tout seul avec des écrans. Ça se présente plutôt comme une conférence ou du stand-up. C’était dans le cadre d’un festival qui s’appelle Phénomena à Montréal. On m’a poussé à faire un spectacle sur les questions que je pose dans Dans la forêt numérique. Je m’accompagne de vidéos sur scène, j’essaie de créer quelque chose d’intime. Ce n’est pas basé à proprement dit sur la performance mais sur la rencontre avec les gens, c’est plutôt fait pour des petits endroits.
J’écoute beaucoup Aldous Harding, ça peut avoir un côté très pop et sucré mais j’aime bien sa folie. Les projets de Matthieu Malon, un musicien qui vient d’Orléans comme moi. Une artiste montréalaise qui s’appelle Mounia. Elle a beaucoup de chansons en français et un petit côté bedroom-pop que je trouve pas mal.
Une Clairière est disponible via Objet Disque. Dans la forêt numérique est disponible ici.
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]]>Tout claquer pour partir élever des tigres en Asie. C’est ce que n’a pas fait l’ancien batteur de Poni Hoax suite à la dissolution du groupe. Si chacun des membres s’est investi dans des side-projects, Vincent Taeger a sorti ses plus belles chemises colorées à motifs animaliers et ses calembours les plus cocasses pour réapparaître sous le blase de Tiger Tigre. Alors que le principal intéressé affirme qu’il ne sera que peu pris au sérieux dans le monde de la pop avec ce projet dont lui seul est le héros, Vincent Taeger a en tout cas pris ses aises sur la route de la liberté. Pour la sortie de ce premier album intitulé Grrr sur le jeune label indépendant Err Rec, il n’y a ni tourneur, ni attaché de presse ni de plan comm pour surfer sur la vague de son CV encore plus long que mon bras.
S’il n’y a rien de plus frustrant que d’écrire sur un album qui ne sortira que dans deux mois, on dira au moins que ces morceaux sont autant de pistes qui donnent à danser et à réfléchir (et qu’elles fonctionnent à merveille pour masser un bébé tigre égaré). Des deux morceaux chantés, on insistera sur le thème puissant de “L’Huluberlune” qui est notre tube de l’été et sur la mélodie sans faille de l’hommage à “Laura Palmer”. Si les plages instrumentales font l’effet de bonbons acidulés qui feront penser tour à tour à Air ou à Sébastien Tellier période Sexuality sous produits illicites (comment lui en vouloir), c’est à un univers haut en couleurs et en sonorités que Vincent Taeger nous expose. On vogue entre l’exercice pop et l’improvisation d’une minute en mode library music, on se prend une bonne dose d’adrénaline sur les frénésies “Black Lodge” et “Claude de Pussy” et demeurent longtemps en tête les envolées synthétiques de “Mais qui a tué le Dr Traoré?” et les effluves sensuels de “The Frenchiest Man In the World”. Le tout formant une œuvre résolument personnelle et jubilatoire.
Un avis extérieur penserait – plus ou moins à juste titre – qu’il s’agit de l’ego-trip d’un musicien à la technique imparable qui aurait un peu trop abusé de la bonne volonté de son assistant de studio. Un autre plus informé dirait que Vincent Taeger s’est effectivement fait plaisir et qu’il n’y a rien de plus jouissif que de profiter de sa liberté. On a rencontré Vincent Taeger qui a bien voulu faire tomber la chemise et nous parler du tigre qui sommeille en lui. On s’est abstenus de lui demander quel était son titre préféré de Survivor.
Vincent Taeger : Depuis une quinzaine d’années, je fais beaucoup de réalisation et de studio avec mes acolytes Vincent Taurelle et Ludovic Bruni. J’ai enregistré environ 150 albums. On a différents pseudos, The Jazzbastards, A.L.B.E.R.T, Playback Boys et d’autres. Avec notre groupe A.L.B.E.R.T, on a passé énormément de temps en studio à travailler, à retourner les morceaux dans tous les sens, à s’engueuler, limite à se battre. On avait récupéré les mythiques studios Harryson à Pantin qui datent des années 60. C’est un complexe de plusieurs studios dans lequel on avait récupéré le studio A, un studio de 200m2 avec une control room immense et une grande salle de prise. On faisait donc de la réal pour des maisons de disques parce qu’on avait un loyer important, on a travaillé beaucoup pour les autres et on a moins fait notre musique. On est des boulimiques de travail.
À un moment, Vincent et Ludovic sont partis en tournée, j’ai commencé à faire mes compositions. J’ai pu profiter du studio et de notre assistant Etienne Meunier pour enregistrer. Comme ça je couchais mes idées. J’avais besoin de faire de la musique comme de respirer.
Comme ça arrive souvent, quand tu es réal, c’est hyper excitant d’avoir un morceau scabreux, un peu naze, sans intérêt, et d’essayer d’en faire un truc cool. Ça m’est arrivé souvent et on ne réussit pas toujours. Je n’ai pas peur d’arriver en studio sans idées, de me mettre au piano, de demander à mon assistant de m’enregistrer et là sur une heure d’impro je trouve quelques minutes cools qui me donnent envie de faire un morceau. Ça s’est parfois passé comme ça. J’allais sur tous les instruments, c’est un luxe.
Cet album, je l’ai fait pour moi. J’étais content d’avoir de la liberté, de me disputer avec moi-même et d’avoir le dernier mot.
J’ai été vachement au service des autres, à me plier en quatre. Là, j’avais envie de faire mon truc. J’étais percussionniste prodige quand j’étais petit et voué à une grande carrière, mais en musique classique comme en musique contemporaine tu es au service du compositeur. Quand c’est Bach ou Messiaen c’est jouissif, mais j’ai eu trop souvent affaire à des compositeurs du dimanche. Toi, tu mets toute ton énergie à faire sonner et rendre musicale une œuvre hyper complexe « pour que ça fasse bien musique contemporaine », et ce sont eux, les beaux gosses qui viennent saluer à la fin.
Non je ne fonctionne pas du tout comme ça. J’ai plein de potes qui font un morceau en s’inspirant d’un autre. Mais moi je suis vachement dans la spontanéité et je n’ai pas peur de l’inconnu. Je préfère coucher les idées et les structurer après. Je n’ai pas d’artistes qui m’inspirent. Je n’ai pas peur de déplaire, au contraire j’aime bousculer, provoquer, j’adore le côté “Non, ça ne se fait pas!”. Je ne suis pas dans une démarche pop. Quand je fais un morceau, je ne me dis pas que je vais le faire pour faire danser les gens, ou pour qu’il passe en radio, ou pour que je puisse ensuite faire des concerts. Je ne me suis pas du tout projeté. Je ne savais même pas si j’allais faire des concerts. Je n’ai pas pensé au live pendant la composition, tout simplement parce que je différencie le live du studio. Je suis à l’aise sur scène, je n’ai pas peur d’improviser ni de jouer dans de mauvaises conditions. Je sais que ce n’est pas un problème. Maintenant je commence à faire du live avec Tiger Tigre et tout se passe bien. Je suis entouré de super musiciens.
Arnaud Roulin et Ludovic Bruni. Ludo est mon acolyte depuis très longtemps et Arnaud a joué dans Poni Hoax avec moi. Et Fred a été le producteur d’“Antibodies” d’Images Of Sigrid avec Poni Hoax. Ce sont des amis donc humainement je sais que c’est cool et ce sont d’excellents musiciens, c’est du luxe pour moi. Avec mes groupes plus jeune, j’étais très control-freak et tyrannique mais avec l’expérience j’ai appris que ça n’avait rien de bon de tout le temps observer tes musiciens et de leur dire quoi faire. Ça ne fait que les bloquer et les rendre parano. Personne ne s’épanouit là-dedans. Je leur laisse vachement de liberté, aussi parce que ce sont d’excellents improvisateurs et je suis totalement confiant.
Haha, “L’Huluberlune” ! Je suis parti du couplet, du riff de piano. J’ai passé du temps à trimer sur le morceau mais j’ai vu qu’il me manquait un personnage, un premier plan. Je savais qu’il fallait un chanteur. J’aime bien écrire, Je le fais tout le temps sur des bouts de papier, mais jamais de chansons. J’ai demandé à Katerine avec qui je bossais sur le moment, je lui avais envoyé l’instru mais à ce moment là il était pas mal pris. Au final je l’ai fait moi-même, un jour j’étais chez-moi et « duel sur la lune » m’est venu. J’ai voulu faire une chanson sur la bipolarité, c’est très à la mode à notre époque, les maniaco-dépressifs et tout. J’ai eu pas mal de potes qui ont eu des histoires comme ça avec leurs meufs totalement farfelues. J’ai pensé à des personnages qui s’affrontent et à la lune. Je me suis mis à écrire et en un jour j’ai écrit la chanson. J’ai trouvé le texte cool et je l’ai chanté. C’est un titre assez gainsbourien.
Gilles, je le connais depuis très longtemps. Il est du 77 comme moi. On s’était perdus de vue et on a repris contact. Lui savait que j’avais un studio à Pantin et il est venu me voir plusieurs fois. Je lui ai fait écouter mes morceaux sans penser forcément à le sortir sur son label. En plus à ce moment là je pensais que ça allait sortir sur Pan European puisqu’ils avaient déjà sorti “Tokyo Parade”. J’ai contacté deux-trois labels par personnes interposées mais finalement, ça me faisait chier et ça me dégoûtait de démarcher. Un jour je suis allé boire une bière avec Gilles et il m’a proposé de le sortir. Avec Bolanile, ce sont vraiment des passionnés, ils sont extras. C’était une super opportunité et je suis ravi de bosser avec eux. Ils ont déjà sorti une cassette et l’album est prévu pour septembre. L’avantage c’est que personne ne m’attend. Je fais marrer mes potes sur Insta, je fais mes clips moi-même ou avec La Plongée qui est aussi sur la compile Err Rec, Library 2. J’ai eu d’ailleurs plein de compliments sur notre clip “Tokyo Parade”.
Bien sûr, j’ai envie de faire des concerts, de collaborer avec des gens, des cinéastes, des chorégraphes. Je faisais de la danse contemporaine quand j’étais petit. Je fais des concerts dans des bars. Ce qui est sûr, c’est que c’est dur pour tous les artistes quand tu fais un album. Pour le faire vivre. Err Rec c’est un petit label, il y a beaucoup d’humilité, de confiance. Tu as à faire à deux personnes, pas quinze, et tu n’as pas de pression de réussite. En réalité je repars à zéro. C’est ça qui est cool aussi. Ce n’est pas parce que j’ai été premier prix du conservatoire ou que j’ai été batteur dans Poni Hoax, ça n’a rien à voir.
C’est les montagnes russes la musique, tu montes et tu redescends comme une vieille merde.
J’ai fait des concerts à 600 nets la date et le 21 juin dernier j’ai fait deux concerts pas payés, on a transporté notre matos. Et c’est ça qui est génial. Mon cousin qui est trader et multi-milliardaire, et qui roule en Ferrari, il ne vivra jamais ça, il ne comprend même pas. Le luxe pour lui, c’est d’avoir une Ferrari.
Ah on est sur Discogs quand même ! Ce projet a dix ans maintenant, mais on continue, parce qu’A.L.B.E.R.T, c’est Vincent Taurelle, Ludovic Bruni et moi. On s’est rencontrés au conservatoire il y a vingt ans et on bosse toujours ensemble. On n’a jamais rien sorti. On a fait un seul et unique concert ici d’ailleurs, au Point Ephémère. On avait signé en édition chez Universal mais ils n’ont jamais rien fait pour nous, bravo. On voudrait ressortir des trucs mais on s’est mis énormément la pression. On en parlait justement avec Dave MacDonald, le producteur des deux premiers Portishead, il est assez fou de notre son. Lui a fait une paralysie faciale parce qu’il s’est rendu ouf de pression, d’exigeance en bossant avec Portishead. Avec A.L.B.E.R.T on a aussi un niveau d’exigence de malade mais on s’est calmés.
À un moment, on tournait avec Alain Souchon. On a refusé des dates supplémentaires avec lui parce qu’on voulait vraiment sortir quelque chose, et au final, on a eu ce syndrome des artistes qui ne finissent jamais leur œuvre. Le problème qu’on a eu aussi avec ce projet, c’est qu’on n’est pas chanteurs. On écrivait les textes en anglais mais ça allait être galère sur scène. C’est vraiment de la musique de producteurs. D’ailleurs quand on a fait écouter ça à des labels indépendants, on nous a dit que c’était trop produit et trop professionnel. La plupart des labels indés aiment bien le côté “couverts en plastique“. En tout cas, on n’a pas eu de chance avec ce projet. En plus comme des cons, on avait créé la tête A.L.B.E.R.T, une tête binaurale avec des micros de chaque côté, on en a fait une sculpture…
Ils nous l’ont piquée ! (Rires) Exactement ! A.L.B.E.R.T, c’est plus vieux que la sortie de l’album de Soulwax. À l’époque, j’étais à une expo du collectif Ill-Studio, j’y ai croisé l’agent de Soulwax et je lui ai montré des photos de notre sculpture. On avait pour projet de la mettre sur scène. On nous a simplement piqué l’idée quoi. Je n’ai jamais fait d’annonce sur ça mais quand on l’a vue, on était verts. Il ne faut jamais dire ce qu’on fait. Quand l’album est sorti, j’ai eu plein de potes qui m’ont envoyé la pochette de Soulwax. Mais nous, on s’est souvent faits pompés. (Rires)
Je suis tombé sur Kids See Ghosts, j’ai bien kiffé. En ce moment je bosse avec Tony Allen et du coup je le fais jouer sur des instrus que je trouve cools. J’écoute souvent Ariel Pink. J’aime bien aussi Mauvais Œil, on les a rencontrés à Avignon pour le premier live de Tiger Tigre et on s’est bien marrés. Je n’écoute pas vraiment de nouveaux trucs, d’autant plus que je compose pas mal en ce moment donc je suis assez écœuré après pour écouter d’autres musiques. Globalement mes goûts sont assez classiques. Comme en littérature ou en cinéma, je suis très valeurs sûres.
GRRR sera disponible le 12 septembre en digital et le 10 octobre en vinyle via Err Rec.
Tiger Tigre en concert :
13 juillet : Montreuil
19 juillet : Paris – Espace B (event)
Le Bombardier te fait gagner des places pour son concert le 19 juillet à l’Espace B avec Tite et Domotic. Pour participer rien de plus simple, il suffit de remplir le formulaire ci-dessous :
Bonne chance ! Fin du concours le 16 juillet à midi et annonce des gagnants par mail dans l’heure qui suit.
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]]>Depuis notre première interview des Ko Ko Mo en mai 2018, le duo nantais n’a jamais appuyé sur le bouton Pause. Près de deux ans après la sortie de Technicolor Life et suite à une tournée de plus 250 dates, c’est sans l’ombre d’une fatigue passagère que Warren Mutton et K20 dévoilaient leur second album intitulé Lemon Twins en mars dernier. Dix nouveaux titres cinglants pris comme des instantanés – soit autant de shoots d’adrénaline que l’auditeur doit s’accaparer – démontrant de nouveau la complémentarité des musiciens. Si les couleurs se veulent plus éclatantes et la production plus moderne, le fond demeure intact et sans fioritures : du rock, du punch et une bonne dose de savoir-faire. À l’occasion de la release party de l’album au Point Éphémère, on en a profité pour prendre quelques nouvelles de l’un des duos les plus efficaces du rock français d’aujourd’hui.
K20 : Cinq jours ! On ne s’arrête pas, on est toujours dedans.
K20 : De bons retours, on est fiers de cet album.
Warren : On est fiers de ne pas avoir choqué ceux qui aimaient le premier. C’est toujours la grande problématique quand tu fais un album, il faut innover mais pas trahir non plus.
K20 : On a eu de bons retours sur le son, sur la pochette, les clips.
K20 : Il y a beaucoup plus de nous dans cet album parce qu’on l’a mixé à deux, puis à trois avec Damien Bolo (Hocus Pocus, Shake Shake Go, ndlr) qui lui a les machines et le métier. Nous on avait les oreilles.
Warren : Avant même de choisir Damien, on savait qu’on voulait avoir la main sur le mix. Il fallait qu’on trouve quelqu’un qui soit disponible, plutôt dans le coin et qui fonctionne de manière instinctive, un peu comme nous. Et que ça ne l’énerve pas d’avoir deux connards derrière son épaule qui lui disent quoi faire.
K20 : Il était à Nantes donc on a eu la possibilité d’aller chez-lui tous les jours pendant une semaine, pour peaufiner les choses. Peut-être qu’on fera mieux ou différemment pour le troisième.
Mais en tout cas c’est clair qu’il y a plus de nous dans cet album.
Warren : C’est peut-être une manière de cacher le côté « princesse » des artistes qui ont un égo parfois difficile à ranger. Ça garde la spontanéité.
K20 : C’est vrai qu’on est assez rock’n’roll pour ça. On ne passe pas trois jours sur un son de grosse caisse par exemple. Je respecte les gens qui le font si tu veux. Les prises de guitares pour l’album ont été très rapides aussi, alors il y a eu des couacs et des couics mais on ne les entend pas, et c’est bien qu’il y ait de la vie dans l’album comme sur scène. On ne passe pas mille heure sur une intro, la batterie ce n’est pas grave s’il y a un coup de baguette en trop. Et c’est ce qu’on retrouve chez Damien et Leïla Bounous. C’est rock’n’roll, on a le micro et c’est parti quoi.
Warren : Déjà ce qui est marrant c’est que le morceau “25 Again” sur lequel chante Leila, on ne savait pas si ça allait être un morceau. À la base on avait plus ou moins prévu une interlude de mandoline puis comme on avait déjà travaillé avec Leila et qu’on avait adoré ce qu’elle faisait, c’était évident qu’elle prenne sa part de dialogue de ce petit garçon qui parle à sa maman dans la chanson. Et c’est devenu un duo.
K20 : Je me souviens que lorsqu’on était en tournée au Japon, on avait laissé les pistes de “Self Love Age” à Damien. Il a commencé à mixer le morceau et nous l’a envoyé. Ça a mis du temps pour qu’il comprenne ce qu’on voulait exactement. C’était compliqué au début mais une fois que c’était parti, c’était bon.
Warren : Forcément, mais on ne donne pas de leçons sur comment traiter le problème de Trump. Le morceau parle juste du fait qu’il est là mais qu’on continuera à danser, surtout quand il va se barrer. Ça ne va pas plus loin que ça. On a aussi déjà joué pour des causes humanitaires mais ça c’est différent. Bien sûr que si le mouvement En Marche nous demandait de faire un concert, on refuserait.
Pas forcément parce que c’est eux particulièrement, mais parce qu’on ne veut ni être politisés, ni montrer pour qui on vote, ou pas d’ailleurs.
K20 : C’est des rodages à chaque concert. Comme on est deux, on ne répète pas. On change des intros, l’ordre des morceaux, on…
Warren : On se fait peur. On prend des risques. On essaie de ramener un peu le danger qu’il y avait sur l’ancien set dans le nouveau. C’est ce qui nous anime et c’est ce qui fait qu’on ne s’emmerde pas, aussi.
K20 : Il va nous falloir encore quelques dates avant que le set soit rodé, même s’il ne l’est jamais entièrement parce qu’on fait beaucoup d’impro. On travaille aussi beaucoup sur l’apport d’énergie dans notre set. Pour qu’on ne soit pas rincés dès le quatrième morceau. Là on commence à avoir chopé le rythme.
K20 : À la release party de Nantes le 6 avril, on a fait quelques morceaux pour les copains et pour nous aussi. Mais au fur et à mesure des dates on se rend compte que c’était l’histoire d’avant. On garde “Hard Time” et “Personal Jesus” en anciens. C’est des morceaux un peu plus free, que les gens aiment bien et qu’on aime bien jouer aussi.
Warren : Tant qu’on ne fera pas de grosse tête d’affiche de festivals où l’on nous demandera de jouer deux heures, on va avoir difficilement le temps de jouer les anciens morceaux, il y a ça aussi. En ce moment on nous demande des formats d’une heure donc on a envie de montrer nos nouveaux morceaux.
K20 : Même si on n’était pas forcément trop lassés de jouer les anciens morceaux. Il y a une évolution.
K20 : Et bah non écoute !
Il y a même des morceaux pour lesquels on se dit « Oh putain on ne va plus les jouer ! »
Warren : Techniquement, je crois qu’il y a eu beaucoup plus que 250 dates. On a fait presque 500 concerts ensemble depuis qu’on joue avec K20. Il y a des morceaux qui n’ont pas été mis sur EP ou album mais qu’on jouait déjà avant, donc ces morceaux-là on les joue depuis trois ans.
K20 : Et pas saoulés tu vois ! C’est la joie d’être deux et d’improviser !
K20 : Bonne question !
Warren : Maintenant, oui. On a croisé quelques groupes sur la route qui nous ont laissé sur le cul. Mine de rien. Ça fait plaisir parce que ça faisait longtemps que ce n’était pas arrivé. On pense à The Psychotic Monks, Lysistrata, Make-Overs… On sent qu’il y a vraiment un nouvel essor aujourd’hui, c’est positif.
K20 : Toujours aimer jouer ensemble. Que les gens viennent de plus en plus en concert. On vous prépare un troisième disque dans deux ans qui sera encore mieux que tout le monde. Des projets, des envies.
Warren : Qu’il y ait toujours autant de création, de dangers, et de choses inachevées. Et que ça nous déstabilise.
Lemon Twins est disponible via LMP Musique.
Ko Ko Mo en concert :
05/07 : REVELLES – Festival Rock R4
06/07 : ST COLOMBANT – Megascène
11/07 : ANYKSCIAI – Devilstone Festival (Lithuanie)
14/07 : MONTS – Terres Du Son
16/07 : LES SABLES D’OLONNE – La Déferlante
19/07 : DIEULOUARDE – Summer Fest
20/07 : IDAR-OBERSTEIN – Rock Im Daa (Allemagne)
31/07 : SAUMUR – Les Grandes Tablées
01/08 : LA BOURBOULE – Square Joffre
03/08 : MALESTROIT – Pont Du Rock
08/08 : ST-JEAN-DE-MONTS – La Déferlante
10/08 : CLOHARS-CARNOËT – Rock-Land Festival
13/08 : ST-GILLES-CROIX-DE-VIE – La Déferlante
15/08 : BREST – Les Jeudis Du Port
17/08 : SAILLAT-SUR-VIENNE – Les Cheminées Du Rock
22/08 : NIORT – Les Jeudis Niortais
23/08 : PORNIC – La Déferlante
31/08 : LA POMMERAYE – The City Trucks Festival
05/09 : RENNES – Le Diapason – Campus
07/09 : ROTTERDAM – De Nacht Van De Kaap Fest (Pays-Bas)
20/09 : GRANDVILLIERS – Arthur’s Day Festival
21/09 : LE MANS – Forum Des Jeunes
27/09 : PLAILLY – Parc Asterix
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]]>Il faut remonter à l’année 1994 pour dater la naissance du label Pschent. Les plus sages se souviennent forcément des compilations chill Hotel Costes concoctées par Stéphane Pompougnac qui ont contribué à son rayonnement international. Des diverses routes stylistiques empruntées jusqu’à l’affirmation de son image French Touch, c’est avec la signature de nouveaux artistes au début des années 2010 que le label prend un second souffle. De la parution de Forty Eight Hours, le premier album de Yan Wagner produit par Arnaud Rebotini à Le Danse de Slove, la famille Pschent n’a alors cessé de s’agrandir en accompagnant des formations comme Ghost Of Christmas et Nasser ou encore plus récemment avec Tatum Rush et Onelight.
Actuellement codirigé par Olivier Rigout, Guillaume Heintzmann et Gilles Lardoux, également cofondateurs d’Alter-K, Pschent revient avec la compilation Pschent Decade sur les artistes qu’il a porté ces dix dernières années et regarde vers l’avenir. On a interviewé Olivier Rigout pour évoquer les challenges d’aujourd’hui et les projets du label.
Olivier Rigout : Pschent a eu plusieurs vies. La compilation, c’est une rétrospective de ces dix dernières années, soit la seconde vie de Pschent. C’est à la fois un anniversaire et une manière d’amener la transition vers laquelle Pschent se dirige. Maintenant le label est intégré à Alter-K, Jeune à Jamais et d’autres partenaires et nous allons continuer à nous servir de Pschent, de son équipe et de ses outils.
En 2006. C’est là que j’ai rencontré mes deux associés, Gilles et Guillaume, avec qui j’ai fondé Alter-K par la suite. On était employés chez Pschent, j’étais pour ma part chef de projet/directeur artistique, Gilles était au marketing et à la communication et Guillaume s’occupait des contrats. Des années 90 jusqu’au milieu 2000, Pschent était un label de compilations et de French Touch au sens large. Celles qui ont marché le plus dans le monde et qui continuent de marcher sont les compiles Hôtel Costes. Il y a eu beaucoup de collaborations avec des marques, comme Chopard pour le Festival de Cannes, Perrier, Hugo Boss, des compilations pour les magazines Trax et Technickart. Ça, c’étaient les premières années du label et c’est le fondateur de Pschent, Eric Hauville, qui s’en est occupé. Il a disparu il y a quelques années et c’est là qu’on a racheté le label auquel on était attachés historiquement : on y avait fait nos premières armes. On connaissait très bien la maison, les artistes, le catalogue et les contrats. Et on a intégré Pschent à Alter-K.
Désormais, Pschent va se concentrer sur une activité qui n’a pour le moment pas été assez mise en avant dans notre communication, à savoir la distribution digitale.
Il faut savoir qu’à l’époque, Pschent a été un label pionnier dans la distribution digitale en ouvrant des comptes sur les plateformes de streaming en direct au milieu des années 2000. Chose que les labels ne faisaient pas et que les gros distributeurs comme Believe ou Idol ont fait peu de temps après. Progressivement, Pschent est devenu un distributeur numérique et ça va être sa vraie vocation dans les années à venir.
Elle va être fusionnée avec Alter-K tout simplement. Il y a un ADN commun entre les deux structures. On continue de travailler avec des artistes qui ont été signés lorsque nous n’étions pas encore là, mes associés et moi. C’est le cas d’une grande partie des artistes de la compilation Decade comme Slove, Yan Wagner, Scratch Massive, et Tristesse Contemporaine qui continuent de tourner, d’avoir de l’actu, de la presse et de faire de très belles carrières. Ce sont des artistes qui sont là depuis plus de dix ans. Tout ça est une évolution naturelle et une réorganisation. On pensait que c’était important de marquer le coup et d’expliquer que Pschent avait vraiment développé ces artistes, et pas seulement des compilations. Ces artistes continuent visiblement de plaire, d’exister, s’exportent et font de la synchro dans le monde entier. C’est aussi le travail qu’on fait avec Alter-K depuis longtemps en édition et en synchro. L’idée de cette compile était de tout relier et de célébrer ce catalogue auquel on est très attaché et qu’on continue d’écouter. Et montrer qu’on a fusionné tous nos savoirs-faire et qu’on peut apporter une seconde vie à des projets comme Slove par exemple ou Plaisir de France. On a également développé de nouveaux artistes comme Ghost Of Christmas et Tatum Rush. On a transformé et fait évoluer l’esprit French Touch déjà présent chez Pschent en le reliant à nos activités de chez Alter-K.
Oui. Même si chez Alter-K/Pschent/Jeune à Jamais on est une équipe de quinze personnes, ce qui a l’air beaucoup, on reste une petite structure. On est obligés de s’adapter tout le temps et de réfléchir. Il y a des postes clés qui restent dans l’industrie comme le label, la promo, l’édition, la synchro, la distribution. La distribution numérique et surtout le principe de streaming et de plateformes a vraiment changé beaucoup de choses, précisément sur ces deux dernières années. On a vraiment basculé dans une économie qui est quasi entièrement digitale pour beaucoup de projets.
La jeune génération d’artistes qu’on a n’est pas vraiment attachée aux supports physiques et demandent très peu de vinyles et de CDs.
Encore moins dans le rap, avec Jeune à Jamais on s’aperçoit que la question n’est même pas posée. C’est aussi pour ça qu’on s’est musclés et qu’on a investi dans le back-office parce qu’il ne suffit pas de mettre en ligne les mp3 et d’attendre que ça tourne. C’est un peu comme l’édition, il ne suffit pas de déposer les titres à la Sacem et attendre. Il faut travailler, promouvoir le catalogue, l’éditorialiser, le rendre sexy et le faire écouter.
On s’est aperçus que Pschent avait été novateur sur plein d’aspects. Je reparle des compilations Hôtel Costes qui est un peu l’élément fondateur de Pschent, ce sont des compilations qui se sont vendues par millions dans le monde entier dans les années 90 et 2000. Ce back-catalogue continue d’être beaucoup exploité dans le monde, sur Spotify, Deezer et Apple Music, ce sont des chiffres assez hauts alors que beaucoup de gens pourraient penser qu’elles ne sont plus exploitées aujourd’hui. On ne peut pas comparer ça aux Rolling Stones mais ce sont des titres qui tournent très bien. La direction artistique chez Pschent, même si c’était French Touch, a toujours été assez proche de FIP ou Nova d’une certaine manière. Et a aussi été précurseur des playlists à thème et à moods, des chaînes YouTube comme Délicieuse Musique, Electro Posé comme on fait maintenant. Deezer et Spotify s’en sont également inspirés, c’est juste une transformation. Maintenant on n’appelle plus ça des compilations de chill mais c’est exactement le même principe, le même type de musique et d’artistes. C’est assez cool de voir que ces morceaux arrivent à passer le temps. Ce qui est marrant c’est qu’à l’époque, l’intelligencia était assez critique envers ce moyen d’écouter de la musique. Au final on s’aperçoit que l’industrie raisonne beaucoup comme ça aujourd’hui.
Alter-K est plutôt connu pour son travail en édition et en synchro. On travaille avec des marques de luxe comme Yves Saint-Laurent, Lancôme, Chanel pour lesquelles on fait de la synchro toutes les semaines parce qu’il y a un gros volume et beaucoup de besoins. C’est une industrie très digitale avec des stories Instagram, du contenu dédié à Twitter, des campagnes très ciblées. Ce qui est intéressant avec cette industrie, c’est qu’il y a beaucoup de gens qui sont passionnés par la musique et qui font des choix novateurs ou hors des sentiers battus et c’est super agréable.
Je nuancerais mes propos, même si c’est quand même vrai, il y a moins de médias qu’à une époque. Même s’il y a Internet, il y a moins de médias au sens traditionnel du terme. On a deux poids : le premier qui est le back catalogue, où il suffit d’ouvrir Télérama ou Rock’n’Folk comme je l’ai fait ce matin pour voir les Stray Cats en couverture, un groupe qui était déjà revival en 1984. Sauf qu’ils remplissent encore des Zéniths. Ce sont de bons artistes, il n’y a pas de soucis, mais on se bat du coup contre ce back-catalogue qui grossit à mesure que l’on avance dans le temps.
Le deuxième poids, ce sont les artistes qui explosent très vite et très tôt, qui occupent toute la place médiatique et qui donc laissent peu de place pour de jeunes artistes qui ne sont pas la sensation du moment que tout le monde veut s’arracher. Ce sont des éléments qui laissent peu de place pour des jeunes artistes qui sont ni des back catalogue ni des stars. Je parlais de Jarvis Cocker plus tôt, Pulp a été fondé en 1978 et ce n’est qu’en 1995 que ça devient le groupe qu’on connaît. Pareil pour les Sonic Youth, Flaming Lips, Jon Spencer Blues Explosion. Il y a plein d’exemples comme ça d’artistes dont on est mega fans et qui ont mis beaucoup de temps à se faire connaître. Je ne suis pas sûr que ce soit possible maintenant de faire dix ans de carrière sans être reconnu et d’avoir un hit à presque quarante ans.
Il y a des contre-exemples aussi, encore heureux! En électro, je me souviens de Black Devil Disco Club : l’album qui l’a fait revenir s’appelle 28 After parce que justement, pendant 28 ans il n’a rien fait. C’est grâce aux samples des Chemical Brothers et au travail d’Aphex Twin qu’il a été exposé et qu’il est revenu. Récemment on a ressorti Symboter et je trouve ça super que les gens puissent découvrir un Allemand qui a fait de la musique en 1982, à rendre hommage à ce passé et à passer le bâton à une autre génération.
Il y a plein de petits ruisseaux, plein de petits canaux maintenant qui permettent d’avoir une vie sans être dans Rock’n’Folk ou dans Technickart ou en programmation sur France Inter. C’est ça qui est super : il y a le live, la synchro, le streaming. Il y a aussi des artistes qui font d’autres choses, des collaborations, des remixes. C’est pour ça que j’adore Julien Barthe de Plaisir de France par exemple, la moitié de Slove. Pour moi, c’est un artisan de la musique. Il a son studio, il travaille toute la journée. Il n’a pas de plan de carrière mais c’est un artiste grâce à qui j’ai rencontré Sarah Rebecca dont on va sortir l’album, avec lui qu’on a fait des collaborations avec Dombrance qui marche bien en ce moment. Il a mixé l’album de Maud Geffray et Scratch Massive qui est aussi chez Pschent. C’est quelqu’un qui n’a pas beaucoup pris la lumière parce que sa carrière est assez compliquée, dans le sens où il fait plein de petites choses différentes. Il est producteur, réalisateur, il fait de la musique à l’image, des remixes, il est DJ, il est membre d’un duo. Ce n’est pas le truc le plus évident à comprendre pour les médias. Par contre c’est quelqu’un qui a toujours été occupé et je suis fan de sa discographie et de tous les projets sur lesquels il a bossé.
Peut-être qu’un jour les gens comprendront l’influence que Julien a eu sur la nouvelle scène française.
Il y a des causes à défendre. On va me dire que Kiddy Smile est allé à l’Elysée avec un tee-shirt à message ou me parler du mouvement #MeToo. Je crois que c’était Bret Easton Ellis qui disait ça la semaine dernière dans Les Inrocks, en gros, que tout le monde pouvait transformer sa blessure personnelle en un objet marketing assez consensuel qui ne froisserait personne. Quand tu lis des interviews de Bobby Gillespie de Primal Scream sur la BBC ou dans The Guardian, tu vois ce que c’est une interview politique avec quelqu’un qui se mouille. Bon, après, c’est quelqu’un qui dit des conneries aussi, comme tout le monde, il en a dit une très grosse cette semaine mais il a de vraies prises de parole sur les classes politiques et la reproductions des élites. Ce sont des thèses très bourdieusiennes, sociologiques, je n’entends pas ces discours-là, à part peut-être Edouard Louis en littérature mais je ne vois pas d’Edouard Louis dans la musique.
Il y a des combats très justes à mener et le combat du féminisme est plus que légitime mais la façon dont c’est fait, ça ne reste que du marketing pour servir la promo du moment de Christine And The Queens ou de Clara Luciani. D’ailleurs chez Pschent, il y a 60% de filles, mais on ne s’est jamais revendiqués de la parité ou de quoi que ce soit. Ce n’est pas dire « Ouais, il devrait y avoir moins de mains aux culs dans le monde de la musique ». C’est un vrai combat qui doit être mené tous les jours, ça ne doit pas s’arrêter à un manifeste sur Télérama. C’est comme les pins « touche pas à mon pote » en 86, c’est sympathique mais ce n’est que de la cosmétique pour les médias.
Il y a des artistes qui disent des choses de manière plus subliminale, en tout cas moins frontale. Quand tu lis certains textes de Yan Wagner, de Tristesse Contemporaine et même de Nasser, c’est assez punk, assez nihiliste et désabusé. Ils ne vont effectivement pas forcément prendre la parole en commentant l’actualité. Je pense que les gens sont aussi moins politisés aujourd’hui alors qu’il y a beaucoup de choses à dire. Tout le monde râle un peu dans son coin.
Par contre, ce qui est politique, c’est la démarche d’aller acheter des disques, de supporter la scène locale, d’aller à un concert.
C’est important de montrer son soutien. En tant que label, distributeur et éditeur, je soutiens des artistes que je kiffe même si je me dis que ce ne va pas être forcément un projet à fort potentiel de vente. On sort régulièrement des trucs pour se faire plaisir, parce que ce sont des morceaux qu’on écoute en boucle et on trouve que ça serait dommage de ne pas les sortir. C’est un acte politique de défendre des projets de gens un peu bordéliques avec des morceaux de sept minutes où il n’y a ni intro, ni couplet, ni refrain, c’est n’importe quoi, mais on trouve que c’est cool ! C’est un acte de je m’en foutisme même s’il n’y a pas de logo “Anarchy” ou de guitares.
Le fait de regarder dans le rétroviseur et de se dire qu’en fait, on a continué à accompagner des artistes qui ne sont pas périmés. Scratch Massive a fait complet il y a quelques jours à la Gaîté Lyrique, dans le même bâtiment. Ou de voir que le titre “Carte Postale” de Slove qui est sorti il y a huit ans est utilisé par Casey Neistat, un YouTubeur américain très connu pour un vlog sponsorisé par Samsung. Il y a eu plus de onze millions de vues et là ce titre a fait ça un buzz. Il y a eu une marque de bière au Mexique qui s’en est servi pour une pub, David Beckam pour sa marque de whisky, les stats ont explosé sur Spotify. C’est un morceau un peu chelou, yéyé, électro. Quand il est sorti à l’époque, ce n’était peut être pas le meilleur moment et au final, aujourd’hui, c’est un mélange de La Femme et de Salut C’est Cool. Des fois dans la musique, il y a des secondes chances. C’est cool de voir que ça peut venir huit ans après et de l’étranger. Alors que c’est un morceau qui a faillit ne pas se retrouver sur l’album. C’est la meilleure des récompenses.
Ce week-end je vais à un festival à Londres. Je vais voir Jarvis Cocker et j’ai toujours été fan de Pulp, The Chemical Brothers dont j’adore le nouvel album. Courtney Barnett aussi, une artiste qu’on sous-édite avec Alter-K pour la France que j’aime beaucoup. J’écoute beaucoup de petits artistes qu’on pourrait aller chercher au berceau pour travailler ensemble, ou des artistes avec qui l’on travaille déjà. J’ai moins de temps d’écouter la concurrence ou le top 10 NME du moment, mais je me tiens au courant. J’ai écouté l’album de Tyler The Creator qui est sorti vendredi dernier, j’ai reconnu un vieux sample qui était déjà sur l’album de Jon Spencer en 98. C’est assez marrant de voir que les gens kiffent ce truc-là alors que cette boucle est sortie il y a vingt ans.
Pschent Decade est disponible ici.
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Bonne chance ! Fin du concours le 1er juillet à midi et annonce des gagnants par mail dans la journée.
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]]>Revival. Perdue entre les années 80 et aujourd’hui, repérée par Jean-Louis Brossard, Arnaud Renotini ou encore Jean-Michel Jarre, Sara Zinger ne passe pas inaperçue dans le paysage électronique de ces derniers mois. Notre première rencontre officieuse avec la productrice avait eu lieu à l’improviste dans la moiteur du hall 9 des Trans Musicales de Rennes en décembre dernier. Ambiance festive, quelque peu alcoolisée et nocturne. Il était plus de trois heures et le public développait des atomes crochus avec la djette originaire de Dunkerque. Il faut avouer que des morceaux comme “Closer”, “Laurie” ou sa réadaptation d’”Another Brick in the Wall” des Pink Floyd ne laissent pas totalement de marbre.
À l’occasion de la sortie de son second EP Go Back, on a repris rendez-vous, de manière plus officielle cette fois-ci. C’est ainsi qu’on a retrouvé Sara Zinger dans cette charmante cour aménagée de l’Hôtel Grand Amour, rue de la Fidélité. Ça ne s’invente pas.
Sara Zinger : J’ai deux formules : l’une en DJ set plus techno et l’autre formule live où je suis également aux platines mais où je joue uniquement mes productions. Un mélange de productions clubs et d’autres issues de mon nouvel EP donc plutôt axées synthwave et pop/électronique disons. J’ai du mal à définir. J’ai un ami qui me disait que je faisais de la new-new-wave. J’aime bien cette formule parce que ce sont mes influences.
L’original traînait dans ma clé USB depuis des années, comme pas mal de monde j’imagine. J’ai été programmé aux Trans Musicales de Rennes. Aux Trans, ce sont des artistes pas vraiment connus et souvent le public ne peut pas chanter pendant les concerts parce qu’il ne connaît pas encore les morceaux. Pour tirer mon épingle du jeu et faire plaisir aux gens, j’ai songé à la manière de rendre cela possible. J’ai pensé à une réadaptation et instinctivement c’est ce morceau qui est sorti. J’ai contacté JP Léon avec qui j’avais déjà collaboré sur “Laurie” et “Go Back” et je lui ai soumis l’idée qu’on le fasse à deux. A la base, il avait enregistré sa voix en témoin et je devais reposer ma voix dessus. Mais quand ça fait “Hey, teacher, leave the kids alone!”, je n’arrivais pas à être juste sur cette phrase. Ça s’est donc transformé en duo.
Je voulais juste le jouer en live, sans aucune prétention de le sortir, notamment par rapport aux droits. Aux Trans, elle était en plein milieu de mon set et j’ai vu qu’elle marchait très bien. J’entendais les gens chanter. Lorsque j’ai fini mon set avec “Go Back”, le régisseur m’a demandé de remettre un morceau parce que le groupe d’après n’était pas encore prêt. Et là en deux fractions de secondes, j’ai décidé de prendre le micro et de refaire Pink Floyd. Mon manager a fait la démarche de contacter la maison de disque de Pink Floyd pour obtenir les droits. Il y a eu plusieurs échanges de mails et ça a été plutôt facile. Ils ont écouté et validé.
J’ai une grande sœur qui a 9 ans de plus que moi avec qui j’ai toujours partagé ma chambre. Quand j’avais 10 ans, j’écoutais des boys bands. C’était la guerre sur la chaîne-hifi entre mes CDs et les siens. Elle écoutait Depeche Mode, Nirvana, U2. J’ai rapidement accroché sur Oasis et j’ai grandi avec cette bipolarité. Au départ quand je mixais, il y a 10 ans de ça, j’étais tellement stressée avant mes DJ sets que j’écoutais Larusso ou des trucs à la con pour ne pas penser à la musique électronique. D’ailleurs à la maison je n’en écoute pas, je n’écoute que mes morceaux, du rock comme Niagara ou la nouvelle scène pop française comme Aloïse Sauvage, Fishbach ou Voyou. Ce sont des potes en plus. Ou les Backstreet Boys !
À Paris c’est beaucoup plus organisé. Quand tu es DJ c’est plus intéressant d’être à Paris. Forcément tu es amené à bouger mais tu travailles aussi beaucoup localement. Du coup à Marseille, à part ce club dans lequel je jouais qui s’appelle La Dame Noire, il n’y avait pas grand chose. Et de savoir aussi qu’il y a pas mal de monde dans mon style de musique à Paris, sans parler de concurrence, ça me tire vers le haut de savoir que je n’ai pas spécialement le monopole.
C’est un peu ça l’idée. Lorsque je faisais seulement des DJ sets, je savais que le public qui allait venir allait être un public averti de techno. Ta mère n’aurait pas eu envie d’écouter ça à la maison.
J’ai envie que tu viennes me voir en concert et que ta mère puisse m’écouter à la maison.
Je pense que c’est ce juste milieu que j’ai trouvé avec cette reprise de Pink Floyd et des morceaux comme “Laurie” qui peuvent parler à tout le monde. Ce sont des morceaux qui sont très influencés années 80 avec un petit côté badass qui peut parler à la jeunesse actuelle.
Je pense que ça va être modulable. Plus je vais sortir de morceaux pop/électroniques, plus mon live va s’étoffer, tout en gardant quelques productions technos. C’est mon ADN et je ne voudrais pas le perdre. Mon idéal serait que JP Léon intègre quelques lives parce qu’il est très bon au synthé.
Il va y avoir pas mal de festivals qui vont arriver, c’est super cool. J’ai composé récemment des musiques pour la Fashion Week Homme et la Fashion Week Femme, chose que je n’avais jamais fait auparavant. Je me suis retrouvée à ne voir personne pendant deux semaines et à boire 1000 cafés chez-moi, mais ça s’est super bien passé. J’aimerais en faire d’autres. J’adore la mode donc ça me permet aussi d’assister aux défilés et d’être dans l’envers du décor. C’est surtout un challenge parce que tu sors de ta zone de confort pour faire un morceau. Quand c’est pour un défilé, tu dois t’influencer de la collection de vêtements et le créateur a son mot à dire, tu es obligée de l’écouter. Ça m’apporte des idées à ajouter à mes futures productions.
Je suis retombée sur un vieux morceau, “Hedonism” de Skunk Anansie. Sinon Kiddy Smile, Björk, j’adore Hyphen Hyphen.
J’ai tourné dans Engrenages, une série Canal + dans les premiers épisodes de la saison 7 qui vient de sortir. Ça s’est fait un peu par hasard, on m’a fait passer le casting pour un rôle qui donnait la réplique à Audrey Fleurot, l’une des actrices principales. Je ne savais pas si ça allait le faire parce que je n’ai jamais pris de cours de théâtre ou quoi que ce soit. Au final, j’ai passé deux castings et deux mois après on m’a appelée pour me demander ma taille de tee-shirt. On ne m’avait pas dit que j’étais prise! C’était assez fou. On a tourné dans une vraie prison. Audrey Fleurot qui joue l’avocate dans la série s’est fait emprisonnée à la fin de la saison 6. Et en fait je suis sa co-détenue et je lui fais vivre un enfer dans la cellule.
Ce tournage a chamboulé ma vie.
C’était un gros choc de rentrer dans une prison, avec de vrais détenus autour, de voir une équipe de cinéma aussi rodée. Audrey Fleurot est une putain d’actrice, impressionnante. Le cinéma me plait autant que la musique. C’est une grosse révélation. Au cocktail de l’avant-première, un mec est venu me voir pour me féliciter et s’est même mis à genoux devant moi. Je savais que je le connaissais de quelque part. Plus tard, on m’a dit que c’était Vincent Lindon ! Donc apparemment je me suis pas mal débrouillée.
Go Back est disponible via Maquisards.
Sara Zinger en concert :
07/06 : R2 Le Rooftop – Marseille
22/06 : Festival La Bonne Aventure – Dunkerque
04/07 : Rex Club – Paris (event)
06/07 : Les Nuits de Berre – Berre
12/07 : Festival Terres du Son – Monts
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]]>C’est un vent de liberté qui soufflera dans le Tarn du 29 août au 1er septembre prochain à l’occasion de la huitième édition du festival Baignade Interdite. Organisé par l’association Triple A, le festival se tiendra dans un lieu atypique de la commune de Rivières (à découvrir dans ce teaser, conçu pour la précédente édition) repensé pour l’évènement. Des bassins d’une piscine désaffectée à la base de loisirs d’Aiguelèze, tout est fait pour mettre en valeur la programmation originale, pleine de caractère et internationale de Baignade Interdite.
Pendant ces quatre jours de festivités au bord de l’eau, on pourra ainsi se mouvoir avec le krautrock saugrenu de Snapped Ankles, la pop psyché de Vanishing Twin ou découvrir la techno expérimentale des Belges de Why The Eye. Côté français, on pourra compter sur Société Étrange pour l’ambiance exotico-hypnotique ou s’accorder une pause devant Vacarme et les violoncelles de Marion Cousin & Gaspar Claus. Du rock péchu à la transe, en passant par le jazz, le blues et les musiques expérimentales, Baignade Interdite ne se refuse rien et ne s’impose aucune limite. On a interviewé Benjamin Maumus, programmateur du festival, pour lui poser quelques questions sur cette huitième édition.
Benjamin Maumus : Le projet est né de manière collective. Sur la forme, on a longtemps occupé la terrasse d’un café qui s’appelle La Javanaise, face au site des bassins d’une piscine désaffectée. La particularité de ce festival, c’est qu’une grande partie des concerts ont lieu dans ces bassins. On a passé de nombreuses heures à regarder ce site partir en miettes parce qu’il s’abîmait rapidement, du fait de son inoccupation. Rapidement, avec des copains et copines branchés musique, on s’est dit qu’on allait organiser quelque chose là-bas. C’est vraiment le site qui a provoqué la naissance de l’événement. Sur le fond, il y a une autre particularité de ce festival, c’est d’aller chercher des musiques qui ne sont pas forcément très connues ou très médiatisées. On n’a pas de politique de tête d’affiche, on est plutôt sur des propositions assez rares dans l’idée d’aller contre les clivages qui font le paysage culturel français d’aujourd’hui à mon goût.
Je suis ingé son et j’ai participé à pas mal de projets en tant que musicien dans le milieu des musiques expérimentales et contemporaines et j’ai toujours trouvé ça assez étroit. Pas dans la musique en elle-même, mais dans le contexte dans lequel c’était joué.
L’idée sur le fond de ce festival était de péter les barrières et de pouvoir autant écouter un quatuor à cordes que du harsh noise. Se permettre dans la programmation des grands écarts.
Quant à mon arrivée dans la programmation, ça faisait longtemps que j’étais dans la musique, je suis praticien et ingé son, j’organisais des festivals et des concerts il y a déjà une bonne quinzaine d’années. Donc assez naturellement, j’ai assumé le volet programmation en me nourrissant beaucoup des échanges et retours de l’équipe.
Ça fait entre 15 et 20 ans. On a récupéré ce site à l’abandon qui est encore la propriété de la commune. On a eu rapidement de très bonnes relations avec les gens de la commune de Rivières sur laquelle se tient le festival. Ils nous ont fait confiance et on a eu carte blanche – sans faire n’importe quoi – en tout cas beaucoup de libertés pour réorganiser ce site et je pense qu’ils ont compris qu’on participait à son bon entretien. Un site inoccupé vieillit très vite. Par exemple, on a pété tous les murs des vestiaires pour réagencer, faire des loges et un espace technique. Ça a permis de valoriser le site. C’est pour ça que le festival survit aux années, c’est qu’il y a un réel ancrage local autant en terme de public que d’organisation. C’est un bel équilibre entre des gens qui suivent le projet à l’année et d’autres qui viennent de loin parce qu’il y a ce condensé de choses très originales sur la programmation.
Généralement, on dit que la programmation est aventureuse. Il y a cette question de la prise de risque qui est partagée entre les musiciens, les organisateurs et le public curieux. Il y a des groupes qui mettent des années avant de pouvoir venir parce qu’ils viennent de loin. Il y a des projets qui restent d’années en années. Chaque année, la programmation bouge avec certains dénominateurs communs qui font l’identité du festival.
Ce que j’aime transmettre, c’est le pouvoir de se faire surprendre.
Nous aussi on se fait surprendre tout comme le public, puisqu’on ne peut pas voir les groupes à l’avance la plupart du temps. Il y a une part d’inconnu qui est excitante et c’est quelque chose qui me tient à cœur de cultiver et entretenir cela au cœur de l’association. C’est un projet porté par un collectif sans lequel je ne serai rien. Je suis porté en première ligne parce que je suis coordinateur et programmateur mais il y a une réelle dynamique collective. C’est donc une nécessité que la programmation soit à l’image des gens qui travaillent dans ce collectif, ça me paraît vachement important. Que ce ne soit pas le délire d’un mec seul mais que ce soit partagé.
C’est un mélange. Il y a pas mal de gens qui nous envoient des propositions. Il y a un travail de veille, regarder ce que proposent les festivals de France et d’ailleurs, le web, la radio, les webzines beaucoup. Ces différents acteurs font que les groupes arrivent ici. Je suis aussi à l’écoute des personnes autour de moi. J’ai aussi des phases où je me retrouve seul, j’écoute beaucoup de musique, je combine des choses et j’arrive à une grande liste que j’envoie à l’asso. Pas pour faire une décision collégiale parce que ça ne marcherait pas, mais ça me permet d’avoir des retours.
Il y a également toute une réflexion entre la musique qui est proposée, le lieu et l’heure. Au-delà des concerts prévus dans les bassins, on en a fait aussi au bord de l’eau, sur des bateaux, dans des chapelles. Il y a toujours des lieux assez incongrus. En ce moment on travaille sur un barrage EDF qu’il y a dans la commune, on voudrait faire un concert dans l’usine qui est un lieu indus totalement incroyable.
Je suis convaincu que le contexte participe au fait que les gens puissent être disponibles pour la musique. Je pense que n’importe qui peut être interpellé par n’importe quelle musique dans un contexte bien précis. L’idée est de libérer les musiques des cases un peu confinées.
Finalement, maintenant, le festival est un peu installé. Il y a une période au début de trois à cinq ans où tu dois installer ton nom et faire tes preuves. Là, les challenges sont partout. Il faut trouver de l’argent, du contenu, des groupes intéressants. Pour moi aujourd’hui, c’est d’essayer qu’en interne, les gens qui bossent sur ce festival continuent à avoir la banane et soient excités à l’idée de contribuer au festival. J’ai l’impression d’avoir ce rôle. Ni chef ni patron de quoi que ce soit, mais moteur, qui pousse les gens vers l’avant.
Le festival s’appelle Baignade Interdite mais on est au bord du Tarn. Sur le fleuve, il y a une zone de baignade autorisée avec une piscine artificielle constituée de gros cubes en plastique. Sur ces gros cubes qui servent de plateformes, on a fait jouer Noyades l’année dernière, l’un des groupes les plus bourrins du festival, assez tôt le dimanche matin. Ça flottait, les gars bougeaient pas mal sur scène. Toute l’équipe technique était un peu à cran de voir les amplis trembler. Le maître nageur était imperturbable pour surveiller les bassins. Sur une espèce d’adéquation entre le lieu, le nom, le fond, la forme et la musique, les gens étaient totalement scotchés.
Ah la question piège. Je peux te parler des groupes qu’on attend depuis longtemps comme Širom qui va jouer jeudi soir, des slovènes de Ljubljana avec une musique acoustique nourrie de folklorique, plutôt instrumental, avec une culture des musiques improvisées et bruitistes. Je pense aussi à Joshua Abrams Natural Information Society de Chicago. Ce sont des américains qu’on veut faire venir depuis deux ans, c’était assez délicat. Marisa Anderson, guitariste américaine. Un groupe italien aussi, Zu, ça fait partie un peu de mes groupes cultes quand j’étais plus jeune. D’ailleurs, c’est la tournée où ils rejouent en live un album sorti il y a dix ans je crois. C’est un très bon exemple, plutôt culture rock rentre dedans avec un gros son mais qui a quand même joué avec Peter Brötzmann, figure du jazz plutôt expérimental des musiques improvisées européennes. Donc ça montre de l’ouverture. Ce sont des groupes à l’image de ce qu’on peut proposer ici.
Celui de The Cosmic Dead de Glasgow. Ils ont un rider incroyable et super drôle. Sur la dernière page, ils ont un grand délire où ils demandent un bouquin qui commence par une certaine citation, des peignoirs avec leurs noms brodés derrière, un gourou. On a tellement ri qu’on a pris ça au pied de la lettre et on est allés au bout de la liste. On a pris un mec de chez-nous qui a passé toute la soirée y compris sur le plateau avec une toge. Le groupe était estomaqué parce que personne n’était allé au bout.
Toutes les informations sur le festival et la programmation complète ici
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]]>“You’re lost now.” De temps à autres, on a la fâcheuse manie de faire mûrir/moisir nos interviews – parfois quelques mois, plus rarement quelques années – dans nos tiroirs avant de les sortir à un moment qui ne semble opportun qu’à nous. Un peu à la manière d’un bon vin ou d’une madeleine de Proust que l’on sait pouvoir retrouver tôt ou tard. Il faut dire en préambule, que peu d’interviews commencent par une reprise accapella de “Candy Shop” de 50 Cent et avouer aussi, que les membres de Structures sont de joyeux (mais toujours pros) déconneurs qui nous font regretter que cette interview n’ait pas été filmée.
Ce qui nous amène à entrer dans le vif du sujet, à savoir leur premier EP Long Life sorti en septembre dernier dans lequel le groupe originaire d’Amiens pose les bases de son son : une énergie dévastatrice et contagieuse, ponctuée de mélodies racées. Les touches pop et synthétiques viennent temporiser l’atmosphère pesante engendrée par une section rythmique plus que nerveuse. Un brin mélancolique, la production se veut soignée et sans superflu, de quoi enflammer les passions sans concession.
Ceci étant dit, Structures est avant tout un groupe à aller voir sur scène pour s’accaparer au mieux ces morceaux animés par une certaine forme de fureur. Bien trop facilement assimilé à un genre post-punk qui n’est plus vraiment, ils font partie de ces quelques groupes à amener un temps soi peu de renouveau à une scène qui manquait auparavant de souffle. La sortie de cet EP a été d’ailleurs l’élément déclencheur de nombreuses dates (Bars en Trans, Printemps de Bourges, La Boule Noire, et une tournée estivale qui s’annonce vertigineuse) et d’un parcours qui semble dépourvu de toute embûche : alors que leur souhaiter de plus, si ce n’est une Long Life?
On les a donc interviewés juste après leur concert aux Bars en Trans en décembre dernier, dans le confort quelque peu désordonné de leur loge du 1988 Live Club.
Marvin : Plutôt bon accueil, on le défend du mieux qu’on peut sur toutes les dates qu’on fait en ce moment et on va continuer de le faire.
Oscar : On n’est pas seuls à le défendre non plus.
Marvin : Oui, on a de plus en plus d’entourage. On a trouvé un éditeur, un booker : A Gauche de La Lune.
Pierre : On est nés à Amiens, on est presque tous sur Paris maintenant. Sauf un.
Oscar : Je suis un irréductible nordiste en galère qui voyage terriblement.
Pierre : Avec Oscar ça fait plus longtemps, on était au collège ensemble. Ça fait 12 ans peut être.
Marvin : On est tous des potes d’enfance.
Oscar : Oui, chacun de notre côté. Avec Marvin et Adrien on avait un groupe de reprises d’Arctic Monkeys et des Strokes quand on avait 15 ans (rires).
Marvin : Ce sont devenus des amis et c’est aussi une source d’inspiration pour nous. On n’y fait pas vraiment attention, on fait notre petit bonhomme de chemin.
Oscar : Pardon mon chien se réveille (Le téléphone sonne, sonnerie d’un chien qui aboie.).
Oscar : Oui (rires)
Pierre : Rendez-Vous a un parcours hyper intéressant. Au final on fait des choses qui sont différentes. Ça revient souvent parce que leur projet marche vraiment bien et que c’est une référence pour la presse. On n’est pas très loin d’eux en terme de développement donc c’est plus facile de nous comparer à eux qu’à des groupes internationalement connus.
Pierre : C’est assez instinctif. C’est notre base et on vient de ce milieu. Même si on est tous amenés à écouter des choses très différentes, que ce soit du jazz ou de l’électronique, de la techno ou du rap.
Marvin : J’écoute aussi du métal avec Adrien.
Oscar : Et il y a un nouvel essor du rock aussi!
Pierre : C’est plutôt naturel, en tout cas on ne l’a pas choisi. Ça s’est imposé de soi.
On aime ce qu’on fait et on compte bien continuer.
Oscar : On est fidèles en fait. Grave fidèles !
Marvin : C’est surtout le milieu dans lequel on trouve le plus de gens avec lesquels on s’entend le mieux. C’est une question d’affinités et de trouver sa place, où on est le plus heureux. Après “indépendant”, c’est un grand mot qui ne veut plus dire grand chose aujourd’hui. Ça s’est vachement officialisé, ça a pris une énorme place.
Pierre : C’est une espèce de sous-culture qui commence à s’instutionnaliser. Mais le milieu indépendant est hyper riche et c’est là qu’on va trouver nos sources d’inspiration. Il se passe plus de choses qui nous plaisent dans ce milieu que chez les grands.
Oscar : On n’a pas la science exacte de ce milieu. Mais on ressent que cette musique remonte et qu’il y a une vague, un espèce d’entre-deux intéressant qu’il faut saisir.
Marvin : On n’a pas de contraintes artistiques, pas de producteurs qui sont là pour revisiter notre projet.
Pierre : On essaie déjà de faire la musique qu’on aime. Si c’est novateur tant mieux!
Oscar : Mais ce n’est pas le plus important en fait.
Pierre : Ce qui est important c’est de le vivre et que les gens puissent et aiment le vivre avec nous. Depuis l’arrivée du post-punk et de la coldwave il s’est passé plein de choses. On se nourrit de tout ce qui s’est passé depuis pour proposer ce qu’on fait aujourd’hui.
Pierre : Ce n’est pourtant pas trop une référence pour nous. On aime bien. Je suis un grand fan de The Irish Man Lover par contre.
Pierre : Oui carrément. Les mecs envoient une énergie assez dingue.
Oscar (en visant Marvin) : D’ailleurs il a un tee-shirt The Garden!
Pierre : C’est vrai qu’ils nous ont mis une grosse claque quand on les a vus lorsqu’on jouait avec eux à La Cartonnerie à Reims. Pour moi, c’est un groupe novateur. Ils vont puiser des choses dans des styles tellement éloignés : il y a du punk hardcore pour base mais ils arrivent à ajouter des couches impressionnantes et étonnantes.
Marvin : Ce qui est intéressant, c’est le facteur qu’ils ont acquis à la naissance. Que ce soient des jumeaux qui fassent un groupe, c’est énorme.
Pierre : Mais ça c’est vrai par contre, ils sont straight-edge à mort! Tellement à l’extrême qu’ils ne boivent que de l’eau. Ça nous a rendu oufs.
Oscar : Ils doivent faire de la médidatation c’est sûr.
Marvin : C’est peut-être ça la clé. Être sage, boire de l’eau et faire du sport. (rires)
Pierre : Pas tout de suite l’album. On a un 45-tours qui sera prêt dans pas longtemps et des remixes d’artistes qu’on aime beaucoup. Et notamment un clip.
Oscar : Un album c’est comme un mariage, il faut trouver la bonne personne.
Pierre : Il y aura probablement un second EP avant. On n’est pas pressés pour l’album. Je pense que c’est une étape hyper importante qui doit être réfléchie pendant longtemps.
Oscar : Il faut faire attention à sa première fois.
Marvin : On écoute Rendez-Vous! (rires). J’écoute Ariel Pink en ce moment.
Oscar : Shame. J’écoute DIIV aussi. Beaucoup et tout le temps.
Pierre : J’ai des amis qui m’envoient pas mal de sons technos tout le temps. Un label qui s’appelle Hate en particulier. Et Kate Bush.
Oscar : J’ai été voir Bohemian Raposdy du je réécoute un peu Queen. C’était un grand Freddy quand même ! (Rires des autres).
Adrien : J’écoute aussi beaucoup de cold genre Boy Arsher.
Entretien réalisé le 7 décembre 2018 à Rennes.
Long Life est disponible via Constellation Nordique.
Structures en concert :
18/05 : File7 – MAGNY-LE-HONGRE (event)
25/05 : Monitor – Festival LEIRIA (PT)
30/05 : La Bulle Café – Maison Folie Moulins/ Flow LILLE
31/05 : L’antonnoir – BESANÇON
05/06 : Portobello Rock Club – CAEN
15/06 : Biches Festival #4 – CISAI-SAINT-AUBIN
20/06 : Rockerill – CHARLEROI (BE)
23/06 : Minuit avant la Nuit – AMIENS
29/06 : Un singe en été – MAYENNE
07/07 : Mainsquare Festival – ARRAS
13/07 : Festival le Murmure du son – EU
27/07 : InterQlub – Festival LA CHAPELLE-ST-LAURENT
28/07 : Les Nuits Secrètes – AULNOYE-AYMERIES
16/08 : Château Sonic – BRENTHONNE
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